Éditos

Optimisme, malgré tout

C’est la rentrée !

Chaque année, la rentrée musicale est toujours plus avancée dans le temps. Non seulement à Paris mais aussi en régions. Comme s’il fallait à tous occuper l’espace par une course effrénée contre le temps, les institutions se bousculent pour être les premières à créer l’événement de la rentrée. Au point que le mélomane n’a pas même l’aptitude de respirer entre les festivals, qui perdurent l’automne venu, tels Ambronay pour la musique ancienne, Musica pour la création contemporaine, le Festival d’Automne à Paris ou Besançon. Ce dernier, et tous ceux qui se déploient sur les deux premières semaines de septembre qui attiraient quantité de touristes avides de musique sont contraints de conquérir de nouveaux publics, plus locaux, dont les pensées sont au même moment accaparées par le quotidien. A moins de changer carrément de date, comme Les Musicades de Lyon, dont la périodicité bascule, après un concert de transition, de début septembre à mars.

Alors que les intermittents cherchent de nouveaux moyens de se faire entendre, laissant craindre le pire aux directeurs de salles, plus particulièrement le Théâtre de la Ville que le collectif des intermittents d’Ile-de-France a choisi pour symbole de ses luttes, les régions n’étant pas en reste, comme le Languedoc-Roussillon et les Pays de la Loire, dont les collectifs d’intermittents respectifs menacent de bloquer les théâtres, l’Opéra de Paris tourne déjà à plein régime (une reprise dans chaque salle et une nouvelle production en répétitions), les orchestres ont lancé leurs saisons respectives, le Châtelet est en répétitions des Troyens de Berlioz, rendez-vous majeur de « l’Année Berlioz »…

Bref, cette offre a de quoi donner le tournis, comme s’il fallait à tout prix aider le mélomane à oublier les pressions et soucis de toutes sortes dont il est l’objet. Pourtant, parallèlement à ces interrogations, professionnels et mélomanes peuvent s’autoriser à l’optimisme grâce aux nombreux jeunes musiciens en formation, tous plus doués les uns que les autres, qui, dans la perspective d’une carrière dans les métiers qu’ils se sont choisis, se bousculent pour travailler la musique au sein d’institutions pédagogiques qui leur sont réservées, des master classes de musique de chambre jusqu’à l’orchestre symphonique. Et ce n’est plus exclusivement dans les deux Conservatoires nationaux supérieurs de musique que se préparent les futurs musiciens d’orchestres. Preuve en est le fait qu’aucun pupitre de violons du remarquable Orchestre Français des Jeunes de la session de l’été 2003 n’en émane. Ecoles nationales de musique et Conservatoires nationaux de régions sont désormais d’excellents pourvoyeurs de jeunes talents, ce dont se félicite Emmanuel Krivine, directeur musical de l’OFJ, qui constatait en début de cession à Dijon que depuis qu’il a repris les rênes de cet orchestre voilà trois ans, il n’a jamais eu à sa disposition un ensemble de cordes aussi homogène et virtuose que celui de cette année. De quoi pousser à l’ optimisme…

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