Concerts, La Scène, Musique de chambre et récital

Thomas Quasthoff et Gottfried von der Goltz

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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 14-III-2005. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1789)  : Don Giovanni KV 527, ouverture et air « Madamina, il catalogo e questo » ; Idomeneo re di Creta KV 366, marche des prêtres ; « Così dunque tradisci…Aspri rimorsi atroci » KV 432 ; Thamos, König in Ägypten KV 345, Zwischenaktmusik n°5 ; Symphonie n°31 en ré majeur KV 297 « Paris » ; « Per questa bella mano » KV 612 ; Haffner-Serenade KV 250, Andante n°6 ; « Mentre ti lascio, o figlia » KV 513. Thomas Quasthoff, baryton-basse ; Freiburger Barockorchester, konzertmeister : Gottfried von der Goltz.

Etape bruxelloise d'une tournée conjointe de l'Orchestre baroque de Fribourg et du baryton-basse , qui présentaient un programme cent pour cent Mozart faisant la part belle à des œuvres qui n'encombrent pas les programmes des concerts comme cette brillante symphonie n°31 « Paris » ou bien encore comme la majorité des airs retenus par Quasthoff. Ce programme original pose cependant question, car quel est l'intérêt de jouer une marche d'Idomeneo ou un court extrait de la musique de scène de Thamos, ou bien encore un mouvement de sérénade? Ces pièces trop brèves, extraites de leur contexte, ont plus l'air de faire office de bouche-trous que d'être programmées pour des nécessités artistiques impérieuses.

Le Freiburger Barockorchester joue sans chef comme à son habitude, et voir un orchestre de 40 musiciens suivre uniquement le konzertmeister est toujours un spectacle impressionnant, d'autant plus que l'orchestre joue fort bien, sans décalages et ni imprécisions. La sonorité est pleine et ardente chez tous les pupitres, mais il faut parfois tendre l'oreille pour entendre les instruments à vent, que les cordes ont tendance à noyer en jouant trop fort, situation assez cocasse, car l'une des avancées décisives des musiciens du mouvement d'interprétation sur instruments anciens a justement été la meilleure mise en valeur des vents, provoquée par la diminution du nombre des cordes. La présence d'un chef aurait peut-être évité ce genre de désagréments.

Côté interprétation, des questions se posent également, car l'orchestre semble disputer une course de vitesse, jouant très vite et très fort un programme finalement très court. Les allegros sont militaires, les mouvements lents ne traînent pas, difficile de reprendre son souffle lorsque les Fribourgeois se lancent à l'assaut de Mozart! De ce festival d'attaques abruptes et de phrasés cinglants se détache heureusement l'Andante de la symphonie n°31 KV 297, idéalement poétique, à la ligne pure et douce. L'orchestre se montre bien meilleur dans l'accompagnement des airs car il suit le chanteur sans chercher à imposer ses vues un peu caricaturales.

Avec , toute la palette du très grand chanteur y passe, legato, contrôle du souffle, émission, projection, tout semble facile et parfait. La voix est très large, il est aussi à l'aise dans ses aigus, percutants et brillants, que dans ses graves sonores et colorés. Le timbre est riche et chaleureux mais, infime réserve, semble parfois un rien plébéien. Autre reproche minime, et encore, il n'y peut pas grand'chose, son italien est celui d'un allemand, il n'est pas tout à fait libre et sonne un peu guttural. Pour le reste, que des éloges, il fait de chacun de ses airs un petit bijou de théâtre et un moment de grand bonheur vocal.

En conclusion de ce trop court concert, salué avec ferveur par le nombreux et attentif public bruxellois, l'air de Sarastro « In diesen heil'gen Hallen » superlatif, le plus beau qu'il nous ait été donné d'entendre, fervent et intérieur, sans effets, sans esbroufe, d'une grande noblesse de ton et de timbre, preuve que c'est l'italien de qui pose de légers problèmes, et pas sa voix qui est encore plus belle dans sa langue maternelle. On quitte le concert heureux de savoir qu'il reviendra la saison prochaine à Bruxelles dans un récital en duo avec Angelika Kirchschlager.

Crédit photographique : © Peter Klanneberger

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Bruxelles. Palais des Beaux-Arts. 14-III-2005. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1789)  : Don Giovanni KV 527, ouverture et air « Madamina, il catalogo e questo » ; Idomeneo re di Creta KV 366, marche des prêtres ; « Così dunque tradisci…Aspri rimorsi atroci » KV 432 ; Thamos, König in Ägypten KV 345, Zwischenaktmusik n°5 ; Symphonie n°31 en ré majeur KV 297 « Paris » ; « Per questa bella mano » KV 612 ; Haffner-Serenade KV 250, Andante n°6 ; « Mentre ti lascio, o figlia » KV 513. Thomas Quasthoff, baryton-basse ; Freiburger Barockorchester, konzertmeister : Gottfried von der Goltz.

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