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Rouen. Théâtre des Arts / Opéra de Rouen-Haute Normandie. 12.II.2004. Bach : Concertos pour clavecins. Céline Frisch, Dirk Börner, Anna Fontana, Constance Lebec, clavecins ; Pablo Valetti, David Plantier, violons ; Patricia Gagnon, alto ; Petr Skalka, violoncelle ; Ludek Brany, contrebasse : Café Zimmermann.
Opéra de Rouen
L'ensemble Café Zimmermann, par son nom comme par le lieu qu'il évoque, semble d'emblée le plus autorisé à jouer les concertos pour plusieurs clavecins de Bach. Ajoutons sans hésiter qu'il l'est aussi par son aisance musicale, comme en témoigne la prestation à laquelle nous avons assisté dans le cadre de l'intéressant cycle « Musique au foyer » proposé par l'Opéra de Rouen. Depuis 1998, solidement soutenus par l'Académie Bach d'Arques La Bataille et leur maison de disques Alpha, les musiciens du Café Zimmermann — au bénéfice d'une excellente formation reçue à la Schola Cantorum de Bâle — approfondissent programme après programme leurs connaissances et mêlent ces dernières à une heureuse ouverture d'esprit.
Ils abordent en effet Bach avec simplicité, et surtout avec une quiétude certaine, bien difficile à arborer face à une écriture aussi dense et globalement allante. Cette quiétude se traduit du côté des solistes par une exécution toujours fluide des traits qui donne ainsi l'impression que le texte est finalement dépouillé, facile, sans la moindre embûche harmonique.
Du Concerto BWV 1064 pour trois clavecins, outre cet effet de fluidité, on retient la légèreté du jeu mélodique d'Anna Fontana et la stabilité des basses de Céline Frisch, surtout dans l'Adagio. Dans l'autre concerto pour trois clavecins, BWV 1063 en ré mineur, la claveciniste confirme sa maîtrise de la carrure et du tempo. Elle paraît la plus impressionnante d'aisance (et pas seulement pour ses cadences), trouvant toujours des phrasés irréprochables, notamment dans l'Alla siciliana en fa majeur. Dirk Börner, maestro « ès hémiole » pour l'Adagio du Concerto BWV 1061 pour deux clavecins, possède un jeu moins sensible mais pas moins assuré. Le dernier concerto (Concerto BWV 1065 pour quatre clavecins) remporte tous les suffrages du public. Anna Fontana, Céline Frisch, Dirk Börner sont rejoints par Constance Lebec, qui donne une touche d'épanouissement musical supplémentaire à l'ensemble. Tous les quatre, flattés par l'écriture généreuse de cette admirable transcription par Bach du célèbre Concerto pour quatre violons de Vivaldi, y livrent leur plus belle interprétation. La prolixité de la variation violonistique de l'Italien, transmise aux claviers par l'attentif Allemand, très soucieux de la rythmique, de l'équilibre et de la faisabilité d'exécution de la partition, s'amplifie presque, se vitalise davantage. Bach redonne tous les trilles, transforme les moulinés de l'archet en formules ornementées et redistribue aux cordes les effets que les claviers ne peuvent recréer. L‘instrumentarium est pour sa part à l'image de son premier violon Pablo Valetti, plein de sobriété et d'attention portée aux solistes. Point de mise en scène corporelle du phrasé « à la Spinosi », point d'hyperactivité des basses comme on l'entend parfois. Le petit orchestre se cantonne pertinemment dans le maintien d'un fil conducteur, d'une ligne au service de la pensée foisonnante de celles qui se destinent aux clavecins : Tout un art !
Crédit photographique : (c) DR
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Rouen. Théâtre des Arts / Opéra de Rouen-Haute Normandie. 12.II.2004. Bach : Concertos pour clavecins. Céline Frisch, Dirk Börner, Anna Fontana, Constance Lebec, clavecins ; Pablo Valetti, David Plantier, violons ; Patricia Gagnon, alto ; Petr Skalka, violoncelle ; Ludek Brany, contrebasse : Café Zimmermann.