Musique et cirque

Dix jours après sa remarquable performance Théâtre du Châtelet dans l'hommage rendu par la Ville de Paris à Iannis Xenakis, dans deux pages emblématiques du compositeur, Psappha et Kassandra, le percussionniste Roland Auzet proposait Théâtre Silvia Montfort la première d'un spectacle dont il est à la fois le concepteur, le compositeur, le scénographe et le metteur en scène.

Homme polymorphe, Auzet est également un fou du cirque, et reste de ce fait un grand enfant. Un grand enfant qui réalise ses rêves. Elève de l'Ecole du cirque chez Annie Fratellini, et de Silvio Gualda au Conservatoire de Versailles, disciple de Jean-Pierre Drouet, Auzet a le spectacle dans le sang, au point d'avoir créé le Site CRA, « Site comme site cybernétique ou comme site architectural, lieux où la hiérarchie entre son et image est particulière, et CRA comme Cirque Roland Auzet ».

Le second opus du Cirque du Tambour conçu par Roland Auzet est un pur enchantement. Spectacle total de soixante-dix minutes associant théâtre, cirque, musique et technologies modernes, il s'adresse tout autant aux enfants qu'aux adultes. Mimée, parlée, jouée, chantée, dansée ou virtuelle, s'appuyant sur une écriture dramaturgique nouvelle, interactivité et électronique « live », l'action réunit neuf personnages, jongleurs, voltigeurs, contorsionnistes, musiciens, qui se meuvent sur le plateau aux sons d'une percussion riche et variée, enrichie de l'électroacoustique et l'informatique en temps réel réalisées par l'Ircam et par la Muse en Circuit. Le public est ainsi enveloppé dans un halo de sons, le geste des interprètes tenant de l'action théâtrale et du cirque, un cirque qui se nourrit désormais du travail et des expériences des divers modes d'expression artistique contemporains. Oreille et œil du spectateur sont constamment sollicités et ne peuvent échapper à l'envoûtement tout autant sonore que visuel, et même si la partie vidéo s'avère parfois envahissante, l'on ne peut se soustraire de la virtuosité des « actants », notamment des trois percussionnistes jouant un fascinant trio de zarb.

Crédit photographique : © Roland Auzet