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Monaco. Hôtel de Paris, Salle de l’Empire. 25.IV.2003. Jean-Sébastien Bach, Suite n° 3 pour violoncelle ; Philippe Leroux, 3 bs, rue d’insister pour clarinette, violon, alto, violoncelle et piano ; Maurizio Kagel, Ludwig van, pour divers instruments ou ensemble ; Ludwig van Beethoven, Sonate n° 32 op. 111 (premier mouvement) ; Igor Stravinsky, Trois Pièces pour clarinette ; Anton Webern, Quatre Petites Pièces op. 7 pour violon et piano, Trois Petites Pièces op. 11 pour violoncelle et piano ; Morton Feldman, The King of Denmark pour percussion ; Robert Schumann, Märchenzählungen op. 132 pour clarinette, alto et piano ; Franz Schubert, Trio pour violon, violoncelle et piano D. 897 (Adagio). Ensemble Traverses (Romain Guyot, Marina Chiche, Nicolas Bone, Marc Coppey, Jérôme Ducros, Florent Jodelet)
Monaco. Gare SNCF. 26.IV.2003. John Cage, Quartet pour percussions (quatrième mouvement). Elèves de l’Académie de Musique Prince Rainier III. Direction : Christian Hamouy.
Monaco. Grimaldi Forum, Espace Diaghilev. 26.IV.2003. Nuit italienne. Concert de jazz (1). Petit café-concert futuriste des Bruitistes italiens (2). Gioacchino Rossini : 7 Péchés de ma vieillesse (extraits) (3). Luigi Nono, Post-Prae-Ludium n° 1 « Donau » pour tuba et électronique « live » (4) ; A Pierre. Dell’azzurro silenzio, inquietum, pour flûte basse, clarinette contrebasse et électronique « live » (5). Musiques populaires de Gênes (6). Luciano Berio : Folk Songs pour mezzo-soprano et 7 instruments (7). La contemplation amoureuse dans l’Italie des XIIIe et XIVe siècles (8). Stefano di Battista Quartet (1) ; Fondation Russolo-Pratella (2) ; Gemma Bertagnolli et Antonio Ballista (3) ; Giancarlo Schiaffini (4), Roberto Fabbriciani, Ciro Scarponi (5) ; La Squadra (6) ; Adria Mortari, Ensemble Apostrophe, direction : Marco Guidarini (7) ; Ensemble Organum, direction : Marcel Pérès (8).
La dix-neuvième édition du Printemps des Arts organisé par la paisible Principauté de Monaco a été placée sous le signe de la prise de fonction comme directeur artistique du compositeur que d'aucuns considèrent comme le plus iconoclaste de sa génération, en digne élève de Maurizio Kagel, le Français Marc Monnet.
Ce qui n'empêche pas cet «agitateur musical » d'avoir déjà largement démontré son talent d'organisateur par les programmations qu'il a assurées dans le cadre de ses résidences sur les scènes nationales de la Filature de Mulhouse et de l'Hippodrome de Douais. Bien qu'il refuse d'enseigner, Monnet n'en est pas moins un acteur engagé de la vie de la cité et aime à dialoguer avec les publics les plus divers. «Il y a deux ans, venu à Monaco avec les Percussions de Strasbourg pour un concert consacré à Bibilolo*, rappelle le compositeur, la direction des Affaires culturelles de la principauté m'a offert la responsabilité du Printemps des Arts. N'y croyant pas, je me suis dit qu'ils s'étaient trompés de personnes, si bien que je décidais de me faire plaisir en concevant une programmation extrême. Mais, contre toute attente, mon projet a été ratifié. Carte blanche m'a été donnée, avec le soutien de la princesse Caroline.» Souhaitant amplifier l'aspect événementiel de la manifestation, le compositeur l'a resserrée sur dix jours au lieu d'un mois, choisi une nouvelle charte graphique, créé des «nuits musicales», intégré divers lieux de la cité, de la gare SNCF au Grimaldi Forum en passant par les salles d'apparat des palaces monégasques, et associé l'ensemble des institutions culturelles de la principauté (Opéra, Orchestre Philharmonique, Ballets de Monte-Carlo, Académie de Musique – dont les élèves de la classe de percussion dirigée par Christian Hamouy, membre fondateur des Percussions de Strasbourg, ont donné le premier week-end sur le quai de la gare de Monaco le quatrième mouvement du Quartet pour percussion de John Cage –, et Ecole Municipale d'Arts plastiques). Le Printemps des Arts version Marc Monnet entend ainsi intégrer davantage le public monégasque tout en attirant les nombreux étrangers de passage. «Ma programmation se veut la plus large possible, couvrant du XIIe siècle au XXIe, insiste Monnet, et j'entends introduire davantage la notion de commande d'œuvres nouvelles que je financerai en prélevant une part du budget du festival qui s'élève aujourd'hui à de 0,9 ME. Car j'entends sortir la musique contemporaine du ghetto où l'a conduite l'émergence, après guerre, des ensembles instrumentaux spécialisés qui ont certes joué un rôle qualitatif capital mais a eu pour corollaire son isolement. Il nous faut désormais à tout prix associer étroitement contemporains et classiques. Mais je ne crois pour autant à la notion de masse, je préfère avoir dix personnes dans une salle qui resteront marquées à vie que quarante mille qui auront assisté à un événement médiatique.»
