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Notre dossier : Cordes et archet

 

Directeur Musical de l'Orchestre de Chambre National de Toulouse depuis septembre 1992, est sans nul doute l'un des musiciens les plus complets de notre temps.

En près de quarante ans de carrière, il a presque tout joué et ce dans les salles les plus prestigieuses de la planète. Acteur central des deux grandes aventures musicales de la fin du XXe siècle, les musiques baroque et contemporaine, a multiplié les expériences, du grand orchestre symphonique au quatuor à cordes, de l'opéra à l'orchestre de chambre, avec une capacité d'adaptation et une curiosité qui semblent sans limites.

Né en France en 1943, obient un premier prix de violon au CNSM de Paris à l'âge de seize ans. Dès 1961, il commence une vie musicale internationale avec des tournées de musique de chambre en Europe, Canada et USA, puis c'est la rencontre déterminante avec Jean-Claude Malgoire. Violon solo à «La Grande Ecurie et la Chambre du Roy», Alain Moglia prend part activement à la redécouverte de la musique baroque en France, enregistre de nombreux disques chez CBS et effectue régulièrement des tournées, notamment au Théâtre Conlon de Buenos-Aires.

En 1965, Alain Moglia participe à la création du célèbre Octuor de Paris puis devient en 1967 membre de l'Ensemble Instrumental de France. Violoniste à l'Orchestre de l'Opéra de Paris de 1966 à 1973, il fait aussi partie du quatuor Via Nova dès sa création en 1970 et enregistre chez Erato.

1976 est une année-clé puisqu'y débute la grande aventure de l'Ensemble Intercontemporain dont il est membre dès l'origine, et qui deviendra sous la houlette de Pierre Boulez le plus important ensemble dans ce domaine: Alain Moglia collabore ainsi avec de grands compositeurs vivants, tels Stockhausen et Ligeti dont il crée en France le quatuor n°2.

Dans le cadre de l'exposition «Paris-Moscou» à Beaubourg il fait découvrir au public le concerto pour violon de Roslawets. «Mikka» et «Mikka's» de Xenakis et la Sequenza pour violon de Berio figurent en tête de son répertoire de prédilection. A l'issue d'un concert au Théâtre des Champs-Elysées où Alain Moglia interprétait sa Sequenza, Berio déclara au critique musical Pierre Petit que «c'était la meilleure interprétation de son œuvre à laquelle il ait pu assister».

A la suite de Malgoire et de Boulez, Daniel Barenboïm apparaît comme la troisième grande figure musicale dans la carrière d'Alain Moglia qui occupe alors, de 1977 à 1990, le poste de premier violon-solo de l'Orchestre de Paris. Il devient ainsi le partenaire privilégié des grands chefs invités de l'orchestre: Bernstein, Böhm, Jochum, Kubelik, Matacic, Giulini, Solti, Abbado, Mehta, Chailly, Sinopoli.

L'année des 80 ans de Messiaen, en 1988, il joue le «Quatuor pour la Fin du Temps» aux USA, en Australie et un peu partout dans le monde.

Les activités pédagogiques d'Alain Moglia ont toujours été intenses et nombreuses: il a été chargé de la formation des cordes à l'Orchestre Français des Jeunes et a succédé en 1990 à Michèle Auclair comme professeur au CNSM.

Le répertoire d'Alain Moglia est gigantesque. Il met un point d'honneur à ne pas se cantonner dans les œuvres connues, à tout jouer, avec une préférence pour les œuvres injustement délaissées. Parmi les œuvres qu'il a le plus interprétées, on peut mentionner notamment le concerto pour deux violons de J. S. Bach qu'il a joué, entre autres, avec Yehudi Menuhin, Leonid Kogan ou encore Christian Ferras. Il a joué des concertos sous la direction de Barenboïm, Herbig, Dohnanyi (création française de «Chain II» de Lutoslawski). En musique de chambre, il a pour partenaires Lynn Harrell, Pinchas Zukerman (quintette de Schubert) ou Daniel Barenboïm (sonate n°2 de Busoni et sonate de Furtwängler).

Alain Moglia s'est produit dans des salles prestigieuses: Musikverein de Vienne, Mozarteum de Salzburg (en trio), Concertgebouw d'Amsterdam, Philharmonie de Berlin, Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou, Philharmonie de Saint-Pétersbourg, Scala de Milan, théâtres antiques d'Ephèse et d'Orange.

Passionné d'automobile et pilote émérite, il exerce ainsi dans ses loisirs son goût du risque, doublé d'une perpétuelle remise en question, faisant d'Alain Moglia l'ennemi des conservatismes et des routines.

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