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Saint-Denis. Basilique. Les 2 et 3-VI-2004. Johannes Brahms (1833-1897) : Variations sur un thème de Haydn ; Un Requiem allemand, opus 45. Elizabeth Norberg-Schulz (soprano), Albert Dohmen (baryton). Chœur de Radio-France : direction : Norbert Balatsch. Orchestre national de France. direction : Kurt Masur.
Ce Festival digne des plus grandes manifestations du monde est devenu la plus prestigieuse fête musicale d'Ile de France. Il célèbre cette année ses 35 ans d'ouverture, de générosité musicale et de partage grâce à l'intelligence de son directeur Jean-Pierre Le Favec et à la volonté de l'exemplaire député-maire de Saint-Denis, Patrick Braouzec pour qui la culture a et aura toujours toute sa place dans le monde d'aujourd'hui.
Pour cette édition, près de dix mille élèves des écoles et des collèges assisteront à des générales et à des concerts et rencontreront les artistes après des préparations préalables dans leur classe. Cette année marque également vingt-cinq années d'étroite collaboration et de résidence annuelle à Saint-Denis de l'Orchestre National de France. Son chef Kurt Masur est un fidèle, depuis les années 80, où il tenait encore les rênes du mythique Gewandhaus de Leipzig. C'est un bonheur sans cesse renouvelé de regarder diriger cet immense chef. Ses mains dessinent la musique avec amour, respect et générosité. Pas d'effets ni de décorations musicales mais une sobriété, une justesse et une clarté remarquables. Les Variations sur un thème de Haydn de Brahms ont été un régal de sonorités, de couleurs, de ligne mélodique et de souplesse.
Puis, ce fut « Le Requiem Allemand », œuvre emblématique de Brahms – compositeur à l'introversion vertigineuse. Présenté pour la première fois en la cathédrale de Brême, en 1868, en présence de ses amis Joseph Joachim et Clara Schuman, « Le Requiem Allemand » en sept mouvements, conçu après le décès de la mère du compositeur, fut un immense triomphe. En l'écrivant pendant plus de dix ans, Brahms s'est éloigné de la liturgie catholique et a préféré s'inspirer d'extraits de la traduction allemande de la Bible par Luther pour être, disait-il, « au plus près de l'humanité ». D'ailleurs, pendant longtemps, il songea à intituler l'œuvre « Un Requiem Humain ». Avec le respect et la pudeur qui caractérisent ce chef inspiré et généreux, mais aussi sa formidable concentration, son attention aux interprètes et la limpidité de sa direction, Kurt Masur donne à l'œuvre toute sa pulsation, sa force dramatique et sa densité musicale. Il en libère toute la lumière et la profondeur de la méditation spirituelle. L'Orchestre national de France et le Chœur de Radio-France ont témoigné une nouvelle fois de leur talent, de leur clarté, de leur respect du texte et de leur grande générosité musicale dans cet équilibre si bien développé par Kurt Masur.
Le baryton Albert Dohmen qui fut mémorable Wozzeck sous la direction de Claudio Abbado restitue avec émotion la dimension spirituelle et poétique d'une œuvre à l'architecture sonore et lyrique éblouissante. Sa voix riche et vivante, aux belles couleurs tonales, passe du clair-obscur aux effets les plus sombres sans jamais perdre sa brillance si caractéristique. Le jeune soprano norvégienne Elizabeth Norberg-Schulz, à l'impressionnante carrière internationale, a remplacé au pied levé Christine Schäfer, souffrante. Venue du Teatro Comunale de Bologne où elle répète « Rigoletto », elle a su élever cette bouleversante et si humaine prière en toute pureté. On regrettera simplement le relatif manque d'amplitude de cette voix délicate et lumineuse.
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Saint-Denis. Basilique. Les 2 et 3-VI-2004. Johannes Brahms (1833-1897) : Variations sur un thème de Haydn ; Un Requiem allemand, opus 45. Elizabeth Norberg-Schulz (soprano), Albert Dohmen (baryton). Chœur de Radio-France : direction : Norbert Balatsch. Orchestre national de France. direction : Kurt Masur.