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Le chant de la terre revisité et instrumenté par Schönberg

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Bruxelles. Flagey. 31-VIII-2005. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Alto : Magriet Van Reisen ; Ténor : André Post ; Ensemble Oxalys.

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Ce soir, l' (lire notre entretien avec Toot Fret) nous convie pour l'enregistrement « live » de son prochain disque compact, sur lequel nous retrouverons la version de Le chant de la terre de Mahler pour orchestre de chambre. Cette transcription est l'œuvre d'Arnold Schönberg, finalisée en 1983 par Riehn. Si on se réfère à une lettre adressée à Bruno Walter, cette composition date de 1908 et marque un tournant tragique dans la vie du compositeur. Après la perte de sa fille aînée, son congé peu réjouissant de son poste de directeur de l'Opéra de Vienne, et le diagnostic d'une maladie incurable, Mahler décida de mettre en musique des textes chinois datant du VIIIe siècle, « Die chinesische Flöte »(« la flûte chinoise »), traduits par Hans Bethge. Cette œuvre est incontestablement un adieu déchirant à la vie, un adieu d'amour et non pas d'amertume. A l'heure actuelle, nous sommes tous habitués à la perfection artificielle d'un enregistrement de studio, bien souvent au détriment de la musique et de l'atmosphère du concert. Oxalys a opté pour un enregistrement en direct, avec tous les risques que cela comporte. Espérons que cette initiative soit suivie par d'autres musiciens. La programmation d'une œuvre telle que Le chant de la terre est un pari difficile ; la tentation est toujours grande, pour les auditeurs, de se référer à la version de référence de Kathleen Ferrier et Bruno Walter. Oxalys pousse le challenge encore plus loin en nous proposant cette version très intimiste par sa formation, des couleurs très différentes, et l'absence de la puissance de l'orchestre symphonique que nous connaissons bien chez Mahler. Rappelons que cette orchestration requiert un des effectifs les plus restreints que Mahler ait jamais utilisé dans une symphonie, tout en étant plus riche que la plupart de ses lieder avec orchestre. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'instrumentation est très intéressante ; et ce n'est que dans le premier lied « Das Trinklied von Jammer der Erde» que l'absence de l'orchestre symphonique nous heurte le plus. André Post entame avec brio ce premier lied, même si on le sent parfois un peu en retrait par rapport aux instruments.

Le second lied « Der Einsame im Herbst » est une pure merveille d'instrumentation. Il illustre avec précision toute l'atmosphère de l'un des plus beaux passages de l'œuvre. L'hautboïste Karel Schoofs nous charme avec sa sonorité de velours, sa justesse irréprochable et son contrôle des notes aiguës, qui nous pincent bien souvent les oreilles. Il nous propose un des plus beaux moments du concert avec de magnifiques solos, auxquels s'ajoutent, avec la plus grande délicatesse et le plus grand raffinement, les autres vents pour recréer cette atmosphère d'un soir d'automne. Magriet Van Reisen prolonge très bien l'atmosphère automnale, avec un timbre de voix très chaleureux, un vibrato bien contrôlé, ainsi qu'une belle musicalité qui nous émeut et nous plonge dans la nostalgie. Le tempo des lieder suivants est rapide, les articulations sont précises et les vents nous démontrent leur très grande maîtrise technique. Contrairement au début du concert, André Post se sent beaucoup plus à l'aise, et s'impose sans difficulté – et sans devoir forcer la voix, comme nous l'avons un peu ressenti en début de concert. Pour « Der Abschied », on regrette que l'atmosphère intimiste, créée par des nuances piano très contrôlées, soit parfois perturbée par quelques interventions un peu trop brutales de la soliste. Au terme de ces minutes de profonde tendresse, le public reste sous le choc de la musique et ce n'est qu'après de nombreuses secondes que de timides applaudissements viennent inonder le Studio 4 de Flagey. Espérons que cette atmosphère rare sera présente dans l'enregistrement.

Il est un peu dommage que la prestation scénique de Magriet Van Reisen, même si elle a une importance limitée, ne soit pas des plus esthétiques. Elle se dandine de gauche à droite avec, parfois, un air suppliant qui convient mieux à une madone de Botticelli qu'à cette musique. Cette version n'enthousiasmera pas les fanatiques admirateurs ou puristes ; mais elle a le mérite de donner une tout autre dimension à l'œuvre, et la possibilité aux solistes d'exploiter une très grande gamme de nuances, sans jamais devoir forcer la voix, et en gardant un timbre homogène et doux ; chose beaucoup plus difficile à reproduire lorsqu'elle est interprétée avec orchestre symphonique.

Crédit photographique : © DR

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Bruxelles. Flagey. 31-VIII-2005. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Alto : Magriet Van Reisen ; Ténor : André Post ; Ensemble Oxalys.

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