Festivals, La Scène, Musique symphonique

Musica, George Benjamin, Boulez, ou le bel aujourd’hui

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Strasbourg. Musica : Festival International des Musiques d’Aujourd’hui. 23-IX-2005 au 6-X-2005. Concert d’ouverture : George Benjamin (né en 1960) : Sudden time, Dance figures en création française (commande de Chicago/la Monnaie/Musica), Palimpsests I et II ; Pierre Boulez (né en 1925) : Notations 1, 3, 4, 7, 2. Pierre-Laurent Aimard, piano. Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden et Fribourg-en-Brisgau, direction George Benjamin.

Festival international des musiques d'aujourd'hui

Pour sa vingt-troisième édition, le dirigé par Jean Dominique Marco met en vedette, au côté d'une cinquantaine de compositeurs dessinant le paysage de la musique d'aujourd'hui, trois personnalités de la création contemporaine : le compositeur suisse – et strasbourgeois d'adoption – Michael Jarrell, l'anglais que l'on retrouvera plusieurs fois à la tête des formations instrumentales ou vocales et le doyen – non moins fertile – des créateurs, l'américain Elliott Carter (97 ans) dont Arte, partenaire de Musica, projetait en matinée le superbe film récemment réalisé. A ces trois compositeurs, présents à l'affiche pendant toute la durée du festival, il faut associer dont on fête cette année les 80 ans s'il est encore le temps de le préciser.

Lors du premier week-end particulièrement intense – pas moins de sept concerts essaimés dans toute la ville – Musica accueillait trois grandes formations, l'orchestre du SWR Baden-Baden / Fribourg, l'Ensemble Intercontemporain et l'Orchestre National de Strasbourg qui avait cette année sa place, bien légitime, dans la programmation.

, l'éternel « enfant prodige » qui fut à seize ans l'élève d'Olivier Messiaen, était mis en lumière dans le concert d'ouverture, traditionnellement donné dans la vaste salle Erasme du Palais de la musique de Strasbourg. A la tête de l'orchestre allemand, le compositeur venait défendre sa musique et celle de dont on pressent les secrètes affinités. Lorsqu'on allie, comme Benjamin, des qualités exceptionnelles de chef – clarté du geste, précision rythmique et intelligence de la forme – à une telle maîtrise de l'écriture, on assiste, comme ce soir, à la révélation d'un univers sonore inouï que Benjamin va décliner en trois paysages toujours différenciés. Sudden time est une partition qu'il met neuf ans à concevoir. Le compositeur propose un rapport au temps très original, « l'image d'un vol libre qui se dissipe en tourbillons pour se reconstituer aussitôt ». Dans un langage extrêmement concis sollicitant une palette de couleurs étonnante – un quatuor de flûtes au premier plan de l'orchestre par exemple – sculpte la matière sonore en orfèvre exigeant et minutieux. Dances Figures est une œuvre plus récente destinées à une future chorégraphie d'Anna Teresa de Keersmaker qui fait valoir, à travers ses neuf pièces brèves, l'inventivité de l'écriture, la plasticité des formes et la subtilité des alliages sonores qu'autorise seule une oreille infaillible. Pour Palimpsest I – commandé et créé par pour son soixante-quinzième anniversaire – et Palimpsest II, George Benjamin remodèle son ensemble orchestral auquel il soustrait les hautbois, bassons et violoncelles. Avec ses reliefs abrupts et ses fulgurances capricieuses, l'œuvre fait appel à l'arsenal des techniques canoniques dont Benjamin sait jouer avec maestria : « pour moi, l'invention musicale doit avoir une sorte de spontanéité fantastique en surface, même si cela repose sur des conceptions strictes », lit-on dans la brochure du programme conçue par Frank Madlener, nouvellement appelé à la direction de l'IRCAM et qui présentera chaque concert de ce festival avec une égale force de conviction dans le propos.

Les cinq Notations de Boulez – 1, 3, 4, 7, 2 – choisies par Benjamin pour terminer le concert étaient d'abord jouées au piano – première version de 1945 – par Pierre Laurent Aimard qui en dessinait l'épure. Puis immédiatement entendues dans leur version orchestrale (1980-1997), on pouvait mesurer la projection visionnaire au terme d'une expérience auditive privilégiée que Benjamin régla avec un tact souverain.

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Strasbourg. Musica : Festival International des Musiques d’Aujourd’hui. 23-IX-2005 au 6-X-2005. Concert d’ouverture : George Benjamin (né en 1960) : Sudden time, Dance figures en création française (commande de Chicago/la Monnaie/Musica), Palimpsests I et II ; Pierre Boulez (né en 1925) : Notations 1, 3, 4, 7, 2. Pierre-Laurent Aimard, piano. Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden et Fribourg-en-Brisgau, direction George Benjamin.

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