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Michel Michalakakos, Noblesse et pudeur de l’alto

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Henri Casadesus (1879-1947) : concerto pour alto et orchestre « d’après Jean-Chrétien Bach » en ut mineur ; concerto pour alto et orchestre « d’après Georg Friedrich Haendel » en si mineur ; Franz Anton Hoffmeister (1754-1812) : concerto pour alto et orchestre en ré majeur ; Carl Stamitz (1745-1801)  : concerto pour alto et orchestre en ré majeur. Michel Michalakakos, alto. Orchestre de chambre Saint-Christophe de Vilnius, direction : Donatas Katkus. 1 CD EA records. Réf. : 0501. Enregistré à Vilnius (Lituanie) en 2004. DDD. Notice quadrilingue. Durée : 76’11’’

 

L'alto demeure encore de nos jours un instrument marginal, sans doute happé par la popularité de ses confrères du quatuor à cordes. Malgré les déplorations

d'Hector Berlioz en 1848, la classe d'alto du Conservatoire de Paris n'a été créée qu'en 1894, 99 ans après celles de violon et de violoncelle… Si l'on connait Yuri

Bashmet, si l'on aime les deux sonates de Brahms ou le concerto de Bartok, tout

mélomane n'est pas familier des Concertstücke de Firket ou d'Enesco… Depuis William Primrose et Paul Hindemith de plus en plus d'altistes mènent une carrière de virtuoses : Gérard Caussé, Jean Sullem, Kim Kashkashian, Tabea Zimmermann, … Michel Michalakakos est de l'un d'eux. Professeur au CNSM de Paris ainsi qu'au CNR de Boulogne-Billancourt, il mène parallèlement à ses responsabilités pédagogiques une carrière loin de toute médiatisation éclatante. C'est un musicien néanmoins étonnant que ce disque permet de découvrir, ne serait-ce tout d'abord par un choix de programme inattendu. En dépit de la minceur du répertoire pour alto et orchestre, des œuvres restent dans l'ombre et sont encore à découvrir, comme les concertos de Casadesus.

Cofondateur de la « Société des Instruments Anciens » avec Camille Saint-Saens, peut être considéré comme l'un des pionniers de l'interprétation sur instruments d'époque. Ses deux concertos pour alto s'inspirent du pré-classicisme, et seuls quelques détails anachroniques viennent trahir leur date de composition (présence d'harmoniques et de la sourdine). Les styles revisités de Haendel et de Jean-Chrétien Bach sont ici voilés d'un soupçon de nostalgie romantique. Plus joués que ceux de Casadesus, inscrits au répertoire de nombreux altistes, les concertos de Hoffmeister et de Stamitz alternent passages orchestraux et traits de virtuosité du soliste selon une conception bien classique.

Utilisant un Gasparo de Salo de 1560, le jeu de Michalakakos s'émancipe de tout épanchement romantique, usant parcimonieusement du vibrato et de tout rubato déplacé. Technique d'archet remarquable, justesse irréprochable, une main gauche parfaitement déliée : tout est là pour laisser le texte parler de lui-même et dépoussiérer l'interprétation. Le contrepoint mélodique des œuvres de Casadesus coule avec facilité et naturel, les mouvement lents gagnent en sincérité et profondeur. L'orchestre de chambre de Vilnius se fait discret et précis sous la baguette de Donatas Katkus, et confère une grande cohérence à l'ensemble.

L'enregistrement défend parallèlement l'instrument. Si l'alto n'a pas la brillance du violon, s'il n'a pas l'ampleur sonore du violoncelle ni la rondeur de ses graves, il jouit d'une tessiture qui donne une grande puissance expressive aux extrêmes. Les aigus forcées, les graves parfois timides ne sont que des couleurs imparfaites mais belles : on sent parfois chez l'alto une volonté de surpasser ses limites intrinsèques, alors que ce sont ces « handicaps » qui le rendent touchant et unique. Puisse ce présent enregistrement contribuer à améliorer les connaissances d'un répertoire bien peu défendu.

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Henri Casadesus (1879-1947) : concerto pour alto et orchestre « d’après Jean-Chrétien Bach » en ut mineur ; concerto pour alto et orchestre « d’après Georg Friedrich Haendel » en si mineur ; Franz Anton Hoffmeister (1754-1812) : concerto pour alto et orchestre en ré majeur ; Carl Stamitz (1745-1801)  : concerto pour alto et orchestre en ré majeur. Michel Michalakakos, alto. Orchestre de chambre Saint-Christophe de Vilnius, direction : Donatas Katkus. 1 CD EA records. Réf. : 0501. Enregistré à Vilnius (Lituanie) en 2004. DDD. Notice quadrilingue. Durée : 76’11’’

 
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