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Tristan, Mimi et Idoménée font les beaux soirs des heureux festivaliers Britanniques

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Glyndebourne Festival Opera. 4 et 5.VII.2003. Richard Wagner (1813-1883), Tristan une Isolde. Nina Stemme, Robert Gambill, Bo Skovus, Yvonne Wiedstruck, Peter Rose. Mise en scène : Nikolaus Lehnhoff. Direction : Jirí Belohlávek. London Philharmonic Orchestra. Décors : Roland Aeschlimann. Giacomo Puccini (1858-1924), La Bohème. Mise en scène David McVicar. Rolando Villazon, Nathan Gunn, Elisabeth Norberg-Schulz, Giuseppina Piunti. London Philharmonic Orchestra. Direction : Mark Wigglesworth. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Idomeneo, re di Creta. Mise en scène : Peter Sellars. Direction : Simon Rattle. Magdalena Kozená, Christiane Oelze, Anne Schwanewilms, Philip Langridge. Glyndebourne Chorus. Choregraphie : Mark Morris.

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Le Festival d'opéra de Glyndebourne a ouvert dans la sérénité son édition 2003 avec deux superbes nouvelles productions de Tristan und Isolde de Wagner, une première pour ce festival, et d'Idomeneo de Mozart, ainsi que la reprise d'une Bohème de Puccini très actualisée.

Tristan, Robert Gambill et Isolde, Nina Stemme Poignant Tristan

C'est avec Tristan et Isolde que le Festival de Glyndebourne 2003 a ouvert, grande réussite du metteur en scène allemand , artisan du cycle Janácek qui a triomphé sur cette scène dans les années quatre-vingt-dix, et qui fut, à ses débuts, l'un des assistants de Wieland Wagner pour son fameux Tristan de 1962 à Bayreuth. Hormis quelques extraits symphoniques, Wagner n'avait jamais été joué dans ce festival anglais, bien que cela eût toujours été le rêve de son fondateur John Christie et, plus tardivement, un projet plusieurs fois remis. Cependant pour un coup d'essai, ce Tristan est un coup de maître ! Mise en scène poignante, distribution sans faute ne comprenant que des débutants dans leurs rôles respectifs, révélation d'une grande Isolde, la Suédoise et direction musicale passionnante du chef tchèque Jirí Belohlávek, lui aussi dirigeant l'œuvre pour la première fois, à la tête d'un superlatif de timbres et de texture. Comme décor unique, Roland Aeschlimann a créé un dispositif frontal elliptique figurant la coque d'un navire qui, à la manière d'un œil d'appareil photographique, permet de concentrer l'attention sur le cœur de l'action, et de faire de Tristan un opéra de chambre, effet d'autant plus renforcé grâce à des éclairages prodigieux qui projettent les protagonistes dans des climats propices à toutes les phases de l'évolution du drame. La direction d'acteur très précise de Lehnhoff qui tend à humaniser les personnages, les extraire du mythe, a d'autant plus d'impact que tous les chanteurs ont le physique de leur rôle. , qui reprend le flambeau des grandes Isolde scandinaves, en possède les moyens vocaux considérables, une diction parfaite, un respect scrupuleux des notes et, de surcroît, le caractère terriblement véhément du personnage. Son interprétation du nocturne du second acte restera, en dépit de la grande coupure faite, un moment inoubliable. Doté lui aussi d'une voix qui lui permet d'être à la hauteur sans jamais forcer, s'est montré un partenaire idéal, et son jeu scénique constamment tendu dans le redoutable monologue du troisième acte signe, là, un véritable tempérament d'acteur. Bo Skovus, remarquable interprète de Kurwenal et Yvonne Wiedstruck, Brangäne assez inégale, et le Roi Marke très humain de complétaient cette magnifique distribution.

