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Horatiu Radulescu. Lao Tzu Sonatas. Ortwin Stürmer, piano. 1 CD CPO 999 880-2. 55’45’’. 2004.
CPOAu delà de ce que peut évoquer le terme « Musique Spectrale » dans l'esprit des plus grands mélomanes, se cache toujours une part de mystère. Derrière la sémantique persiste une incompréhension globale sur l'origine et les objectifs de l'École spectrale ? La Religion a été absorbée par notre civilisation et remplacée par la Déesse Technologie. Nous avons cependant toujours peur de ce que cette nouvelle entité pourrait nous apporter de mieux que la Sainte Electricité ! La musique spectrale s'appuie, dès les années 70 en France, avec Horatiu Radulescu – son père fondateur – et Gérard Grisey un des ses plus fervents défenseurs, sur une nouvelle idée conceptuelle. Si le chemin aura été court pour un scientifique – le son, est à la fois amplitude temporelle et fréquentielle – et si nous avions fait le tour de sa vertu temporelle, nous voici confrontés à cette idée simple que son spectre (somme des fréquences qui le construisent) pourrait un jour inspirer l'artiste.
Il aura évidemment fallu attendre que la technologie nous permette de visualiser sa nature fréquentielle pour en imaginer une utilisation technique et artistique. Toute structure mécanique est dorénavant soumise à des tests de fréquences garants de son intégrité. Souvenez vous de ce pont s'effondrant par la simple fréquence impulsée par cette marche de soldats déterminés. « Ainsi l'ouvrage de la Basse-Chaîne à Angers s'écroule en 1850, entraînant la mort de 226 soldats – accident expliqué aujourd'hui par un phénomène de résonance : le pas cadencé des fantassins disciplinés était trop en phase avec les mouvements propres du tablier ! … ». Les « analyseurs spectraux » (ordinateurs) nous aident aujourd'hui à visualiser la nature fréquentielle du son, audible ou non, de chaque phénomène vibratoire. Un son n'est jamais pur, qu'il vienne d'un piano Steinway ou d'un violon Stradivarius, … Il est accompagné de multiples harmoniques (fréquences résiduelles) ! Bref, un son est une somme de fréquences d'amplitudes variables qui forment un spectre sonore dans lequel on pourra évidemment reconnaître le « timbre » de tel ou tel instrument. C'est cet aspect fréquentiel qui nous fait apparaître, à l'oreille, la différence entre le son d'une flûte ou celui d'un violon. Un bon vibrato est le garant de l'équilibre harmonique.
Pour sa part artistique, pourquoi ne pas utiliser cet aspect naturel pour en tirer une nouvelle façon de concevoir la Musique ?
L'Extrême Orient l'a absorbé depuis des siècles et ce n'est pas par hasard si Horatiu Radulescu choisit Lao Tzu comme lien spirituel entre le verbe et la musique. Le compositeur français d'origine roumaine fait encore partie de ses créateurs impliqués qui imaginent que la musique est plus importante que tout. Derrière ses petites lunettes d'Artisan, l'homme avance avec l'Homme. Il est dommage que la notice du disque soit truffée de commentaires inaccessibles au mélomane. Si nous avions un souhait à formuler, ce serait que nous puissions rencontrer en Live la Musique Spectrale comme autant d'offrandes que le festival LUCERO aura pu nous donner et qui s'est éteint avec les obligations économiques d'une société culturelle française en repli. Mais rassurons-nous en ce sens que la plupart des grands compositeurs contemporains utilisent les apports de la Musique Spectrale dans leurs créations. En cela, Radulescu est devenu incontournable !
Le piano est ici sollicité et le pianiste allemand Ortwin Stürmer apporte sa pierre à un édifice musical hors pair. Travailler l'essentiel est aussi porter la musique dans ses plus beaux retranchements. Ce n'est pas par hasard que l'Allemagne produit ce disque, ce pays que la grande musique fait encore vibrer dans toute sa puissance.
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Horatiu Radulescu. Lao Tzu Sonatas. Ortwin Stürmer, piano. 1 CD CPO 999 880-2. 55’45’’. 2004.
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