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Paris. Opéra Garnier. 24-V-2004. Giselle. Musique de Adolphe Adam (musique enregistrée) chorégraphie de Mats Ek. Décors et costumes de Marie-Louise Ekman. Les Solistes et le Ballet de l’Opéra de Paris.
Retour au Palais Garnier d'un des ballets les plus forts du répertoire : Giselle d'après Théophile Gautier sur une musique d'Adolphe Adam dans la relecture du chorégraphe suédois Mats Ek. Trois danseurs étoiles y tiennent les rôles principaux.
À peine remis du choc occasionné par Tulips présenté par le NDT III au Théâtre national de Chaillot (voir article du 17/05/2004 sur le site) on retrouve au Palais Garnier la légendaire « Giselle » du chorégraphe suédois Mats Ek créée en 1982 pour le Ballet Cullberg à Stockholm et entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris en 1993. Ici, les Wilis sont priées de déposer leurs ailes au vestiaire ! Plus de chaumière pour Giselle, ni d'épée pour Albrecht, pas plus de cor de chasse pour Hilarion. Mais une Giselle demeurée du village, une quasi-Bécassine qui se laisse séduire par Albrecht, un séducteur de la ville. L'affaire tourne mal, se termine dans un hôpital psychiatrique par une formidable rédemption par l'amour. Personne ne meurt dans cette « Giselle » mais on va au bout des émotions et des situations avec la force des images et de la danse. Après ce coup de génie, Mats Ek a bien essayé de renouveler sa réussite avec d'autres ballets du répertoire classique. En vain, sa « Belle au Bois dormant » présentée par les danseurs du Ballet Cullberg à Paris comme son « Lac des Cygnes » et encore moins « Appartement » créé par les danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris en mai 2000, n'ont convaincu. Giselle, le chef d'œuvre du ballet romantique, a assez de force dans son argument et ses personnages pour supporter ce traitement, inapplicable aux histoires de princes charmants trop ancrées dans leur contexte. Et la chorégraphie de Mats Ek est tellement riche que l'on y découvre à chaque fois quelque chose de neuf, d'autant que les interprètes nouveaux y apportent de nouvelles propositions et que le chorégraphe est là pour superviser la reprise.
Un des atouts du spectacle dans sa présentation parisienne est d'être dansé par des Étoiles qui pratiquent couramment la version classique de Giselle souvent donnée au cours de la même saison. Si on retrouvait Nicolas Le Riche, toujours aussi émouvant dans le rôle déchiré d'Albrecht et José Martinez, moins à l'aise, plus emprunté que Wilfried Romoli qui alterne avec lui dans le rôle d'Hilarion, l'intérêt était focalisé par la prise de rôle de Marie-Agnès Gillot, sa première depuis sa nomination au titre de danseuse Étoile au début de cette année. Après avoir longtemps joué le double rôle de Batilde/Myrta, elle aborde le rôle de Giselle auquel elle tenait plus que tout. La performance est magnifique, elle y est totalement convaincante et brille par un naturel épatant dans un rôle qui ne l'est pas vraiment. Autant dans les bonheurs maladroits du premier acte que dans les souffrances du second à l'hôpital psychiatrique, elle est d'emblée la Giselle que l'on attendait, avec la certitude qu'elle ira encore plus loin dans ce rôle, rôle qu'elle s'approprie aujourd'hui.
Crédit photographique : © Icare
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Paris. Opéra Garnier. 24-V-2004. Giselle. Musique de Adolphe Adam (musique enregistrée) chorégraphie de Mats Ek. Décors et costumes de Marie-Louise Ekman. Les Solistes et le Ballet de l’Opéra de Paris.