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Musica de Strasbourg (du 17-IX-2004 au 2-X-2004) : Concert d’ouverture Concerto pour piano d’Arnold Schoenberg, Six pièces pour orchestre de Bruno Mantovani, Clinamen/Nodus d’Olga Neuwirth, Como una ola de fuerza y Luz de Luigi Nono ; Orchestre de Paris ; piano solo, François-Frédéric Guy, soprano Mélanie Walz, Experimentalstudio der Heinrich-Strobel-Stiftung der Südwestrundfunks e.V. de Freiburg. Direction : Alexander Briger.
Pour sa vingt quatrième édition, Musica, le Festival International des Musiques d'Aujourd'hui de Strasbourg, rend hommage au compositeur Luigi Nono disparu en 1990 et accueille deux personnalités de la musique d'aujourd'hui, la compositrice autrichienne Olga Neuwirth née en 1960 et Wollfgang Rhim (1952), l'une des figures majeures de la musique allemande qui était déjà l'invité d'honneur en 2000 .
Sous la baguette du chef australien Alexandre Briger, l'Orchestre de Paris faisait sa rentrée avec un superbe programme qui débutait, de façon inattendue, par une œuvre de référence, le Concerto pour piano op.42 d'Arnold Schoenberg. Ecrit par le maître autrichien à Los Angeles en 1942, l'œuvre réunit en un seul les quatre mouvements traditionnels et relève davantage de la symphonie concertante où le piano s'inscrit dans le discours orchestral sans jamais briller en virtuose. Tout à l'écoute des résonances instrumentales, François Frédéric Guy parvient à instaurer un équilibre presque idéal par un jeu aux sonorités puissantes même s'il n'obtient pas toujours de son piano la couleur souhaitée.
Commande de l'Orchestre de Paris et de Musica, les Six pièces pour orchestre de Bruno Mantovani sont une référence directe à l'Opus 16 de Schoenberg : six véritables « études » selon les termes du compositeur qui fait naître d'un élément musical unique différentes facettes orchestrales très contrastées. Familier de l'univers en quart de ton, Mantovani, qui n'en est pas à son premier essai en matière de composition, nous dépayse dès les premières mesures par un solo de clarinette du plus bel envol qui fleure bon la trouvaille. Le jeu des quatre flûtes projetant leurs ondes lumineuses, dans la deuxième séquence, fait réagir l'orchestre par masses laissant par instants le violon solo esquisser le rythme d'une valse, autre clin d'œil à l'Autriche. Si l'on peut déceler quelques longueurs dans la conduite orchestrale qui s'égare parfois dans des sinuosités plus obscures, le traitement orchestral relève ici d'une main de maître et il faut saluer l'extrême précision avec laquelle l'orchestre de Paris dirigé par Alexander Briger sut défendre cette création.
L'œuvre d'Olga Neuwirth, compositrice autrichienne de trente six ans et encore mal connue en France. Après des études de composition à la Musikhochschule de Vienne, Olga Neuwirth s'initie à l'électroacoustique à Vienne auprès de Dieter Kaufmann et Wilhem Zohl. Son œuvre Clinamen/ Nodus (1999) qui a déjà fait l'objet d'un enregistrement, était donnée ce soir en création française. Conçue pour orchestre à cordes, percussions et célesta auxquels s'ajoutent deux cithares bavaroises et une guitare hawaïenne, l'œuvre s'impose d'emblée par l'originalité du discours peuplé d'ombres inquiétantes, de frémissements furtifs et de clameurs vociférantes. La trame sonore tissée par les cordes est sans cesse perturbée par l'intervention véhémente de la percussion qui, à un moment donné, fait entendre quelques mesures de Ionisation de Varèse. Au Clinamen, élément rythmique et mécanique perturbateur s'oppose le Nodus (nœud), permanence de la note Ré de plus en plus envahissante qui pourrait bien être cette voix de la revendication qui traverse toute la musique d'Olga Neuwirth. « Ma musique n'est pas agressive, précise-t-elle, bien que son impact sur la perception soit très direct. Elle est plutôt pleine de colère ».(à suivre tout au long du festival). Précédé par la chanteuse Mélanie Walz, François-Frédéric Guy revenait sur scène muni de gants protecteurs pour interpréter avec l'orchestre et la bande magnétique, la dernière œuvre de ce concert inaugural riche de contrastes, d'oppositions et de dualismes, comme le faisait remarquer Omer Corlet dans sa présentation. Coma una ola de fuerza y luz est écrit en 1972 après la mort accidentelle de Luciano Cruz, l'un des jeunes dirigeants du mouvement de la gauche révolutionnaire au Chili avec lequel Luigi Nono avait lié une forte amitié : Œuvre- hommage et révolte tout à la fois. La bande magnétique diffusant des chœurs de femmes accompagne sans interruption l'orchestre, le piano et la chanteuse, poussant le son jusqu'au maximum de son intensité :
« Comme un fleuve de force et de lumière », la musique de Nono inscrit dans le son sa puissance expressionniste et son inquiétude fondamentale qui, aujourd'hui, ne peut laisser l'auditeur indifférent.
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Musica de Strasbourg (du 17-IX-2004 au 2-X-2004) : Concert d’ouverture Concerto pour piano d’Arnold Schoenberg, Six pièces pour orchestre de Bruno Mantovani, Clinamen/Nodus d’Olga Neuwirth, Como una ola de fuerza y Luz de Luigi Nono ; Orchestre de Paris ; piano solo, François-Frédéric Guy, soprano Mélanie Walz, Experimentalstudio der Heinrich-Strobel-Stiftung der Südwestrundfunks e.V. de Freiburg. Direction : Alexander Briger.