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Billy Budd « Initiales B.B »

Une salle bien vide pour la reprise de cet opéra « masculin » de (aucun personnage féminin n'est sur scène). Pourtant la production a déjà fait ses preuves et est l'une des plus réussies de l'Opéra Bastille.

La mise en scène de dans l'unique décor modulable d'Alison Chitty n'a pas pris une ride depuis sa création en 1996 et reste toujours efficace, livrant à nu aux spectateurs les arrières pensées et états d'âme des protagonistes. L'ambiguïté des personnages –– en premier lieu le capitaine Claggart et le lieutenant Vere –– est admirablement rendue, avec sobriété, sans surcharges, et oscille entre réalisme et métaphore (la position de Billy Budd en Christ sur son mât de misaine).

La distribution n'appelle que des éloges. Il est plus qu'étonnant que l'Opéra de Paris ait attendu le 3ème millénaire pour inviter un des plus grands ténors de ce siècle, , pourtant présent sur les planches depuis près de 40 ans. