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Carl Nielsen : Concerto pour violon et orchestre opus 33, Violon : Silvia Marcovici. Symphonie N° 1 opus 7. Orchestre National de Montpellier . Direction Yoel Levi. Enregistrement réalisé au « Corum » de Montpellier le 9/11/2001. Réf : 476 094-4. Durée : 69’09’’. Accord, 2003.
AccordL'Orchestre National de Montpellier s'est évertué, depuis sa création, pour notre plus grande soif de connaissance, à choisir des compositeurs ou des oeuvres peu connus en France. Cette initiative pédagogique nous a, par exemple, permis d'entendre un des tout premiers opéras de Puccini, « Edgar ».
Cette fois, il s'agit de l'enregistrement réalisé le 9 novembre 2001, salle du Corum à Montpellier, du Concerto pour violon op. 33 et de la Première symphonie op. 7 de Carl Nielsen. L'opus 33, sous l'archet de Silvia Marcovici et la baguette de Yoel Levi semble étonnamment facile et limpide. Ecrit cinq années avant celui, si célèbre, de Sibelius, il prend naturellement place dans le répertoire du violoniste aux cotés des réussites de Mendelssohn, Brahms. Emblème de la musique scandinave – éclipsant son rival Rued Langaard, autre Danois de génie – il est souvent confronté à la réputation de l'inévitable finnois, barde nordique ! Carl Nielsen, lui même violoniste, édifie un singulier concerto en deux parties distinctes, déroutant, sans cadence : il subvertit le rythme des trois mouvements de la forme classique, supposé incontournable à l'époque.
Créé en même temps que sa troisième symphonie, celui-ci fut relégué dans l'ombre au profit de cette dernière, appelée « Symphonie Espansiva ». Le talent indiscutable de Silvia Marcovici – reconnu au plan international – est à la hauteur de son premier prix Long/Thibaut. Déplorons cependant l'absence d'informations relatives à cette artiste dans la notice de présentation du disque. Son jeu fluide et précis nous emporte dans les sphères musicales septentrionales passant des grands espaces désertiques et froids à la chaleur des âmes humaines.
La Symphonie N° 1, œuvre maîtresse de Carl Nielsen, annonce le fil conducteur d'un mode de construction personnel et novateur pour l'époque. Commencer dans une tonalité et finir dans une autre, n'avait pas encore été osé dans l'histoire du genre. Dédiée à son épouse, la partition regorge d'énergie et d'hommages explicites à ses pères spirituels tels Brahms, Dvorak, et Svendsen. En outre, elle est riche en fulgurances expressionnistes, à l'image de ce XIXe siècle finissant ; lequel donne naissance à une frénésie de nouveautés.
Ce langage puissant, sculpté au burin, est vraisemblablement avant-gardiste : son écoute nous replonge dans une époque en attente d'émotion forte, sans avoir encore été confronté aux grandes mutations artistiques et technologiques du XXe siècle. Ce qui pourrait sembler désuet aujourd'hui possède ce souffle de modernité intemporelle nous permettant d'apprécier un maître du « courant » néo-classique. Rappelons que l'on manque actuellement d'un autre enregistrement de cette Première symphonie : une intégrale dirigée par Neeme Järvi (Gothenburg Symphony Orchestra, 1993 DGG, hélas épuisé). L'Orchestre National de Montpellier complète efficacement ce choix.
Pour se rapprocher de cet orchestrateur méconnu : l'album Naxos, qui regroupe intelligemment ses trois Concertos (pour violon, clarinette et flûte). Et un ouvrage très complet : Carl Nielsen, Vie et Oeuvre par Jean-Luc Caron aux éditions « l'Âge d'Homme » (1990).
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Carl Nielsen : Concerto pour violon et orchestre opus 33, Violon : Silvia Marcovici. Symphonie N° 1 opus 7. Orchestre National de Montpellier . Direction Yoel Levi. Enregistrement réalisé au « Corum » de Montpellier le 9/11/2001. Réf : 476 094-4. Durée : 69’09’’. Accord, 2003.
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