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Paris. Maison de Radio France, salle Olivier Messiaen. 6-II-2005. Marc-André Dalbavie (né en 1961) : Chants. Magnus Lindberg (né en 1958) : Dos Coyotes. Conlon Nancarrow (1912-1997) : Etude n°6 (trancription de Thomas Adès, création française). Thierry Escaich (né en 1965) : Trois Motets. Igor Stravinsky (1882-1971) : Les Noces (version définitive de 1923). Chœur Lionheart ; Isabelle Perrin, harpe ; Daniel Ciampolini, percussions ; Anssi Karttunen, violoncelle ; Virginie Pesch, soprano ; Katalin Varkonyi, alto ; Pierre Vaello, ténor ; Vincent Ménez, basse ; Anna Jbanova, Thomas Adès, Katia Labèque, Marielle Labèque, piano ; Thierry Escaich, orgue et piano ; Chœur de Radio-France (chef de chœur : Daniel Bargier) ; Groupe de percussions adONF ; direction : Michel Tranchant et Thomas Adès.
Programme fort composite pour ce XIe concert du festival Présences, où se côtoient les créateurs venus de Finlande, du Mexique, de Russie et de France, avec souvent en arrière-plan les Etats-Unis. L'américain Chœur Lionheart, formé de six voix d'hommes a capella, spécialiste des répertoires du Moyen-Age et de la Renaissance, avait passé commande à Marc-André Dalbavie pour une œuvre créée au Musée Guggenheim de New-York. Le compositeur pour ces Chants a choisi des poèmes d'Ezra Pound comme support littéraire, et plutôt que de laisser les voix sans accompagnement, lui a préféré le soutien d'un piano, d'une harpe et d'un ensemble de percussions métalliques. Les références médiévales – Pérotin en premier – sont clairement affirmées dans cette pièces aux longueurs répétitives. Changement radical d'atmosphère avec les Dos Coyotes pour violoncelle et piano du finnois Magnus Lindberg, qui jouait lui-même son œuvre en compagnie d'Ansi Karttunen. Cette pièce s'inspire de matériau utilisé dans une composition antérieure pour chœur d'enfants, et use aussi du principe de la répétition, sans pour autant que cela ne devienne systématique. Un des instruments émet une idée musicale, reprise aussitôt par son compagnon, en la modifiant progressivement. Un morceau court et agréable, qui toutefois ne rajoute rien à la gloire de son compositeur mais a permis au public parisien de voir ce grand violoncelliste qu'est Ansi Karttunen, trop rare sur nos scènes.
Conlon Nancarrow est un météorite dans la création musicale. Installé au Mexique en raison de ses idéaux politiques trop progressistes, il se prit de passion pour le piano mécanique dont il consacra la majeure partie de sa création, écrivant ainsi des œuvres d'une complexité rythmique inouïe dépassant les possibilités humaines. Certaines de ses études – les plus simples – ont connu divers arrangements, dont la n°6 faite par le jeune compositeur britannique Thomas Adès, pour deux pianos et trois exécutants. Là aussi la répétition est reine : trois cellules mélodico-rythmiques sont superposées et jouées à l'infini jusqu'à saturation complète. Une cadence parfaite « on-ne-peut-plus » tonale conclut. Les sœurs Labèque (dans un accoutrement ridicule) et Thomas Adès arrivent à remplir d'humour cette piécette bien pauvre musicalement.
Le chœur de Radio France, dirigé par Michel Tranchant, prend place dans les Trois Motets de Thierry Escaich, le compositeur tenant la partie d'orgue. A l'instar de Ralph Vaughan-Williams dans Dona Nobis Pacem, de Benjamin Britten dans le War Requiem ou de Jacques Berthier dans son Requiem, Escaich mêle des poèmes (profanes) d'Alain Suied à des extraits de textes sacrés. L'ostinato – une fois de plus – règne en maître dans les trois mouvements, dont l'intérêt va en décroissant, malgré une écriture remarquablement efficace.
Escaich quitte sa « tribune » d'orgue pour le piano. Magnus Lindberg revient, au coté des sœurs Labèque. Le groupe adONF, formés de percussionnistes de l'Orchestre National de France « et de leurs amis » les entoure. Le chœur de Radio France, en version « réduite » (35 musiciens) dans les motets d'Escaich, s'étoffe. Thomas Adès délaisse le piano pour la baguette et nous offre une version foudroyante des Noces de Stravinsky, dans des tempi enlevés. Le chœur, préparé par Daniel Bargier, semble se moquer des redoutables difficultés d'une des partitions les plus exigeantes de ce répertoire. Dommage qu'il n'en fut pas de même pour les solistes, qui, à l'exception de Virginie Pesch, montraient quelques difficultés avec la rythmique à la fois complexe et logique du compositeur « russo-franco-américain ».
Les Noces seront reprises dans leurs différentes versions les mardi 8 et jeudi 10 février 2005.
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Paris. Maison de Radio France, salle Olivier Messiaen. 6-II-2005. Marc-André Dalbavie (né en 1961) : Chants. Magnus Lindberg (né en 1958) : Dos Coyotes. Conlon Nancarrow (1912-1997) : Etude n°6 (trancription de Thomas Adès, création française). Thierry Escaich (né en 1965) : Trois Motets. Igor Stravinsky (1882-1971) : Les Noces (version définitive de 1923). Chœur Lionheart ; Isabelle Perrin, harpe ; Daniel Ciampolini, percussions ; Anssi Karttunen, violoncelle ; Virginie Pesch, soprano ; Katalin Varkonyi, alto ; Pierre Vaello, ténor ; Vincent Ménez, basse ; Anna Jbanova, Thomas Adès, Katia Labèque, Marielle Labèque, piano ; Thierry Escaich, orgue et piano ; Chœur de Radio-France (chef de chœur : Daniel Bargier) ; Groupe de percussions adONF ; direction : Michel Tranchant et Thomas Adès.