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Des désagréments des concerts en plein air

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Festival coté cour / coté jardin

Mons, Cour du Conservatoire. 24-VI-2005. Eduard Grieg (1843-1907) : Suite Holberg « dans le style ancien » opus 40. Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Romance pour violon et orchestre en fa majeur opus 40. (1913-1976) : Simple symphony pour orchestre à cordes opus 4 ; Camille Saint Saëns (1835-1921) : Introduction et rondo capriccioso opus 28 (arrangement : ). Alissa Margulis, violon. , direction : Arie Van Lysebeth.

Mons, Cour du Conservatoire. 26-VI-2005. Leon Boëllman (1862-1897) : Suite gothique. Vladislav Solotarev (1942-1975) : Rhapsodie Espagnole. (1685-1750) : Sinfonia en ré mineur. Astor Piazzola (1921-1992) : Ave Maria ; La Fortezza dei grandi perché ; Nenaometro ; Oblivion ; Tanguedia. (né en 1950) Tango pour Claude. Cédric Coupez, Séverine Van Cranenbrœck : accordéon ; Olivier Besson : saxophone.

Le festival Côté cour/Côté jardin en est à sa deuxième édition cette année. Née de la collaboration entre les deux principales institutions musicales montoises : l' (ORCW) et le Conservatoire Royal de Mons, la manifestation s'est élargie à l'Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie de Namur et à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Un gros effort a été fait par les organisateurs pour attirer un public nombreux : les places sont très bon marché (de 3 à 5€), l'horaire (de 18 à 19h) permet de ne pas avoir à mobiliser toute sa soirée, et les programmes sont courts mais variés. Le but du festival est de permettre à de jeunes instrumentistes, solistes et musiciens du rang, de se confronter au public et aux exigences de la vie musicale professionnelle qui les attend, en participant à des concerts de haut niveau. Pour ce concert d'ouverture du festival, on aperçoit donc les visages de musiciens fraîchement diplômés du Conservatoire de Mons parmi les instrumentistes de l'ORCW. Pour les diriger, une figure bien connue des mélomanes belges : Arie Van Lysebeth, dont la fonction de président du jury du Concours Reine Elisabeth, qu'il occupe depuis de nombreuses années, fait parfois oublier qu'il est avant tout un musicien de haut niveau, d'abord bassoniste d'orchestre, avant d'étudier la direction d'orchestre avec entre autres et Pierre Boulez.

Il est difficile de donner un avis sur l'œuvre d'ouverture de ce concert, la suite Holberg de Grieg, tant les conditions ont été difficiles : on est en plein air, un vent chaud et tourbillonnant fait voler les partitions mal fixées aux pupitres, et la cour du conservatoire se trouve à quelques mètres d'une rue dans laquelle passent de nombreuses voitures et motos qui font tourner leur moteur à bas régime. Les conditions s'améliorent par la suite : les musiciens ont pris la mesure du vent, ils ont bien attaché leurs partitions, et mieux concentré, l'auditeur n'accorde plus trop d'attention aux bruits de la ville. D'origine russe, Alissa Margulis est née à Fribourg en 1981, ancienne élève de , elle étudie depuis octobre 2004 avec à la Chapelle musicale Reine Elisabeth. Dans la Romance en Fa majeur de Beethoven, elle semble particulièrement nerveuse et livre une interprétation scolaire et grinçante de la musique de Beethoven, commettant beaucoup d'imprécisions et de fautes d'archet. Son bras droit semble peu sûr et ses phrasés sont ampoulés et grandiloquents. A oublier au plus vite.

On retrouve l'orchestre seul dans la délicieuse Simple symphony de Britten dont Arie Van Lysebeth donne une interprétation réfléchie et expressive, creusant la partition pour aller au delà de la joliesse un peu facile de cette œuvre qui pastiche les suites de danses du XVIIIe siècle. Le premier mouvement est finement travaillé, avec beaucoup de rebond rythmique et des phrasés subtils. Les pizzicati du deuxième mouvement font toujours leur effet, on entend même un auditeur murmurer « Ah, ça c'est beau », ils sont rendus avec grâce et souplesse par l'orchestre, avant une sentimental saraband vibrante et expressive, assez sombre, avec des violons faisant preuve de beaucoup de tendresse et de magnifiques solos de violoncelle, et un final roboratif.

Alissa Margulis revient ensuite dans l'adaptation pour orchestre à cordes par de l'Introduction et rondo capriccioso de Saint Saëns. Elle s'y montre bien plus à l'aise que dans la romance de Beethoven, livrant une interprétation à la virtuosité bien affirmée, malgré quelques approximations dans l'intonation, et aux phrasés expressifs et élégants. L'ORCW l'accompagne avec précision et délicatesse, ses chefs d'attaque réussissent un superbe passage juste avant la coda, lorsque le thème est repris à tour de rôle par les solistes.

On retrouve la Cour du Conservatoire de Mons deux jours plus tard pour le troisième concert du festival, qui propose un aventureux programme mis au point par l'accordéoniste Cédric Coupez. Celui-ci est malgré son jeune âge une figure connue dans le monde du jazz, mais aussi dans le domaine classique, il a par exemple participé à la reprise des Trois sœurs de Peter Eötvös à La Monnaie. Bien que sa carrière soit déjà bien lancée, il a tenu à terminer ses études au conservatoire.

L'accordéon pâtit auprès des mélomanes de son image « Bal musette – Yvette Horner », c'est pourtant un instrument aux possibilités expressives et sonores très riches, qui mériterait d'être plus souvent entendu dans les concert de musique « sérieuse ». Cédric Coupez nous le montre dans les deux premières pièces de ce concert : une transcription de la rigoureuse Suite gothique de l'organiste Léon Boëllman, puis la Rhapsodie espagnole de Solotarev, une œuvre exploitant tout le potentiel sonore de l'instrument, mais une musique verbeuse, aux développements interminables. Quel soulagement d'entendre ensuite la concision et la rigueur de Bach dans une transcription de sinfonia pour deux accordéons, Séverine Van Cranenbrœck venant rejoindre son partenaire de conservatoire.

La seconde partie est consacrée au tango, avec des musiques d'Astor Piazzola et de Richard Galiano, duos entre le saxophone à la sonorité fine et claire de l'excellent Olivier Besson et l'accordéon virtuose de Cédric Coupez. Une musique légère à la mélancolie tendre et prenante, agréable moment qui permet de finir en beauté ce premier week-end du Festival Côté cour/ Côté jardin.

 

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