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Nathalie Stutzmann, contralto. Inger Södergren, piano. Franz Schubert : Winterreise D 911 op. 89 (1827). 1 CD Calliope. CAL 9339. 2004. 76’21’’.
CalliopeLa dernière parution chez Calliope d'un enregistrement du célèbre Voyage d'Hiver de Franz Schubert nous amène à considérer l'événement sous deux angles de réflexion. Est-il nécessaire d'enregistrer une n ième version d'une œuvre qu'entre autres les Hotter/Moore, Fischer-Dieskau/Moore, Ludwig/Levine … et plus récemment le tandem Gœrne/Brendel ont porté aux nues parmi plus d'une centaine de tentatives plus ou moins réussies ? Nous pourrions alors et de bonne foi occulter l'événement en nous précipitant à l'écoute des joyaux qui ornent déjà nos étagères. Mais il est un fait que nous ne pourrions négliger et qui apporte son lot de questionnement. Cette longue marche solitaire du pauvre joueur de vielle est aussi avec son ambiance glacée et où les moments heureux ne sont plus que des souvenirs un exercice de style qu'il n'est pas donné à tout artiste de maîtriser d'emblée. Cette œuvre — au delà de la forte poétique qui l'habite et qui nous comble — est aussi une sorte de passage obligé, d'objectif quasi ultime où le musicien qu'il soit chanteur ou pianiste offre enfin à la musique ses véritables Lettres de Noblesse. Nous ne nous étonnons alors plus que l'instant soit irrémédiablement figé, gravé dans l'aluminium comme un humble témoignage de la réussite. Car il faut beaucoup de temps pour ne serait-ce qu'oser bousculer l'Histoire en proposant SA création.
Nathalie Stutzmann est née à Paris. Sa voix de contralto est appréciée à travers le Monde et convainc les plus grands chefs comme Chailly, Ozawa, Eliot Gardiner, Rattle, von Dohnanyi … Son répertoire trouve son aura dans les grands oratorio et les passions des périodes baroque, classique et romantique. Mais elle est aussi appréciée pour ses interprétations des plus grands Lieder et notamment ceux de Schumann qu'elle a déjà gravés en cinq volumes ainsi que quelques mélodies de Chausson et Poulenc. Après plusieurs rôles à l'opéra où elle rayonne dans Haendel, l'artiste s'attaque ici à un répertoire Schubertien très difficile à aborder pour qui n'a pas embrassé, croqué puis digéré le Schwammerl. La contralto est accompagnée de la pianiste suédoise Inger Södergren qui mène en parallèle une carrière de soliste (nous la retrouverons bientôt dans une chronique dédiée à l'enregistrement chez Calliope de ses concertos pour piano de Mozart).
Il ne fallait pas moins de dix années de complicité pour que notre duo ose s'aventurer sur les pas sacrés du Wanderer. Dans la mémoire de Nathalie Stutzmann rejaillissent alors les conseils du Maître Hans Hotter auprès duquel elle prenait — il y a vingt ans — des cours d'interprétation. Mais son héritage s'exprime entièrement dans son vécu d'artiste. Le Voyage proposé étonne, interloque, … et c'est avec son âme lyrique que la chanteuse choisit d'emboîter le pas de la consécration. Il faut avouer que cette surprise gêne considérablement notre âme de Schubertien habituée à la froideur de son isolement. La voix de l'artiste imprime une idée nouvelle, fait entrevoir un horizon plus aérien. L'artiste a non seulement le talent mais aussi la volonté de « titiller » la règle immédiatement établie.
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Nathalie Stutzmann, contralto. Inger Södergren, piano. Franz Schubert : Winterreise D 911 op. 89 (1827). 1 CD Calliope. CAL 9339. 2004. 76’21’’.
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