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Strasbourg, Musée d’Art Moderne. 24-IX-2005. Sébastien Béranger (né en 1977) : Crac(k). Jérôme Combier (né en 1971) : Petite obscurité. Xavier Dayer (né en 1972) : Shall I revisit these same differing fields (Sonnet XX). Renaud de Putter (né en 1967) : Eclipse Sound. Reinhard Fuchs (né en 1974) : Transkript. Ensemble Accroche Note, direction : Armand Angster.
Strasbourg, Théâtre National de Strasbourg. 24-IX-2005. Marco Stroppa (né en 1959) : Miniatures (commande d’Etat/Musica). Elliott Carter (né en 1908) : two diversions. George Benjamin (né en 1960) : Shadowslines. Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit. Pierre Boulez (né en 1925) : Première Sonate. Pierre Laurent Aimard, piano
Strasbourg, Münsterhof. 25 IX 2005. Pierre Boulez (né en 1925) : Anthèmes II. Michael Jarrell (né en 1958) : Prisme. George Benjamin (né en 1960) : Three miniatures. Bela Bartok (1881-1945) : Sonate pour violon seul. Carolin Widmann, violon.
Crédit photographique : © Guy Vivien pour Pierre Laurent Aimard, Kass Kara pour Carolin Widmann.
Festival Musica du 23-IX-2005 au 6-X-2005
En partenariat avec la FESAM – fond européen des sociétés d'auteurs pour la musique – le Festival Musica inaugure cette année les Samedis de la jeune création déclinés en deux concerts au Musée d'art moderne de Strasbourg. C'est l'ensemble strasbourgeois Accroche Note – relayé la semaine suivante par l'ensemble 2E2M – qui, ce samedi matin 24 septembre, venait défendre avec une conviction et une implication exemplaires la musique de la jeune génération.
Parmi les cinq œuvres au programme, Petite obscurité de Jérôme Combier pour quintette avec flûte, guitare, clarinette, violon et violoncelle, l'œuvre la plus personnelle et la plus aboutie de cette matinée, séduit par la finesse de sa texture microtonale et les secrets détours de son itinéraire sonore. L'œuvre s'articule autour du thème de l'Offrande musicale de J. S. Bach qui se profile « mais de manière voilée, cryptée, comme une charpente invisible ». Transkript de Reihnard Fuchs met en synergie la voix et les instruments, pour obtenir une palette vibrante et un foisonnement sonore très réussi. Si Sébastien Béranger, sollicitant une fois de plus les ressources de la flûte soliste, et Xavier Dayer se confrontant à la redoutable formation du trio avec piano ne sont guère convaincants, Renaud de Putter et ses quatre exercices de style néo-romantiques semble avoir abusé de la patience d'un auditoire qui, à Musica, a généralement la dent dure avec les esthétiques passéistes.
La journée du samedi 24 se poursuivait par le récital très attendu du pianiste Pierre-Laurent Aimard au Théâtre de Strasbourg. Son apparition, brève mais lumineuse, la veille, lors du concert d'ouverture, ne laissait qu'entrevoir la mesure de ce fabuleux interprète, ancien membre de l'Ensemble Intercontemporain et grand défenseur de la musique d'aujourd'hui. Pour débuter le concert, il donnait en création les Miniatures de Marco Stroppa qui, après une longue aventure avec l'électronique, revenait à la lutherie traditionnelle. Mettant en jeu tous les ressorts de la résonance du piano grâce à la troisième pédale, l'œuvre, d'une écriture peut-être trop sophistiquée, fut victime d'une mécanique quelque peu rebelle perturbant plusieurs fois son déroulement et frustrant l'écoute bien malmenée de l'auditeur. Après les deux divertissements polyphoniques d'Elliott Carter, Shadowlines, les six préludes en forme de canon de George Benjamin tournaient le dos à la séduction pour se nourrir de la tension créée par les lois de l'écriture. Si Pierre-Laurent Aimard avait choisi d'interpréter Gaspard de la nuit avant la première Sonate de Boulez, c'était pour mettre en regard le côté incisif, rageur – « la pointe sèche » comme nous le dit Madlener – de Ravel et le geste éruptif, les griffures de l'écriture boulézienne dont Aimard s'acquitte avec cette facilité déconcertante – presque insolente – du pianiste et concepteur surdoué.
Le concert du dimanche matin est habituellement consacré au récital d'un interprète soliste. C'est une toute jeune violoniste, Carolin Widmann, d'origine allemande, qui allait enchanter l'auditoire du Münsterhof ce dimanche 25 septembre. Carolin Widmann commence ses études de violon à la Musikhochschule de Cologne et les poursuit avec Michèle Auclair à Boston et David Takeno à Londres. Plusieurs fois lauréate des concours internationaux, elle est invitée par les festivals de Salzbourg et Lucerne et vient d'enregistrer un disque solo pour le label Telos. Elle se produisait pour la première fois à Strasbourg dans un programme très intelligemment conçu où les têtes d'affiche du festival, Boulez, Jarrell et Benjamin étaient comme adossées à l'impressionnant massif que représente la sonate pour violon seul de Bartok.
Sans démonstration virtuose, Carolin Widmann sait capter son auditoire par l'intériorité de son jeu, la beauté d'une sonorité jamais outrée et la libre respiration du geste conduit fermement mais sans nervosité. Elle dessine les contours d'Anthèmes I de Boulez comme une sorte d'esquisse intimiste qui trouvera sa dimension spatiale avec la version électronique d'Anthèmes II. Elle développe avec une puissance étonnante le processus qui, dans Prisme de Michael Jarrell, déforme les lignes à travers les différentes techniques de jeu et elle sait donner du charme, de la couleur à la berceuse et autres miniatures de George Benjamin. Mais c'est avec la Sonate de Bartok qu'elle allait créer l'événement en transcendant les difficultés techniques de l'œuvre pour mettre en lumière, dans un instant de grâce unique, la fluidité des lignes contrapuntiques qui charpentent la fugue et l'espace désolé où résonne le chant de Melodia. Un démenti certain à tous ceux qui pensent encore que cette sonate est injouable!
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Strasbourg, Musée d’Art Moderne. 24-IX-2005. Sébastien Béranger (né en 1977) : Crac(k). Jérôme Combier (né en 1971) : Petite obscurité. Xavier Dayer (né en 1972) : Shall I revisit these same differing fields (Sonnet XX). Renaud de Putter (né en 1967) : Eclipse Sound. Reinhard Fuchs (né en 1974) : Transkript. Ensemble Accroche Note, direction : Armand Angster.
Strasbourg, Théâtre National de Strasbourg. 24-IX-2005. Marco Stroppa (né en 1959) : Miniatures (commande d’Etat/Musica). Elliott Carter (né en 1908) : two diversions. George Benjamin (né en 1960) : Shadowslines. Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit. Pierre Boulez (né en 1925) : Première Sonate. Pierre Laurent Aimard, piano
Strasbourg, Münsterhof. 25 IX 2005. Pierre Boulez (né en 1925) : Anthèmes II. Michael Jarrell (né en 1958) : Prisme. George Benjamin (né en 1960) : Three miniatures. Bela Bartok (1881-1945) : Sonate pour violon seul. Carolin Widmann, violon.
Crédit photographique : © Guy Vivien pour Pierre Laurent Aimard, Kass Kara pour Carolin Widmann.