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Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Suite en Ré m H. 545 ; Prélude et trios instrumentaux ; Symphonie en sol H. 529 ; Pastorale La Couronne de Fleurs H. 486 ; Airs « sérieux et à boire », en duo et trio accompagnés. Ensemble Amarillis, direction : Héloïse Gaillard. Livret d’accompagnement : présentation (quadrilingue) de Catherine Cessac. Textes bilingues (français/anglais). Durée 60’28 ; Sortie : septembre 2004 ; Editeur : Ambroisie.
AmbroisieSi cette année du tricentenaire de sa mort assied définitivement Marc-Antoine Charpentier à une place de choix dans notre patrimoine artistique (par les concerts – en nombre – et les réalisations discographiques à ses œuvres consacrées), il faut bien admettre que cette consécration repose avant tout sur sa musique sacrée : Messes, Leçons de Ténèbres et autres Te Deum…. Aussi, ce disque-là aura-t-il au moins le mérite – et présente-t-il l'intérêt – d'aborder le compositeur par la « face sud » (entendons : la plus « souriante » de son œuvre).
En 1672, Molière, en froid avec Lully, choisit donc Charpentier pour une collaboration qui concernera : Le Malade Imaginaire, Le Mariage Forcé, et La Comtesse d'Escarbagnas. Cette collaboration de Charpentier au Théâtre-Français se prolongera, après la mort de Molière, jusqu'en 1685, profitant entre autres aux frères Corneille, à Dancourt ou De Visé. Le présent enregistrement rassemble des pièces datant des années 1680, alors que le compositeur occupe le poste de Maître de musique de la duchesse de Guise (Marie de Lorraine), cousine de Louis XIV, et qui n'ont pour seul but avoué, que celui de louer le Roi tout en divertissant des familiers de la Cour, voire occasionnellement le roi lui-même. En fait, ce sont là des pièces instrumentales en trio (deux dessus et basse continue) alternant avec des Airs (monodiques ou à deux ou trois voix) accompagnés, de caractère badin, galant, champêtre (cf. Pastorale) ou quelque peu égrillard, sinon « grivois » ; encadrant le tout : une ravissante Suite en ré mineur, à six numéros et une brève « symphonie » en chaconne (dont le motif de basse obstinée rappelle étrangement celui du Roland de Lully clôturant l'acte III, et de la même année…). Du même Roland (celui, tiré du chant XI de l'Arioste : Orlando Furioso, ce poème héroï-comique de 1532, adapté ici par Dancourt), on retrouve les personnages d'Angélique et Médor. On peut voir, d'ailleurs, à la même époque, peints au dos d'un éventail du début du siècle, ces deux personnages déguisés en bergers et gravant leur nom sur des arbres.
Quant à La Couronne de Fleurs, objet principal de ce programme, composant initialement le prologue du Malade Imaginaire, c'est un poème lyrique, dans le style pastoral conçu comme un mini-opéra et rendant évidemment hommage à Louis XIV. Sont réunis : la déesse Flore, le dieu Pan et des bergers…. A ces derniers revient le soin de chanter les louanges du Roi ; une couronne de fleurs étant la récompense promise à celui qui se sera révélé le plus éloquent….
Tout cela est plaisant, bien fait : perfection instrumentale et qualité vocale sont au rendez-vous, sans maniérisme ni outrances. La prise de son de Nicolas Bartholomée est, comme de coutume, irréprochable ( c'est un pléonasme). Mais rien de cela, cependant, ne fait de ce disque un « indispensable » de Charpentier. Il convient d'y voir un (certes agréable) complément à la connaissance qu'on peut en avoir.
Erik Satie, en d'autres circonstances, parlait de « musique d'ameublement ». Nous avons, ici, une musique de « salon de jardin » – fût-il de Versailles -, au son de laquelle, au détour d'un bosquet et tel monsieur Jourdain, on peut être tenté de placer, à sa (jolie) voisine, le fameux : « Belle Marquise, vos beaux yeux mourir d'amour me font » (et variétés), chacun pensant, comme dans la chanson du Printemps de Lejeune : « Moy, je me tiens joyeux, gaillard et content ! »
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Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Suite en Ré m H. 545 ; Prélude et trios instrumentaux ; Symphonie en sol H. 529 ; Pastorale La Couronne de Fleurs H. 486 ; Airs « sérieux et à boire », en duo et trio accompagnés. Ensemble Amarillis, direction : Héloïse Gaillard. Livret d’accompagnement : présentation (quadrilingue) de Catherine Cessac. Textes bilingues (français/anglais). Durée 60’28 ; Sortie : septembre 2004 ; Editeur : Ambroisie.
Ambroisie