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Alberto Ginastera : concerto pour harpe ; variaciones concertantes ; concerto pour cordes. Marie-Pierre Langlamet, harpe ; Zgibniew Kornowicz, Joanna Rezler, violons ; Marie-Claire Méreaux, alto ; Laurent Rannou, violoncelle. Orchestre de Picardie, direction : Edmon Colomer. Enregistrement (studio) fait en juin 2001 et janvier 2002 au Théâtre Impérial de Compiègne. DDD. 1 CD Assai 222282. TT : 62’. Notice trilingue. Nouveauté 2003.
AssaiL'argentin Alberto Ginastera est peut-être le seul compositeur sud-américain — avec le brésilien Heitor Villa-Lobos — à voir ses œuvres honorées au disque par des artistes européens. Peut-être est-ce dû, à l'instar de son confrère lusophone, au fait qu'il ait vécu sur le Vieux Continent ? Quoi qu'il en soit, sa musique connaît un certain regain d'intérêt ces dernières années, au point que Renée Auphan, actuelle directrice artistique de l'Opéra de Marseille, avait monté un de ses opéras — Beatrix Cenci — pour son ultime saison au Grand Théâtre de Genève.
Le concerto pour harpe est certainement l'œuvre de Ginastera la plus enregistrée, avec sa 1ère sonate pour piano et les Danses de Estancias. La création (succédant à près de neuf années d'attente) a été assurée en 1965 par Nicanor Zabaleta et l'orchestre de Philadelphie, dirigé par Eugene Ormandy, pas moins ! Marie-Pierre Langlamet et Edmon Colomer privilégient dans leurs lectures l'aspect « sauvage » et rêche de cette partition, en faisant ressortir son âpreté rythmique dans laquelle planent les ombres de Stravinsky et Bartok. Le caractère « dansant » aux origines latino-américaines — surtout dans le troisième mouvement, introduit par un accord de harpe formé des notes des cordes à vide de la guitare et suivi d'une vigoureuse malambo à 6/8 — est toujours mis en avant par les interprètes, comme une signature omniprésente du compositeur. Une alternative intéressante à la superbe version d'Isabelle Moretti & David Robertson (orchestre national de Lyon, 1 CD Naïve) qui, de son côté, privilégie la flamboyante orchestration de l'œuvre et accentue la dette de Ginastera envers Ravel.
Les œuvres qui suivent appartiennent au genre du concerto grosso tel qu'il existait au XVIII° siècle, à savoir des pièces mettant en valeur les différents pupitres de l'orchestre. Les Variaciones concertantes, d'esprit néoclassiques, sont unifiées autour d'un thème fait d'empilement de quartes — toujours cette référence de l'accord à vide de la guitare, que l'on retrouve aussi dans nombre de morceaux d'Albeniz ou Falla ! — énoncé au début de chaque variation. Intéressantes sans être pour autant inoubliables, ces pages ont pour mérite d'être fort bien écrites ; et sont en outre un idéal « morceau de bravoure » pour orchestre.
A l'inverse, le Concerto pour cordes est d'une écriture bien plus moderne que les deux œuvres précédentes. Ginastera, influencé par Stravinsky et Ravel, sensible au courant néo-classique alors en vogue, n'en admirait pas moins le post-expressionnisme allemand et la seconde école de Vienne. Ce concerto oppose un quatuor de solistes traité en concertino, au ripieno fait de l'ensemble des cordes. Le compositeur joue ici avec des oppositions d'ambiances, faites de longues tenues agrémentées de glissandi (adagio angoscioso) ; ou au contraire de traits virtuoses en tremando ponctués de pizzicati « Bartok ». Ici aussi Edmon Colomer et ses troupes — qu'il a quittées il y a quelques mois, léguant sa place au chef français Pascal Verrot — accentue l'écriture âpre et rythmique de cette partition. De la mélodie tourmentée initiale du violon solo à la furie païenne du dernier mouvement, ce Concerto pour cordes affirme sa place dans ce genre de production du XX° siècle aux cotés de la musique pour cordes de Bartok ou du double concerto de Martinu.
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Alberto Ginastera : concerto pour harpe ; variaciones concertantes ; concerto pour cordes. Marie-Pierre Langlamet, harpe ; Zgibniew Kornowicz, Joanna Rezler, violons ; Marie-Claire Méreaux, alto ; Laurent Rannou, violoncelle. Orchestre de Picardie, direction : Edmon Colomer. Enregistrement (studio) fait en juin 2001 et janvier 2002 au Théâtre Impérial de Compiègne. DDD. 1 CD Assai 222282. TT : 62’. Notice trilingue. Nouveauté 2003.
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