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Idomeneo par John Ptrichard, les charmes désuets d’avant la vague baroque

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, re di Creta, opera en 3 actes sur un livret de l’abbé Varesco. Mise en scène : John Cox. Décors : Roger Butlin. Avec : Richard Lewis, Idomeneo ; Leo Gœke, Idamante ; Bozena Betley, Ilia ; Josephine Barstow, Electra ; Alexander Oliver, Arbace ; John Fryatt, Il Grand Sacerdote ; Dennis Wicks, la Voce di Nettuno. The Glyndebourne Chorus, the London Philharmonic Orchestra, direction : John Pritchard. Réalisation : Dave Heather. Enregistré au festival de Glyndebourne, 1974. 1 DVD Arthaus 101 079

 

Le festival de Glyndebourne fut de tout temps un exemple d'originalité dans sa programmation, ne serait-ce qu'en produisant dès 1951 sous la direction de Fritz Busch, Idomeneo de Mozart, alors considéré comme œuvre de moindre importance.

Il n'en est donc pas à son coup d'essai en donnant de nouveau cet opéra en 1974, bien avant l'explosion de la vague baroque : il faudra attendre encore six ans avant le pavé dans la mare que fût l'enregistrement d'Idomeneo par Nikolaus Harnoncourt. Aujourd'hui reporté en DVD, ce spectacle, qui fera fuir tout baroqueux pur sucre, est donc à juger à l'aune du moment où il fut donné. Les choix musicologiques sont en effet surprenants, vus au prisme de notre époque, qui a entendu des interprétations beaucoup plus orthodoxes, mais aussi parfois bien pires, avec des coupures à la hache qui donnent envie de hurler, particulièrement toute la première moitié du premier acte, alors qu'en revanche il reste à Arbace, rôle fréquemment sacrifié, un de ses deux airs (se colà ne'fati è scritto), et, choix rarissime, ce n'est pas la version de la création en 1781 à Munich qui est choisie, mais celle de Vienne en 1786. Nous entendons ainsi le duo Spiegarti non possio K489 suivi de l'air non temer amato bene K490, composés pour la circonstance, et le rôle d'Idamante est légitimement confié à un ténor, transposé par Mozart lui-même.

Cette inflation de ténors, quatre en tout, est gênante à nos oreilles contemporaines, habituées à un Idamante mezzo, d'autant plus que les ténors en question sont loin d'être satisfaisants. Dans le rôle-titre, exhibe un timbre laid, un souffle court, des vocalises savonnées, et ne demandez pas s'il exécute la version longue ou la version courte du redoutable fuor del mar, elle est encore plus courte que la version courte, avec ici et là des notes tenues en lieu et place des vocalises! Mais la motivation est là, la probité aussi, tentant même une cadence à la fin de ce morceau. Nous aurons également droit à l'air alternatif final torna la pace, toujours avec les mêmes défauts techniques et toujours avec le même engagement. Le timbre de l'Idamante de est encore plus laid que celui de si c'est possible. De plus, son brushing très seventies et son allure scénique empruntée lui donnent plus l'air d'un grand dadais que d'un prince grec. Il ne saisit aucune occasion de briller, et surtout pas dans ses duos avec l'Ilia de Bozena Betley, inconnue qui gagne à le rester : timbre disgracieux et sans personnalité, qui parvient à transformer le lumineux zeffiretti lusinghieri en un long pensum sans vie. Tout autre est la saisissante en Elettra. La suppression de la première partie du premier acte la prive hélas de son estinto è Idomeneo?, mais elle délivre à la fin de l'ouvrage un d'Oreste, d'Aiace parfaitement maîtrisé et totalement désespéré, là où tant d'autres cantatrices transforment la princesse en virago hystérique, nous entendons là une femme qui souffre, une grande sœur impétueuse de la Femme de La Voix humaine. Tout ce petit monde est visiblement porté par , qui assure lui-même le continuo au clavecin avec la collaboration d' au violoncelle. Le son du sonne somptueusement, d'une pâte et d'une rondeur qui fera probablement gémir les tenants de l'orchestre baroque, mais que de beautés objectives!

La mise en scène, sur fond de toiles peintes au centre de cercles concentriques et de monstres en carton-pâte, oscille entre belles images statiques et péplum kitsch qui ravira les amateurs de second degré et les fans de , les pectoraux en moins. La prise de vue alterne sans imagination zoom avant, zoom arrière et gros plans sur les chanteurs. Faut-il conclure de tout ceci que ce DVD est à fuir sans appel? Non, certainement non. Car encore une fois, cette production est à replacer dans son contexte, celui d'avant la redécouverte baroque. Et puis, la musique de Mozart, même exécutée d'une façon démodée, reste toujours victorieuse. Les morceaux d'ensemble : les chœurs, le trio du deuxième acte, plus que le quatuor du troisième, déséquilibré par la voix aigre de Bozena Betley, distillent une profonde émotion. Nous entendons et nous voyons une équipe motivée, un chef d'orchestre qui a réfléchi à l'œuvre et à son exécution, un modèle d'intégrité artistique. Pour eux, et pour la rareté de la version de 1786, le mélomane pourra y trouver son bonheur.

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, re di Creta, opera en 3 actes sur un livret de l’abbé Varesco. Mise en scène : John Cox. Décors : Roger Butlin. Avec : Richard Lewis, Idomeneo ; Leo Gœke, Idamante ; Bozena Betley, Ilia ; Josephine Barstow, Electra ; Alexander Oliver, Arbace ; John Fryatt, Il Grand Sacerdote ; Dennis Wicks, la Voce di Nettuno. The Glyndebourne Chorus, the London Philharmonic Orchestra, direction : John Pritchard. Réalisation : Dave Heather. Enregistré au festival de Glyndebourne, 1974. 1 DVD Arthaus 101 079

 
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