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Nantes. Opéra de Nantes. 07-IV-02. « Viva la Mamma » [Naples 1831 (2ème version)]. Opéra en deux actes de Gaetano Donizetti [1797-1848]. Adelheid Fink (Soprano), Mark Beesley (Basse), Giuseppe Morino (Ténor), Jean-Louis Serre (Baryton), Christopher Josey (Haute Contre), Andrea Creighton (Soprano), Nicolas Testé (Basse), Christian Davesnes (Baryton), Patrick Vilet (Baryton), Jacques Laingui (Basse) … Chœurs de l’Opéra de Nantes, dirigés par Patrick Marie Aubert, Orchestre National des Pays de la Loire, Gérard Klam (Premier violon). Direction musicale : Tommaso Placidi. Mise en scène : Fritz Gross. Lumières : Klaus Löffelmann. Décors : Peter Schultz. Costumes : Astrid Kirsten.
C'est dans une ambiance de carnaval, baignée de pluie et de confettis, que l'Opéra de Nantes donnait, dimanche 7 avril, la deuxième représentation de Viva la Mamma, opéra en deux actes de Gaetano Donizetti.
Cet ouvrage, dont le compositeur italien a réalisé deux versions, respectivement créées en 1827 puis en 1831 au Teatro Nuovo de Naples, puise son inspiration dans l'opera buffa du XVIIIe siècle. La thématique des Convenances et Inconvenances théâtrales, si prisée encore plus d'un siècle après Il teatro alla moda (1720) de Benedetto Marcello, est brillamment exposée par le compositeur qui, en familier du théâtre, connaît à la perfection un milieu dont il dépeint les travers avec un réel sens du détail et du comique. Mais le compositeur en profite aussi pour égratigner les susceptibilités des plus grands noms de l'opera-seria, Rossini en tête dont le succès oblige tout compositeur à se mesurer à lui s'il souhaite s'imposer. Donizetti met ainsi en scène une parodie de la Chanson du saule de l'Otello de Rossini, transformée en Chanson du sac et interprétée par un travesti !… Ce dernier rôle, merveilleusement utilisé sur le plan scénique et musical par le compositeur, est quant à lui hérité de l'opéra italien du XVIIIe siècle
SYNOPSIS
Dans une salle du Théâtre de Lodi, Biscroma (le Maestro) s'apprête à commencer les répétitions d'un nouvel opera seria. Arrivent successivement la Prima Donna, accompagnée de son mari, Procolo, la deuxième soprano, Luigia, puis le reste de la troupe Guglielmo (le Ténor), Prospero (le Poète), Dorotéa (le Primo Musico) et le chœur.
La Prima Donna tyrannise tout le monde et inflige ses caprices à ses collègues, ainsi qu'au librettiste et au compositeur. L'atmosphère est déjà surchauffée lorsque survient Agata, la mère de Luigia, qui intervient avec autorité, cherchant à faire valoir les droits de sa fille. Elle se dispute avec la Prima Donna, exigeant que le nom de Luigia paraisse à côté du sien sur l'affiche, et la raille en évoquant le temps où, avant de s'imposer comme cantatrice, elle vendait des friandises dans les rues de Tolède. La Mamma se bat ensuite pour que l'on fasse chanter à sa fille un duo avec la Prima Donna, cette dernière s'y refusant avec morgue.
Pour rétablir l'ordre, le Maestro fait appel à une escouade de soldats, qui, par la force, conduit toute la troupe dans le théâtre. Ainsi, la répétition peut-elle enfin commencer sur le plateau. La situation est toutefois compromise, notamment parce que deux chanteurs, Dorotéa et Guglielmo, se sont éclipsés. Agata se charge alors de remplacer Dorotea, tandis que Procolo se substituera à Guglielmo. Dans un climat ponctué d'escarmouches et de ripostes, la répétition reprend ; mais sur ces entrefaites, arrive l'impresario, qui annonce qu'en raison de la fugue de Dorotea et du Ténor, le Directeur du théâtre a décidé de ne plus représenter l'opéra. La consternation saisit l'assistance et chacun prend la poudre d'escampette. Tous ou presque, en effet, avaient demandé à l'impresario des acomptes sur leurs gages, qu'ils n'ont pas du tout l'intention de restituer.
