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Repin/Masur, ni trop, ni trop peu …

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. Le 08.IV.2004. Mikhail Glinka : Russlan et Ludmilla, ouverture. Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon et orchestre n°1 en la mineur opus 99. Modest Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration de Sergueï Gortchakov). Vadim Repin, violon. Orchestre National de France, direction : Kurt Masur.

Suite à son cycle Brahms qu'il « exporte » en tournée au Japon ce mois-ci avant son départ offrait en dernier concert parisien un programme russe plus original qu'il n'y paraît.

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L'Ouverture de Russlan et Ludmilla reste un cheval de bataille de référence de tout orchestre. Pièce courte et brillante, virtuose et débridée, elle est livrée ici tambour battant par un Masur en grande forme et un National survolté. Contraste saisissant entre cette ouverture extravertie (mais quand pourra t'on entendre l'opéra dans son intégralité ?) et le sombre 1er concerto pour violon de Chostakovitch, composé alors que son auteur se trouvait accusé de « formalisme ». — qui faisait ici sa deuxième prestation parisienne de l'année, après un récital fort remarqué en ce même théâtre — nous en livre une vision frôlant la perfection. La liste des superlatifs à propos de ce violoniste depuis près de vingt ans est longue et s'allonge encore avec cette chronique. Sa lecture reste distante et retenue : la virtuosité de la partition ne doit pas être un prétexte de mise en avant du soliste, rejoignant ainsi la notion de « symphonie pour violon solo avec orchestre » qu'en avait le compositeur. Il est en cela idéalement accompagné par qui sait mettre en valeur l'orchestration diaphane de l'œuvre basée sur l'opposition entre bois et cordes. Les interprètes se soucient plus de la justesse de leurs propos que de plastique sonore comme en témoignent les mouvements rapides (Scherzo et Burlesque) où pointe l'ironie mordante et désespérée de Chostakovitch. Triomphe du public qui ne réserva pas moins d'une dizaine de rappels plus que mérités sans pour autant qu'un bis ne fut proposé par le célèbre virtuose.

Les Tableaux d'une Exposition est une des œuvres les plus jouées au monde dans la parure orchestrale de Ravel. Ce soir Masur et ses troupes offraient l'orchestration de Sergueï Gortchakov, conçue en 1955 dans l'espoir d'en faire une version plus conforme à l'esprit soviétique. Autant dire qu'il est difficile de lutter contre le modèle ravélien, bien que l'auteur du Boléro se soit parfois éloigné de l'original pianistique. Stokowski, Ashkenazy ou Naoumoff pour ne citer que les plus célèbres s'y sont affrontés avec plus ou moins de bonheur sans que leurs versions ne se soient imposées. Celle de Sergueï Gortchakov s'ajoute à une liste déjà longue (une quinzaine). La « soviétisation » de ces Tableaux est en effet réussie : on croirait presque, par son effectif pléthorique, sa virtuosité exubérante et ses cuivres tonitruants, entendre une œuvre de Khatchaturian ou du dernier Prokofiev –de nombreux effets d'orchestration proviennent directement de Roméo et Juliette. Gortchakov fait la part belle aux cordes qui se voient confier toutes les Promenades, là ou Ravel privilégiait les vents. La célébrissime entrée reste maintenue aux trompettes, mais perd son coté « appel en fanfare » par une rapide intervention de l'orchestre au complet. Le Gnomus suivant est plus fidèle à l'original pour piano par ses oppositions franches de nuances. Point de saxophone ténor pour le Vieux Château, le thème navigue entre trompette, flûte ou alto solos. Alors que les Tuileries restent proches de Ravel, Bydlo fait ressentir le « sempre pesante » de la partition par ses trombones et tubas à l'unisson. Le Ballet des poussins laisse la part belle aux cordes, utilisées col legno ou en harmoniques, tandis qu'un saxophone soprano remplace la trompette en sourdine dans Samuel Goldenberg et Schmuyle. Le modèle ravélien se fait nettement ressentir dans les morceaux suivants, les trois derniers étant un parangon de la lourdeur orchestrale, malgré une fidélité exemplaire aux rythmiques de la version originale pour piano. tire parti de cette orchestration brillante et empesée pour faire briller ses troupes mais malgré tant d'efforts – et un bref Ballet des poussins en bis — il ne parvient pas à nous convaincre de la réelle utilité de cette nouvelle version découverte ce soir par le public parisien.

Crédit photographique : (c) DR

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. Le 08.IV.2004. Mikhail Glinka : Russlan et Ludmilla, ouverture. Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon et orchestre n°1 en la mineur opus 99. Modest Moussorgski : Tableaux d’une exposition (orchestration de Sergueï Gortchakov). Vadim Repin, violon. Orchestre National de France, direction : Kurt Masur.

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