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Bruxelles. Théâtre de La Monnaie. 7-III-2003. Pierre Bartholomée, Œdipe sur la route. José Van Dam, Valentina Valente, Jean-Francis Monvoisin, Hanna Schaer, Ruby Philogene, Elise Gäbele, etc. Orchestre et Chœur de l’Opéra Royal de Belgique. Direction : Daniele Callegari. Mise en scène et lumières : Philippe Sireuil. Décors : Vincent Lemaire. Costumes : Jorge Jara. Salle Flagey. 6-III-2003. Ligeti, Melodien, Doppelkonzert pour flûte, hautbois et orchestre ; Donatoni, Le Ruisseau sur l’escalier ; Abrahamsen, Concerto pour piano et orchestre ; Benjamin, Palimpsest, Palimpsest II. Eva Böcker (violoncelle), Dietmar Wiesner (flûte), Catherine Milliken (hautbois), Hermann Kretzschmar (piano). Ensemble Modern Orchestra. Direction : George Benjamin.
Tout comme Musica de Strasbourg avec l'Opéra du Rhin, Ars Musica de Bruxelles est l'occasion depuis quinze ans de créations lyriques coproduites avec le Théâtre de La Monnaie. Pour la prise de fonction de Tino Haenen à la tête du festival, Bernard l'Opéra de Bruxelles et son directeur, Bernard Foccroule, ont donné en création mondiale le premier opéra de Pierre Bartholomée (né en 1937), Œdipe sur la route.
Figure majeure de la musique belge contemporaine, connu à la fois comme fondateur du Groupe Musiques Nouvelles de Bruxelles et pour avoir dirigé plus de vingt ans l'Orchestre Philharmonique de Liège, le compositeur wallon appartient à une génération qui a longtemps considéré l'opéra mort après Wozzeck de Berg. Actuellement compositeur en résidence à l'Université catholique de Louvain, Bartholomée a choisi le roman Œdipe sur la route publié en 1990 de son compatriote Henry Bauchau (né en 1913), à qui il a demandé d'adapter lui-même le livret. Celui-ci conte ce qui advint à Œdipe entre les deux tragédies de Sophocle, Œdipe roi et Œdipe à Colonne. Le héros grec et sa fille Antigone quittent Thèbes. Ils rencontrent Clios, bandit né de l'imaginaire de Bauchau, qui décide de les accompagner. Après avoir sculpté une vague immense au creux d'une falaise, il est invité au Solstice d'été par Diotime à qui il raconte son histoire. Mais il est atteint par la maladie, et guéri par Calliope. Accueilli par Thésée à Athènes, il en repart en empruntant une route que Clios lui a peinte.
Ecrit pour José Van Dam, le rôle-titre est profond et douloureux. Réalisant un long parcours initiatique à la quête de lui-même, l'Œdipe que les auteurs lui ont concocté est de la dimension du Saint François d'Assise de Messiaen, dont la figure tutélaire marque la partition de son empreinte. Atonal, parfois rude et âpre, le langage musical de Bartholomée est accessible et expressif. Mais les deux premiers actes sont par trop narratifs, ce qui leur donne le tour d'un oratorio, et il faut attendre les deux actes suivants, plus particulièrement le dernier, pour ressentir une véritable émotion dramatique. Pourtant, dans la sobre mise en scène de Philippe Sireuil et sous la direction attentive de Daniele Callegari, la distribution est excellente. A commencer par José Van Dam, chanteur-acteur que l'on sait. Valentina Valente est une fière Antigone, Jean-François Monvoisin campe un ardent Clios, et Hanna Schaer une tendre Diotime.
La veille de cette création, Ars Musica s'ouvrait sur un concert dirigé par le compositeur britannique disciple de Messiaen, George Benjamin, cadre de l'inauguration de la belle salle Flagey fermée depuis quinze ans pour rénovation. Tournant autour de la personnalité tutélaire de György Ligeti pour ses 80 ans avec deux grandes œuvres des années 1970, Melodien et l'admirable Double concert pour flûte et hautbois, le programme associait le moins bon, le Concerto pour piano (2000) de Hans Abrahamsen, au meilleur, Le Ruisseau sur l'escalier (1980) de Franco Donatoni, et à l'excellent, l'impressionnant Palimpsest (2000-2002) de Benjamin, le tout joué avec une précision et une poésie idoine par l'Ensemble Modern de Francfort. Outre ces deux spectacles, Ars Musica a proposé 50 manifestations, à Bruxelles, Bruges, Anvers, Liège et Mons. « Je souhaite orienter le festival vers les musiciens peu connus mais qui me sont chers, dit Tino Haenen. Le problème en Belgique est que nous tournons toujours autour des mêmes noms. C'est pourquoi j'ai décidé d'aller au-devant des jeunes dans les conservatoires et auprès des compositeurs qui enseignent. Je ne veux surtout pas me limiter à une école, car Ars Musica doit être une « avant-garde » au sens large du terme. »
Crédit photographique : © Johan Jacobs
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Bruxelles. Théâtre de La Monnaie. 7-III-2003. Pierre Bartholomée, Œdipe sur la route. José Van Dam, Valentina Valente, Jean-Francis Monvoisin, Hanna Schaer, Ruby Philogene, Elise Gäbele, etc. Orchestre et Chœur de l’Opéra Royal de Belgique. Direction : Daniele Callegari. Mise en scène et lumières : Philippe Sireuil. Décors : Vincent Lemaire. Costumes : Jorge Jara. Salle Flagey. 6-III-2003. Ligeti, Melodien, Doppelkonzert pour flûte, hautbois et orchestre ; Donatoni, Le Ruisseau sur l’escalier ; Abrahamsen, Concerto pour piano et orchestre ; Benjamin, Palimpsest, Palimpsest II. Eva Böcker (violoncelle), Dietmar Wiesner (flûte), Catherine Milliken (hautbois), Hermann Kretzschmar (piano). Ensemble Modern Orchestra. Direction : George Benjamin.