PERFORMANCE
Se situant à mi-chemin entre la représentation théâtrale et l'opéra, cette œuvre de Donizetti requiert, non seulement le talent d'excellents chanteurs mais aussi la maîtrise scénique et théâtrale de comédiens confirmés. Une complicité totale avec l'orchestre est également indispensable, là où le jeu d'improvisation implique rupture, attente ou réaction immédiate de la part d'un orchestre qui, brillamment guidé par son chef Tommaso Placidi, se sera montré excellent et rigoureux. Tommaso Placidi, qui tient la baguette fermement à l'horizontale, a su mener l'orchestre en imprimant, dès l'ouverture, une dynamique réjouissante et contrastée. Souvent malmené par les « comédiens chanteurs », avec qui le dialogue doit s'instaurer tout au long de cet opéra afin d'imiter au mieux une situation de répétition, le chef Italien a assuré une « réplique musicale » précise et sereine sachant amuser mais aussi émouvoir.
Et nous voilà plongés dans la comédie à l'italienne dans tout ce qu'elle a de plus joyeux. Un opéra dans l'opéra, comme Mozart et Salieri en ont donné et, plus tard, Richard Strauss, des drames personnels et relationnels à n'en plus finir prenant naissance et se nourrissant pour enfler plus encore dans la bataille de starlettes que se livrent les personnages clés de cet opéra en deux actes. La Mamma, est magistralement interprétée par Mark Beesley (ci-contre, en robe rouge et perruque blonde) et la Prima Donna qu'Adelheid Fink interprète avec talent (ci-contre en noir, sous les yeux amoureux de Procolo, son mari). Mais n'oublions pas de saluer vivement le reste de la troupe qui, chacun dans son rôle, a su assurer le spectacle et mener cet opéra à ses fins car, ici, chacun doit apporter sa pierre à l'édifice final. Et ce fut agréablement fait, avec efficacité et justesse par des « chanteurs comédiens » bien en voix et remarquables dans leurs rôles. Le ténor italien Giuseppe Morino a encore enchanté le public Nantais en distillant de merveilleux aigus. Le baryton Jean-Louis Serre a su se montrer convaincant en campant un Procolo à la hauteur de ses exigences. Christophe Josey, haute-contre dans le rôle de Dorotea et Andrea Creighton, soprano dans celui de Luigia, ont été des seconds rôles parfaits.
Il faut saluer encore la performance magistrale de Mark Beesley, qui a su remarquablement tenir le rôle travesti de la Mamma avec un sens étonnant du jeu et du comique. Mais aussi dans son interprétation, usant de sa sublime voix de basse pour donner encore plus de relief à cette farce énorme qui se jouait sous les yeux amusés et pétillants des nombreux spectateurs. Nous le voyons, ci-contre, au deuxième acte, prêt à tout pour jouer les premiers rôles, il écrase la pauvre Luigia de tout son poids.
Pour couronner le tout la réjouissance a été totale grâce à la complicité des lumières espiègles de Klaus Loffelmann, qui interféraient malicieusement avec le jeu des acteurs. Le comique s'est également exprimé de façon irrésistible dans les costumes aux couleurs vives et aux plumes amples, créés par Astrid Kirsten. Les décors parfaitement réalisés par Peter Schultz ont créé l'illusion parfaite du théâtre dans le théâtre que le metteur en scène, Fritz Gross, a su parfaire encore en mêlant de temps à autre les chanteurs au public et allant même jusqu'à les faire participer lorsque La Mamma s'adresse directement aux spectateurs par quelque clin d'œil judicieusement placé. « J'ai bien chanté à la Scala, affirme-t-elle au premier acte, je peux bien chanter à… Nantes! »
Le synopsis est tiré du livret accompagnant la représentation. Les photographies sont de Vincent Jacques.
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Nantes. Opéra de Nantes. 07-IV-02. « Viva la Mamma » [Naples 1831 (2ème version)]. Opéra en deux actes de Gaetano Donizetti [1797-1848]. Adelheid Fink (Soprano), Mark Beesley (Basse), Giuseppe Morino (Ténor), Jean-Louis Serre (Baryton), Christopher Josey (Haute Contre), Andrea Creighton (Soprano), Nicolas Testé (Basse), Christian Davesnes (Baryton), Patrick Vilet (Baryton), Jacques Laingui (Basse) … Chœurs de l’Opéra de Nantes, dirigés par Patrick Marie Aubert, Orchestre National des Pays de la Loire, Gérard Klam (Premier violon). Direction musicale : Tommaso Placidi. Mise en scène : Fritz Gross. Lumières : Klaus Löffelmann. Décors : Peter Schultz. Costumes : Astrid Kirsten.