Une création pour débuter la saison de l’Orchestre National de Lille
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Roubaix, Centre des archives du monde du travail. 08-IX-2005. Christophe Looten (né en 1958) : Sind Blitze, sind Donner (création mondiale) ; Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto pour violoncelle n°1 en la mineur opus 33 ; Félix Mendelssohn (1809-1847) : Symphonie n°4 en la majeur opus 90 « Italienne ». Laetitia Himo, violoncelle. Orchestre National de Lille, direction : Jérémie Rhorer.
C'était ce jeudi la rentrée de l'ONL dans ce concert célébrant le soixantième anniversaire du Secours Populaire Français dans un lieu symbolique, le Centre des archives du monde du travail. Le jeune Jérémie Rhorer faisait ses débuts ce soir à la tête de l'ONL, ancien assistant de William Christie et de Marc Minkowski, il connaît un début de carrière enviable, ayant déjà notamment dirigé Hercules dans la production de Luc Bondy à Vienne, et la Flûte Enchantée au Teatro Real de Madrid.
Le concert est coproduit par l'association Musiques Nouvelles en Liberté, et propose en ouverture la création d'une œuvre du compositeur nordiste Christophe Looten : Sind Blitze, sind Donner. Avec Addio (mort de l'Art), Threni (mort de l'innocence) et Stabat Mater (mort de Dieu), Sind Blitze, sind Donner (dont le titre est extrait d'un choral de la Passion selon St Matthieu de Bach) forme un cycle sur le thème de la mort, en évoquant cette fois la Fin du Monde. Dans son texte de présentation, le compositeur explique qu'il s'est inspiré d'extraits de l'Apocalypse et de l'antique Chant de la Sibille, qui proclame en résumé que la Terre se venge en provoquant la colère des Eléments lorsque l'Homme ne l'écoute plus. La musique est d'une grande simplicité thématique et architecturale, reposant sur l'interruption de plages citant le choral de Bach par des passages violemment rythmés et dramatiques, évoquant la fureur des éléments. L'orchestration est à la fois riche et subtile, d'une grande clarté, se basant sur des interventions virtuoses des percussions et sur des traits des bois qui souvent font penser à des éclairs. Voilà donc une œuvre puissante et inspirée, qui sonne avec beaucoup d'acuité en ces temps où les catastrophes naturelles se succèdent à un rythme inquiétant, et on aimerait entendre le cycle complet de Looten en un seul concert.
Deuxième œuvre au programme, le premier concerto pour violoncelle de Saint-Saëns dans une interprétation à la virtuosité impressionnante, mais un peu extérieure, de la violoncelliste Laetitia Himo, dont le jeu vigoureux et expressif manque parfois d'élégance et de subtilité, comme l'accompagnement du chef, engagé, mais un peu pesant.
Pour conclure la soirée, une Symphonie « italienne » assez peu enthousiasmante, dans laquelle Jérémie Rhorer démontre un beau tempérament de chef, énergique et enflammé, mais sans parvenir à canaliser sa fougue, qui a tendance à se transformer en agitation stérile et brutale. Pour être équitable avec le chef, il faut admettre que l'ONL a déjà mieux joué, confronté à une acoustique ingrate, noyant les vents et les cuivres, et donnant aux cordes un son métallique et sec très désagréable. Le dernier mouvement est le plus réussi, pris dans un tempo implacable et furieux, il souffre moins que les trois premiers du manque de beauté sonore dû à l'acoustique des lieux. Il est dommage que Jérémie Rhorer ait été confronté à ces conditions lors de son premier concert avec l'ONL, nous espérons avoir l'occasion de l'entendre dans un lieu plus adéquat à l'avenir.
Crédit photographique : DR
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Roubaix, Centre des archives du monde du travail. 08-IX-2005. Christophe Looten (né en 1958) : Sind Blitze, sind Donner (création mondiale) ; Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto pour violoncelle n°1 en la mineur opus 33 ; Félix Mendelssohn (1809-1847) : Symphonie n°4 en la majeur opus 90 « Italienne ». Laetitia Himo, violoncelle. Orchestre National de Lille, direction : Jérémie Rhorer.