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Ensemble 415 – Une nymphe conquise

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Giovanni Bononcini (1670-1747) Cantate La Nemica d’Amore fatta amante. Adriana Fernandez (soprano), Martin Oro (alto), Furio Zanasi (baryton). Ensemble 415. Direction : Chiara Banchini. 1 CD , Edition : Zig Zag Territoires ZZT 030801 Belle présentation, texte bien documenté et intéressant, livret traduit en français. Bonne prise de son riche en harmoniques, claire et vaste, malgré quelques saturations occasionnelles.

 

Musicien de la cour de Léopold Ier puis de Joseph Ier à Vienne durant près de quinze ans, est surtout connu pour avoir été un instant le rival de Haendel à Londres, ville qu'il a dû quitter pour une sombre histoire de plagiat. Après avoir été l'un des musiciens les plus fêtés d'Europe, il est mort dans la misère à Vienne. Reconnu comme l'un des meilleurs compositeurs d'opéras du début du XVIII° siècle, notamment avec sa Griselda naguère enregistrée par Joan Sutherland, Bononcini est également l'auteur d'un catalogue impressionnant couvrant tous les genres : musique de chambre, cantates profanes, madrigaux, musique religieuse.

Le label français Zig Zag Territoires offre aujourd'hui l'occasion de redécouvrir l'une de ces cantates composée alors qu'il avait 23 ans, La Nemica d'Amore fatta amante, petit opéra à trois personnages dont l'intrigue presque inexistante n'est que prétexte à enfilade d'airs explorant toute la palette des sentiments, tendresse, colère, douleur, joie.

Bononcini réussit fort bien les airs d'expression tendre ou plaintive, où son sens du chromatisme expressif fait merveille, les frottements donnant aux affetti un trouble harmonique très prenant. Deux airs mélancoliques avec accompagnement de violoncelle ou de violon sont d'ailleurs d'authentiques bijoux. Pour les airs plus énergiques, il cède le pas à Haendel, son harmonie se faisant ici plus conventionnelle et les tournures mélodiques plus convenues que celle de son rival saxon, plus imaginatif. Néanmoins, cette cantate est une très jolie découverte pleine de charme, s'écoutant avec d'autant plus de plaisir qu'elle est fort bien défendue.

En effet, on ne peut qu'adresser des louanges à et à son , véritable moteur de l'action, sachant passer de la plus grande délicatesse à la vivacité la plus débridée sans rien perdre en homogénéité ni en splendeur sonore. Mentions spéciales au magnifique violoncelle de Gaetano Nasillo, d'une expressivité enchanteresse, et au continuo très imaginatif et éloquent qui relance constamment l'intérêt du récitatif et l'animation des dialogues.

Face à tant d'ardeur, les chanteurs paraissent parfois un rien sur leur quant-à-soi, malgré leurs qualités. Adriana Fernandez prête à Tirsi un timbre très pur, une technique éprouvée et un réel investissement dramatique, notamment dans des récitatifs très vivants. Le timbre léger bride peut-être l'expression de quelques airs que l'on souhaiterait plus passionnés. Face à elle, la voix de l'alto Martin Oro – que la pochette présente comme contre-ténor, mais où est la voix mixte, en ce cas ? – connaît certaines fragilités d'intonation. Surtout, l'expression trop égale fait sentir dans quelques airs une réactivité insuffisante du chanteur face aux splendeurs de l'orchestre, partout également magnifique. La bonne prestation de offre voix et incarnation solides.

Malgré ce léger déséquilibre, cette jolie nymphe méritait un berger plus conquérant, une belle version d'une œuvre mineure mais charmante, servie par un orchestre magistral et trois très bons chanteurs, moins investis que les instrumentistes. Attendons maintenant Endimione ou Griselda pour nous prononcer sur le talent du compositeur.

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Giovanni Bononcini (1670-1747) Cantate La Nemica d’Amore fatta amante. Adriana Fernandez (soprano), Martin Oro (alto), Furio Zanasi (baryton). Ensemble 415. Direction : Chiara Banchini. 1 CD , Edition : Zig Zag Territoires ZZT 030801 Belle présentation, texte bien documenté et intéressant, livret traduit en français. Bonne prise de son riche en harmoniques, claire et vaste, malgré quelques saturations occasionnelles.

 
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