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Suites de Bach par Christophe Rousset, l’élégance de la passion…

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Suites Françaises (1722). CD1 : Quatrième suite BWV 815, Deuxième Suite BWV 813, Sixième Suite BWV 817. CD2 : Cinquième suite BWV 816, Première suite BWV 812, Troisième Suite BWV 814. Christophe Rousset, clavecin. Un coffret de deux CD Ambroisie, enregistré à Neuchâtel en février 2004, N° AMB 9960. 95’55’’

 

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A priori, les suites pour clavecin BWV 812 à 817 ne semblent pas être plus « françaises » que celles qui les précèdent, dites pourtant « anglaises ». En fait, aucun des manuscrits, autographes ou non, ne porte cette mention.

Le biographe Forkel en 1802, les qualifiera de « françaises », parce qu'à son sens « écrites dans le goût français ». Or, un examen plus approfondi plaiderait plutôt pour que ce soient les Suites anglaises qui méritent ce qualificatif, alors que les Suites françaises semblent plus relever de la tradition italienne.

Datant pour la plupart de 1722, époque où Bach se trouve à Cœthen, les cinq premières suites furent intégrées au premier volume du Klavierbuchelein d'Anna-Magdalena, (manuscrites de la main du compositeur), offert à sa jeune épouse, semble-t-il bien meilleure chanteuse que claveciniste, afin de lui permettre d'exercer son habileté au clavier.

Ces œuvres paraissent faire partie des pièces « pédagogiques » que Bach compose dans la même période, tout comme le Premier livre du Clavecin bien Tempéré et les Inventions et Sinfonias, qu'il destinait tout particulièrement à son fils aîné Wilhelm Friedermann, (qui deviendra lui-même compositeur), afin de l'initier au « goût français ». La palette en est plus variée que celle des Suites anglaises, de style plus mélodique, « cantabile » souvent écrit comme une cantilène accompagnée d'une basse continue. Les courantes sont parfois françaises, (1 et 3) plus souvent italiennes (2, 4, 6). On ne peut pas vraiment dire que Bach ait conçu ces pièces comme un cycle, mais plutôt comme un ensemble destiné à l'enseignement du clavecin « dans tous ses états ». Comme toutes ses œuvres pour clavier, ces suites sont un bel exemple de son habileté à combiner une structure musicale complexe à une force spirituelle épurée.

On retrouve ici avec plaisir , dont le talent de claveciniste n'est plus à démontrer et qui avait déjà gravé en 2003 une version des Suites anglaises (AMB 9942) réalisée dans le même lieu, (le Musée d'Art et d'Histoire de Neuchâtel) et sur le même instrument (un clavecin signé Johannes Ruckers, daté de 1632 et 1745, restauré en 1787 par M. R. von Nagel), saluée unaniment par la critique. Cet ancien élève de la grande Huguette Dreyfus, également brillant chef d'orchestre et directeur des Talens Lyriques qu'il fonda en 1991, risque bien avec ce nouvel enregistrement de renouveler le miracle du précédent.

Alliant dans sa lecture une élégance toute « française » à une passion toute « italienne », confirme une fois de plus son affinité profonde avec l'œuvre de Bach.

Il est vrai que l'instrument est de toute beauté, tant visuelle (une photo figure sur la couverture de la plaquette) que sonore. Témoin de l'immense plaisir qu'il a dû éprouver au contact d'un tel bijou – riche, opulent, généreux, sonnant comme tout un orchestre – le jeu de Rousset possède une suavité, une profondeur, une sensualité, même, qui pourraient bien symboliser le « charme français » dans son essence. Si l'on ajoute que ce musicien hors pair sait avoir de l'autorité sans faire preuve de sécheresse, être délicat et poétique sans afficher la moindre miévrerie, on peut affirmer sans hésiter qu'on tient là une interprétation qui fera date et dont l'écoute procure une intense jubilation.

Comme toujours chez « Ambroisie » la présentation du coffret, qui rappelle celle des Suites Anglaises, est élégante et très recherchée.

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