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Toulouse. Halle aux Grains. 1-II-2004. Giacomo Puccini : Messa di Gloria. Tomislav Muzek (ténor), Ludovic Tézier (baryton). Ruggero Leoncavallo : I Pagliacci (version concert). Vladimir Galouzine (Canio), Nicoleta Ardelea (Nedda), Seng Hyoun Ko (Tonio), Luigi Petroni (Peppe), Ludovic Tézier (Silvio). Orchestre et chœurs du Capitole de Toulouse, Maurizio Arena (direction).

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Curieuse idée de réunir lors d'un même concert une Messe d'un Puccini encore étudiant et l'opéra « coup de poing » d'un Leoncavallo déjà confirmé.

On n'imagine guère réunir ainsi, par exemple, le Requiem allemand de Brahms et le premier acte de La Walkyrie de Wagner sous le prétexte qu'il s'agit de deux compositeurs allemands contemporains !! Mais passons, si leur destination première est toute différente, il s'agit après tout de deux très belles œuvres.

La Messe de Gloria, véritablement Messe à quatre voix avec orchestre, offre un ensemble un peu décousu de passages où se sentent les influences diverses du jeune Puccini — Verdi, Rossini, Bellini entre autres — et montre surtout sa dextérité dans la maniement de toutes les formes musicales, du chœur à la manière de Nabucco de Verdi (« Qui tollis peccata mundi »), jusqu'à la fugue la plus experte (« Cum santo spirito »). Quoique très plaisante et bien écrite, cette partition, la plus importante de ses pages de jeunesse, ne saurait cependant compter au nombre de ses chefs-d'œuvre.

L'œuvre fait avant tout la part belle au chœur, n'offrant que quelques interventions au solistes, et c'est donc sur lui avant tout que repose le succès de l'interprétation. Les progrès très nets du chœur du Capitole, déjà salués, sont encore à remarquer ici. Certains passages parmi les moins démonstratifs (« Qui tollis peccata mundi » ou début du « Sanctus », par exemple) montrent la bonne homogénéité des pupitres masculins, mais des sopranes peu nuancées entachent parfois les passages les plus dramatiques de couleurs agressives et d'un vibrato importun. Dommage, pas assez cependant pour grever une interprétation par ailleurs très professionnelle.

Maurizio Arena dirige l'œuvre de façon unitaire, plus préoccupé de mouvement que de finesse des détails, et il faut bien dire que la mise en place connaît quelques lourdeurs, défauts également observés dans un Paillasse enlevé et vivant mais guère précis ou raffiné. Belle prestation des solistes, très nuancée. Le jeune ténor Tomislav Muzek fait valoir une voix claire au timbre agréable, mais le chant n'a pas de personnalité particulière, tandis que apporte à sa partie une autorité plus nette et une présence supérieure.

Pagliacci était l'occasion pour le ténor d'offrir aux Toulousains la primeur de son Canio, qu'il chantera bientôt sur la scène de Metropolitan Opera. Il offre un chant certes solide mais tout en force et sans éclat particulier; la voix, privée de métal, n'a pas la netteté et l'impact que l'on pourrait être en droit d'attendre, et l'absence totale de nuances prive de ses subtilités l'écriture de Leoncavallo. Certes les notes sont là, avec un aigu plus sonore qu'éclatant, et la conviction de l'interprète est patente : l'œuvre fonctionne sans que l'oreille s'en trouve toujours comblée.

possède un physique charmeur, à peine terni par une invraisemblable robe qui la fait ressembler à quelque bonbon fourré, et une présence dramatique certaine. Elle vit le drame, ses gestes sont justes, ses inflexions touchantes. Le timbre, sans rondeur, ne possède par contre pas la même séduction. Il serait néanmoins très intéressant de revoir cette interprète en scène pour pouvoir juger de ses talents d'actrice, évidents même en version concert.

, figé derrière son pupitre, semble à peine présent. Le chant est certes magnifique, toujours raffiné, mais, au contraire de la soprano, cette absence d'implication dramatique déçoit. Il est presque comique de voir l'ardente empoigner, implorer et charmer un partenaire si totalement impassible.

Anecdotique Peppe de Luigi Petroni, ténor léger à la voix vinaigrée.

Seng Hyoun Ko, a été le vrai héros de ce Paillasse. Aisance vocale stupéfiante, legato impeccable, timbre percutant, la cause était entendue dès le Prologue, le triomphe assuré ! Baryton « noir » à la puissance étonnante, capable sans le moindre effort de soutenir les tutti les plus fracassants, il n'en oublie pas pour autant de nuancer son chant et la variété des accents n'est pas moins étonnante que l'ampleur de ses moyens. Brillante révélation d'une voix sans aucun doute unique, et l'on se demande bien pourquoi sa notoriété est encore si modeste. L'acteur est sincère mais plus conventionnel, un peu figé dans des attitudes de traître de mélodrame. Bien dirigé par un metteur en scène talentueux, quel Rigoletto ou quel Iago il doit être ! On attendra donc avec impatience son Enrico de Lucia di Lamermoor annoncé pour la saison prochaine.

Crédit photographique : © DR

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