C'est dans la Salle de l'Empire de l'Hôtel de Paris que s'est ouverte la première édition du Printemps des Arts nouvelle formule sur un concert de l'ensemble Traverses, formation non permanente et à géométrie variable placée sous l'égide de Marc Monnet et qui réunit quelques-uns des meilleurs instrumentistes des jeunes générations. Les programmes de Monnet, conçus tels des menus de gourmet, se dégustent dans la durée, d'où une longueur inaccoutumée. Ainsi, au son des assiettes et des couverts qui s'entrechoquent durant l'exécution des œuvres les plus délicates, le public huppé a pu écouter une exquise création signée par l'un des compositeurs les plus imaginatifs de sa génération, Philippe Leroux (1959), qui a écrit pour la circonstance 3 bis, rue d'insister pour clarinette, violon, alto, violoncelle et piano, œuvre qui débute comme du Pérotin et se conclut dans un savoureux désordre remarquablement… structuré. Ces pièces qui ont permis à leurs interprètes de s'amuser comme des enfants étaient précédées par la Suite n° 3 pour violoncelle de Bach, que Marc Coppey a jouée avec hâte, et suivies du Ludwig van de Kagel tout aussi délirant que les pages de Leroux et qui introduisait le mouvement initial de la Sonate op. 111 de Beethoven prestement interprété par Jérôme Ducros. Mais le meilleur moment de ce concert inaugural a en a été le volet central. Données sans interruption et sous une lumière blafarde, les Pièces pour clarinette d'Igor Stravinsky, pour violon et piano et pour violoncelle et piano d'Anton Webern, et The King of Denmark pour percussion de Morton Feldman ont été des instants de grâce pure sous les doigts de Romain Guyot (clarinette), Marina Chiche (violon), Marc Coppey (violoncelle), Jérôme Ducros (piano) et Florent Jodelet (percussion). En revanche, sans doute sous l'empire de la fatigue de la violoniste, le splendide Adagio du Trio pour piano de Schubert est apparu interminable. Le lendemain, après que l'ensemble de vénerie Le Débûché de Paris eut parcouru la ville de Monaco en grand uniforme d'apparat, c'est un rendez-vous marathon qui fut offert Espace Diaghilev du tout nouveau Grimaldi Forum où, dans une sorte d'auberge espagnole de la musique… italienne, sept concerts attendaient le public. Donnés simultanément, ils couvraient dix siècle de création, du Moyen Age, avec l'Ensemble Organum de Marcel Pérès, au jazz, avec le Stefano di Battista Quartet, en passant par les musiques populaires – Folk Songs de Berio interprétés par l'ensemble niçois Apostrophe de Marco Guidarini et de splendides chants génois par les huit chanteurs de La Squadra – , et au bel canto rossinien, avec des extraits des Péchés de ma vieillesse interprétés avec humour par la chanteuse Gemma Bertagnolli et le pianiste Antonio Battista, jusqu'au délire le plus extravagant, avec un Petit café futuriste des bruitistes italiens des années vingt animé par la délirante Rossane Maggia, et à la musique la plus précieuse de Luigi Nono qui a malheureusement souffert de la proximité du bar.
* 1 CD Universal
Crédit photographique : Eric Mathon/MITI
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Monaco. Hôtel de Paris, Salle de l’Empire. 25.IV.2003. Jean-Sébastien Bach, Suite n° 3 pour violoncelle ; Philippe Leroux, 3 bs, rue d’insister pour clarinette, violon, alto, violoncelle et piano ; Maurizio Kagel, Ludwig van, pour divers instruments ou ensemble ; Ludwig van Beethoven, Sonate n° 32 op. 111 (premier mouvement) ; Igor Stravinsky, Trois Pièces pour clarinette ; Anton Webern, Quatre Petites Pièces op. 7 pour violon et piano, Trois Petites Pièces op. 11 pour violoncelle et piano ; Morton Feldman, The King of Denmark pour percussion ; Robert Schumann, Märchenzählungen op. 132 pour clarinette, alto et piano ; Franz Schubert, Trio pour violon, violoncelle et piano D. 897 (Adagio). Ensemble Traverses (Romain Guyot, Marina Chiche, Nicolas Bone, Marc Coppey, Jérôme Ducros, Florent Jodelet)
Monaco. Gare SNCF. 26.IV.2003. John Cage, Quartet pour percussions (quatrième mouvement). Elèves de l’Académie de Musique Prince Rainier III. Direction : Christian Hamouy.
Monaco. Grimaldi Forum, Espace Diaghilev. 26.IV.2003. Nuit italienne. Concert de jazz (1). Petit café-concert futuriste des Bruitistes italiens (2). Gioacchino Rossini : 7 Péchés de ma vieillesse (extraits) (3). Luigi Nono, Post-Prae-Ludium n° 1 « Donau » pour tuba et électronique « live » (4) ; A Pierre. Dell’azzurro silenzio, inquietum, pour flûte basse, clarinette contrebasse et électronique « live » (5). Musiques populaires de Gênes (6). Luciano Berio : Folk Songs pour mezzo-soprano et 7 instruments (7). La contemplation amoureuse dans l’Italie des XIIIe et XIVe siècles (8). Stefano di Battista Quartet (1) ; Fondation Russolo-Pratella (2) ; Gemma Bertagnolli et Antonio Ballista (3) ; Giancarlo Schiaffini (4), Roberto Fabbriciani, Ciro Scarponi (5) ; La Squadra (6) ; Adria Mortari, Ensemble Apostrophe, direction : Marco Guidarini (7) ; Ensemble Organum, direction : Marcel Pérès (8).