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Liège. Théâtre royal. 18-II-2005. LLeoš Janáček : (1854-1928) Jenufa, opéra en trois actes musique et livret du compositeur d’après Jeji Pastorkyna de Gabriela Preissova. Mise en scène : Friedrich Meyer-Œrtel. Décors et costumes : Heidrun Schmelzer. Lumières : Hanns Haas. Anec : Helena Kaupova, Jenufa ; Martine Surais, Kostelnicka ; Mady Urbain, Buryja ; Natacha Kowalski, Karolka ; Sophie Haudebourg, Jano ; Julie Mossay, Barena ; Christine Solhosse, Rychtarka ; Laura Balidemaj, Pastuchyna ; Kathy Massart, la Tante ; Paulette Bauer, une Villageoise ; Gary Rideout, Laca Klemen ; James McLean, Steva Buryja ; Léonard Graus, Starek ; Patrick Delcour, Rychtar ; Marc Tissons, un Villageois. Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie (chef des chœurs : Edouard Rasquin), orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie, direction : Friedrich Pleyer.
L'Opéra Royal de Wallonie fête en ce moment, avec un peu de retard, le jubilé Leos Janacek en reprenant une belle production de Jenufa créée en 1999. De la distribution réunie, on attendait beaucoup de Barbara Haveman, habituée de la scène principautaire, et qui avait été remarquable dans le rôle-titre à Toulouse en début de saison.
La soprano néerlandaise ayant déclaré forfait il y a quelques semaines pour cause de maternité, a été remplacée par la tchèque Helena Kaupova, habituée du rôle qu'elle a chanté sur de nombreuses scènes notamment à Brno, où eut lieu la création de l'œuvre en 1904. Mémorable de bout en bout, sa prestation restera, avec le Don Giovanni de Ludovic Tézier et le Fra Melitone de Lionel Lhote, parmi les joyaux vocaux de cette première moitié de saison liégeoise. Belle voix, pas extrêmement puissante mais très bien projetée, elle charme surtout grâce au velours de son médium et aux nuances qu'elle sait donner à sa ligne de chant. Ses aigus, jamais stridents, font merveille et c'est avec une grâce infinie qu'elle chantera sa prière à Marie dans le deuxième acte.
C'est le ténor canadien Gary Rideout, wagnérien réputé dans le monde anglo-saxon et Siegfried de Gergiev au Marinski, qui chante Laca. Gros garçon un peu pataud au premier acte, il se métamorphose au fil de la soirée en un véritable adulte, et se montre totalement convaincant au troisième acte lorsqu'il tient en respect la foule qui veut lyncher sa fiancée. Ténor de format héroïque, il peine un peu dans le premier acte mais se rattrape glorieusement par la suite car il se montre très à l'aise lorsqu'il peut déployer sa grande voix. Excellente idée dans cette distribution : avoir confié le rôle de Kostelnicka non pas à une vieille gloire en plein délabrement vocal, mais à une chanteuse en pleine maturité qui plutôt que de hurler sa partie est encore capable de la chanter, ce que Martine Surais fait fort bien malgré un vibrato un peu envahissant par moment. Sans connaître de difficulté vocale majeure, James McLean (Steva) compose un personnage de jeune coq peu sympathique dès son entrée en scène, caractère souligné par un timbre sans grande séduction.
Les petits rôles, comme souvent à Liège, sont tous très bons, Léonard Graus et Mady Urbain en pleine forme, Sophie Haudebourg et Julie Mossay aux aigus éclatants, Natacha Kowalski (qu'on aimerait beaucoup entendre dans un rôle plus substantiel, un récent concert à Mons ayant montré qu'elle est désormais prête à occuper le haut de l'affiche), Patrick Delcour, Christine Solhosse, tous se sont montrés à la hauteur de leur tâche.
A la tête d'un orchestre de l'ORW en pleine forme, et qu'il fait sonner presque comme un ensemble tchèque, le chef Friedrich Pleyer, grand connaisseur de la partition, se montre un excellent inspirateur pour son plateau, qu'il enveloppe amoureusement dans un très beau tissu orchestral, tout en laissant ses chanteurs respirer, il réussit à merveille des finales d'acte grandioses et lyriques (le troisième surtout). Les chœurs préparés par Edouard Rasquin se montrent eux aussi particulièrement impliqués et séduisants. Le metteur en scène Friedrich Meyer-Œrtel ose le pari de la simplicité, dans le beau et reposant décor unique imaginé par Heidrun Schmelzer, un sol bosselé qui évoque à la fois un champ de blé au I, et grâce au toit, l'intérieur d'une maison au II (le moins réussi à cause du sol irrégulier) et une grange accueillant la noce au III. La mise en scène va droit à l'essentiel, sans fioritures et sans exagérer dans le côté sordide de cet infanticide paysan, les acteurs sont bien dirigés, et les quelques mouvements de foules sont bien exécutés. Soulignons enfin que c'est le metteur en scène qui a lui-même assuré la reprise de sa production.
En réunissant une distribution de haut vol, un chef inspiré et une mise en scène intelligente et respectueuse, l'Opéra Royal de Wallonie confirme avec cette magnifique Jenufa le très haut niveau d'une saison riche en grands moments, et ce dans des répertoires très variés.
Credit photographique : © 2004-2005 Opéra Royal de Wallonie.
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Liège. Théâtre royal. 18-II-2005. LLeoš Janáček : (1854-1928) Jenufa, opéra en trois actes musique et livret du compositeur d’après Jeji Pastorkyna de Gabriela Preissova. Mise en scène : Friedrich Meyer-Œrtel. Décors et costumes : Heidrun Schmelzer. Lumières : Hanns Haas. Anec : Helena Kaupova, Jenufa ; Martine Surais, Kostelnicka ; Mady Urbain, Buryja ; Natacha Kowalski, Karolka ; Sophie Haudebourg, Jano ; Julie Mossay, Barena ; Christine Solhosse, Rychtarka ; Laura Balidemaj, Pastuchyna ; Kathy Massart, la Tante ; Paulette Bauer, une Villageoise ; Gary Rideout, Laca Klemen ; James McLean, Steva Buryja ; Léonard Graus, Starek ; Patrick Delcour, Rychtar ; Marc Tissons, un Villageois. Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie (chef des chœurs : Edouard Rasquin), orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie, direction : Friedrich Pleyer.