Une Bohème fin de XXe siècle

La Bohème (Puccini)

La Bohème, première reprise de cette édition, est un spectacle simple dans ses moyens qui a été réalisé en 2000 pour la tournée que donne chaque hiver le Festival dans plusieurs villes du Royaume-Uni (et non à l'inverse comme c'est le cas habituellement). Partant, de ce qui souvent est une fausse bonne idée, la transposition de l'action un siècle plus tard, il convainc sans peine car , dont on n'attendait pas moins après sa formidable Carmen de l'an passé, n'a pas cherché à mettre en scène autre chose que la simplicité des sentiments exprimés dans un des opéras les plus populaires du répertoire. Les émois des premières amours et le désarroi devant la mort sont des émotions universelles, et la bande de jeunes stressés dans une fin de vingtième siècle un peu déluré que propose McVicar vaut bien, en cela, le quatuor un peu caricatural de «bohémiens» du Paris d'. Pari aussi sur la simplicité de la distribution : seul le Mexicain Rolando Villazon est une valeur du chant international (il devrait être Alfredo de La Traviata d'Orange cet été) et de fait, il est en Rodolfo le meilleur avec une voix de volume moyen mais de superbes phrasés et beaucoup d'émotion. Il n'éclipse en rien ses compagnons de bohème, seul le Marcello de se distinguant par une plastique exceptionnelle et un jeu plus personnel. Mimi, Elisabeth Norberg-Schulz et Musette, Giuseppina Piunti s'équilibrent aussi dans leurs qualités et leurs défauts. Le et le chef britannique , tous deux «naïfs» devant cette œuvre qu'ils n'ont jamais jouée auparavant, tissent un tissu sonore luxueux, dégraissé des mauvaises habitudes de la tradition, à cette Bohème qui n'aura jamais aussi bien démontré l'absolue nécessité, autant musicalement que dramatiquement, de n'en laisser voir que la simplicité des passions élémentaires.

Idomeneo selon Rattle, en dépit de Sellars

Idomeneo de Mozart est un opéra dans la tradition de Glyndebourne qui a été l'une des premières scènes à le réhabiliter, dès 1951, avec des noms comme , Sena Jurinac, Leopold Simoneau. , Gundula Janowitz et qui firent des apparitions dans cette fameuse production de Carl Ebert à l'affiche jusqu'en 1964. Pour la quatrième production de l'œuvre, on avait fait appel à deux habitués du lieu, le metteur en scène américain , et le Britannique , actuel chef des Berliner Philharmoniker. On peut résumer en une phrase le travail de et de son équipe en déplorant un mélange de styles rabâché où hardes et treillis n'apportent plus rien d'excitant sur scène mais, en louant une direction d'acteurs qui met les personnages vraiment à nu et les montrent dans leur vérité dramatique. Á la tête de l'Orchestre de L'Âge des Lumières, a donné une lecture passionnante de cette partition qu'il avait choisi, au risque de déséquilibrer la soirée –ce qui n'a pas manqué, la seconde partie étant beaucoup trop longue – de jouer dans la mouture originale munichoise de 1781 sans coupure et de la conclure par la magnifique musique de ballet qui est généralement sacrifiée. On ne peut rêver, aujourd'hui, plus belle distribution que celle réunie avec l'Idamante débordant de sincérité de Magdalena Kozená, l'Ilia poignante de Christiane œlze, l'Elettra véhémente d'. qui est titulaire du rôle-titre sur cette scène depuis 1983 y est toujours aussi déchirant sinon à la hauteur de ses difficultés techniques. Le chœur, si important dans cet ouvrage, était extrêmement bien tenu par le Glyndebourne Chorus. On a connu Mark Morris plus inspiré que dans l'embryon de chorégraphie qui tombait comme un cheveu sur la soupe après le merveilleux troisième acte déjà passablement longuet. Plus tard, cet été, Sellars reprendra sa production de Theodora de Haendel (1996) et Johann Strauss II partagera avec Wagner, dans un répertoire plus léger, le privilège de faire ses débuts dans les verdoyantes collines du Sussex avec Die Fledermaus, curieuse intrusion d'une opérette viennoise dans un jardin anglais !

Crédit photographique : © DR

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