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Angers. Angers Nantes Opéra. 9-III-2003. Benjamin Britten, The Turn of the Screw (Le Tour d’Ecrou). Olga Boylan, John Hurst, Maria Soulis, Rayanne Dupuis. Solistes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine. Ensemble Instrumental. Direction : Neal Goren. Mise en scène : Sandrine Anglade. Décors : Claude Chestier. Costumes : Jérôme Kaplan. Chorégraphie : Pascaline Verrier. Peter Bengtson, Jungfrurna (Les Bonnes). Janice Meyerson, Delphine Fischer, Adelheid Fink. Ensemble Instrumental. Direction : John Burdekin. Mise en scène, décors, costumes : Eric Chevalier
C'est sur la scène du théâtre d'Angers qu'a été officiellement inaugurée la nouvelle structure Angers Nantes Opéra (ANO) désormais dirigée par Jean-Paul Davois. C'est néanmoins sur un diptyque programmé par son prédécesseur, Philippe Godefroy, que l'ANO a été porté sur les fonts baptismaux.
Constitué de deux œuvres du XXe siècle, ce spectacle, qui sera repris à Nantes la saison prochaine, était l'occasion de la création française d'un opéra suédois inspiré d'un texte français traduit en suédois, Les Bonnes de Jean Genet. Mais le fait d'avoir inscrit deux ouvrages du siècle dernier, choix s'annonçant de bon augure puisqu'il indique l'engagement des responsables de la nouvelle structure en faveur de la musique d'aujourd'hui, a fait hésiter plus d'un Angevin, la salle étant loin d'être remplie. Le public devrait pourtant vite se rassurer, comme l'attestent les propos tenus par l'adjoint chargé de la Culture qui a assuré que les créations n'affecteront en rien la diversité du répertoire. L'édile a également notifié la volonté du syndicat mixte Angers Nantes Opéra et de ses tutelles de conquérir de nouveaux publics, un premier accord venant même d'être signé avec l'université.
Ecrit en 1954, Le Tour d'Ecrou de Britten adapté d'une nouvelle d'Henry James apparaît particulièrement novateur en regard de l'ouvrage qui l'accompagnait à Angers avec son orchestre singulièrement coloré et mouvant si l'on considère les effectifs limités à treize instruments. Sandrine Anglade a judicieusement débarrassé son espace scénique de tout accessoire pour concentrer son action sur l'insondable tension psychologique des êtres. Ses personnages se meuvent pieds nus sur un plateau vide afin que nul son parasite ne vienne perturber l'écoute de l'énigmatique pensée des protagonistes. Seuls les costumes « old fashioned » trahissent l'appartenance de chacun à un univers, laiteux pour les enfants et les fantômes, les premiers étant ainsi clairement identifiés comme les doubles des seconds, bistres pour la gouvernante et la bonne. Cette sombre vision fait pénétrer le spectateur au tréfonds de l'âme des héros, ce que souligne remarquablement une interprétation idoine, malgré les réserves que l'on pourrait formuler à l'égard des enfants au chant peu assuré. Orla Boylan est une poignante Gouvernante au timbre de braise, John Husrt un Quint vigoureux, Rayanne Dupuis une noble Miss Jessel. Sous la direction ferme et rigoureuse de Neal Goren, l'orchestre constitué pour l'occasion s'est montré sûr et riche en timbres.
Créée en 1947 par la troupe de Louis Jouvet, Les Bonnes de Jean Genet, dramaturge particulièrement en vogue chez les compositeurs d'aujourd'hui, avec Le Balcon de Peter Eötvös donné l'été dernier à Aix-en-Provence bientôt suivi par Michaîl Levinas la saison prochaine à l'Opéra de Lyon, a inspiré à Peter Bengtson, compositeur organiste pédagogue suédois né en 1961, un spectacle efficace, mais qui n'impose pas une réelle personnalité musicale. Donné en première mondiale à l'Opéra de Stockholm en 1994, cet ouvrage doit trop ouvertement à l'Elektra de Richard Strauss, mais un Strauss dénué de tout raffinement, l'orchestre, quoique beaucoup moins fourni que celui du compositeur bavarois, sonnant tel un monolithe d'où aucune saillie ne peut émerger. Le metteur en scène Eric Chevalier a tiré de ces pages une messe noire de salon, l'action, dont le centre de gravité est un autel imposant, démarrant après que les trois protagonistes vêtues en moniales diaboliques, eurent orné les murs de graffitis sanguinolents. Moins à l'aise que dans Le Tour d'Ecrou, l'orchestre n'a pu sauver une partition à l'écriture plutôt confuse. Sous la direction de John Burdekin, cette musique apparaît mal dégrossie et la partie vocale immodérément exigeante a suscité une fatigue trop rapide et excessive d'Adelheid Fink dans le rôle de Claire dont les lignes sont continûment tendues. En revanche Delphine Fischer est une excellente Solange, tout comme Janice Meyerson une altière Madame.
Crédit photographique : © Vincent Jacques pour Angers Nantes Opéra
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Angers. Angers Nantes Opéra. 9-III-2003. Benjamin Britten, The Turn of the Screw (Le Tour d’Ecrou). Olga Boylan, John Hurst, Maria Soulis, Rayanne Dupuis. Solistes de la Maîtrise des Hauts-de-Seine. Ensemble Instrumental. Direction : Neal Goren. Mise en scène : Sandrine Anglade. Décors : Claude Chestier. Costumes : Jérôme Kaplan. Chorégraphie : Pascaline Verrier. Peter Bengtson, Jungfrurna (Les Bonnes). Janice Meyerson, Delphine Fischer, Adelheid Fink. Ensemble Instrumental. Direction : John Burdekin. Mise en scène, décors, costumes : Eric Chevalier