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Trio Wanderer. Dimitri Chostakovitch : Trios op. 8 et 67. Aaron Copland : Trio « Vitebsk ». 1 CD Harmonia Mundi. HMC 901825. 54’49’’. 2004.

 

On connaît l'importance de la musique instrumentale dans la production de . Avec ses quinze Symphonies et ses quinze quatuors à cordes, le compositeur russe apporte un regard nouveau et personnel sur la création musicale du Xxe siècle. Il est de nombreuses fois distingué en URSS où le pouvoir voit alors en lui « l'art du réalisme soviétique ». Il ne reste pas moins attaché à ses propres convictions et sait faire passer à travers son œuvre un message de liberté, il sera d'ailleurs plusieurs fois censuré notamment pour ses opéras. Voir notre biographie rédigée par l'Association Internationale .

Les deux Trios, respectivement composés en 1923 pour l'opus 8 et 1944 pour l'opus 67, font indéniablement partie de cette manne musicale. Le premier d'entre eux est écrit alors que le compositeur, âgé de dix-sept ans, est encore étudiant au Conservatoire de Leningrad. On ressent globalement dans l'écriture les influences de Brahms alors que Schumann semble inspirer ponctuellement le créateur dans le second thème. Cette œuvre de jeunesse – écrite en un mouvement d'une durée approximative de 13' – montre les capacités de Chostakovitch à créer une atmosphère qui lui est propre en s'inspirant de ses illustres prédécesseurs. Le l'a très bien compris et sait mettre en valeur la densité étonnante de cette œuvre en accordant une place privilégiée à l'intention du compositeur. Ils apportent – naturellement – leur savoir faire d'artiste pour retranscrire cette âme russe unique en plein devenir.

Avec le deuxième Trio, qui survient vingt-et-un an après, c'est un compositeur en pleine maturité qui s'exprime. L'enjeu est tout autre puisqu'il s'agit de rendre hommage à un ami – le musicologue Ivan Sollertinsky – qui vient de mourir d'une crise cardiaque. Voici donc, après les tentatives réussies de Tchaïkovski et de Rachmaninov dans l'élaboration d'une œuvre inspirée par la plainte, la naissance d'un des plus grands trios de l'histoire de la musique du Xxe siècle. Ecrite en quatre mouvements, l'œuvre débute par l'annonciation du départ d'un être cher, ponctuée de questionnements et de remises en cause. Le deuxième mouvement est un défoulement psychologique où les souvenirs remontent pour tenter de faire revivre l'être disparu. Acte vain !? Le troisième mouvement met en scène la cérémonie funéraire ou le retour à une réalité qui fait très mal. La douleur trouve alors, dans l'Allegro non troppo, sa plus grande expression. Le quatrième mouvement glorifie la personne disparue en organisant une danse de l'Adieu – macabre mais joyeuse. Le compositeur accompagne son ami dans l'au-delà … La fête battra son plein jusqu'à l'aube où la mort est enfin acceptée et que les deux amis se séparent pour toujours. nous révèle : « Nous étions particulièrement attachés à ce disque car nous avons travaillé lors de nos études aux USA avec R. Dubinsky, premier violon du Quatuor Borodine depuis son origine jusqu'à à son départ dans les années 70. Il avait bien connu Chostakovitch et joué le trio avec lui, mais surtout il avait bien sûr connu l'époque et l'atmosphère de sa création. Il y a par ailleurs des différences importantes sur le texte lui-même, surtout en ce qui concerne les tempi. Le sens de la musique peut s'en trouver complètement changé et son témoignage était passionnant parce que vécu … ». C'est dans cet état d'esprit que le aborde cette œuvre et nous livre ses réflexions les plus intimes et les plus abouties.

Pour parfaire la programmation de ce CD, le choisit de nous offrir une des œuvres majeures d' – le Trio « Vitebsk ». Le compositeur, né à New York, est issu d'une famille d'émigrés Russes et trouve dans un chant juif, dont l'auteur – Antsky – est originaire de Vitebsk, le thème de son Trio « Dramatique ». Un pur régal pour les amateurs du genre !

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Trio Wanderer. Dimitri Chostakovitch : Trios op. 8 et 67. Aaron Copland : Trio « Vitebsk ». 1 CD Harmonia Mundi. HMC 901825. 54’49’’. 2004.

 
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