Artistes, Auteurs, Portraits

Paul Claudel (1868-1955)

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Originaire d'une famille bourgeoise de Champagne, fait sa scolarité à Bar-le-Duc puis dès 1882 au lycée Louis-le-Grand à Paris, où le foyer familial s'installe, entraîné par sa fantasque sœur Camille qui travaille à l'atelier de sculpture de Colarossi.

Durant ses études il côtoie Marcel Schwob et surtout qui lui fait découvrir le milieu musical. Il lit avec passion les écrits d'Arthur Rimbaud (les Illuminations, une Saison en enfer) et commence lui-même à créer et à rêver d'une symbiose des arts que seul Wagner avait réussi à approcher. Sa foi de plus en plus grandissante le pousse, un soir de messe de Noël à Notre-Dame de Paris à une conversion définitive au catholicisme, en cachette de sa famille, peu encline à la religion. Après avoir fait son droit et un passage à Sciences-Po (et la publication de Tête d'Or) réussit le concours du Ministère des Affaires Etrangères en 1892 et est nommé quelques mois plus tard vice-consul aux Etats-Unis. Ses fonctions ne l'empêchent pas de commencer une traduction de l'Orestie d'Eschyle, ni d'écrire l'Echange. En 1894 il est muté à Shanghai après un passage à Paris, consacré surtout à la rédaction de poèmes (Connaissance de l'Est) et d'œuvres dramatiques (le Repos du 7ème jour). Il ne revient en France qu'en 1900 après avoir beaucoup voyagé – et assisté à un Messe de la Nativité à Bethléem. profite de son séjour hexagonal pour faire éditer ses nombreux écrits, puis se retire dans les abbayes de Solesmes et Ligugé où il débute son essai l'Art Poétique.

Les années suivantes sont d'incessants allers-retours entre la France et la Chine. Il ne cesse d'écrire et de publier (du Développement de l'Eglise, Connaissance du Temps, Vers d'exil, le Partage de Midi, Cinq Grandes Odes, …), et se marie à Reine Sainte-Marie-Perrin. En 1909 retour en Europe, il est nommé consul de France à Prague, puis en 1911 à Francfort, ville où se développent l'Annonce faite à Marie, l'Otage, le Chemin de la Croix et les traductions de Coventry Patmore. En 1912 le directeur de théâtre Lugné-Pœ songe à monter la traduction de Claudel d'Agamemnon d'Eschyle. Une rencontre avec Darius Milhaud la même année –dont il fit son secrétaire particulier plus tard- le convainc d'ajouter une musique de scène et de terminer ses versions des Choréphores et des Euménides. Néanmoins l'Orestie ne sera crée en intégralité qu'en 1963. Entre temps il fait interner sa sœur Camille.

Le Premier conflit mondial le fait rapatrier d'office en France, où il s'occupe des créations scéniques de ses œuvres théâtrales et où il écrit les recueils Poèmes de Guerre et Feuilles de Saintes. En 1916 il est nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro puis en 1921 ambassadeur de France à Tokyo. Entre le Brésil, le Japon et un voyage chaotique de plusieurs mois entre la Martinique, New-York et la France il trouve le temps d'achever l'argument du ballet de Darius Milhaud l'Homme et son Désir (créé à Paris en 1921) et sa grande œuvre dramatique le Soulier de satin (dont une partie fut perdue lors du tremblement de terre de Tokyo en 1923). L'année 1925 marque une pause dans ses activités diplomatiques. Son œuvre littéraire rencontre un succès grandissant, et Claudel part la défendre à l'occasion de diverses conférences en Europe. Infatigable voyageur et insatiable curieux, il fait découvrir à son auditoire l'art de la poétique japonaise. La mise au point du cinématographe l'influence au point de repenser sa dramaturgie dans le Livre de Christophe Colomb (commande de la compagnie Renaud-Barrault, musique de scène de Darius Milhaud) : le héros n'est plus acteur de son destin, il est vieux et le voit défiler sous ses yeux, en le commentant. Un procédé repris plus tard pour Jeanne d'Arc au Bûcher.

En 1927 il repart pour les Etats-Unis où il négocie la dette française consécutive à la « Grande Guerre ». Ces incessantes allées et venues en France sont surtout destinées à la publication de ses œuvres poétiques et d'articles divers ainsi qu'à la création de l'oratorio-pantomime Sous les remparts d'Athènes (musique de Germaine Tailleferre). En 1933 il accède à son dernier poste de diplomate en tant qu'ambassadeur de France à Bruxelles. Ida Rubinstein lui commande alors la Sagesse, un oratorio dramatique qui est aussi l'occasion d'un nouveau travail avec Darius Milhaud. En 1934 la danseuse-comédienne russe lui demande une pièce de théâtre sur Jeanne d'Arc, proposition refusée puis acceptée et honorée en des temps records, sur une musique d'Arthur Honegger. Cette première collaboration se poursuivit avec la Danse des Morts (1938) et un projet inabouti de Cantate de Pâques. Ida Rubinstein, toujours elle, profite de la retraite de Claudel en 1936 pour lui passer commande –avec Darius Milhaud pour la musique- de l'Histoire de Tobie et de Sara, qui ne fut créée qu'en 1953. Leur première œuvre commune, les Choéphores, sont représentées au Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles. Les années suivantes sont essentiellement consacrées à l'écriture : Cantate de la Paix, Cantate des deux Cités, Salut à Francis James, Souvenirs de Pékin, un Poète regarde la Croix, … ainsi qu'à une série d'exégèses sur la Bible. En 1939 il est nommé Docteur Honoris Causa à Cambridge.

Durant la Seconde Guerre Mondiale il vit replié dans sa propriété de Brangues où il invite régulièrement Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, qui montent en 1943 une version « réduite » du Soulier de Satin. En 1946, sans avoir fait acte de candidature, il est élu à l'Académie Française, où il joue un rôle de trublion en ne faisant aucune des visites protocolaire et en déclarant un jour de vote académique pour désigner un nouveau membre : « Mais c'est très amusant, ces élections : on devrait en faire plus souvent ! ». En 1947 il est Docteur Honoris Causa de l'université de Louvain-la-Neuve, puis Grand Officier de la Légion d'Honneur en 1951. La fin de sa vie est essentiellement consacrée à des entretiens, des conférences et la réécriture d'une partie de son œuvre. Paul Claudel s'éteint à Paris le 23 février 1955, 9 mois avant Arthur Honegger. Le Soulier de Satin dut attendre 1980 pour être créé en son intégralité.

Site Internet de la Société Paul-Claudel : http : //www. paul-claudel. net

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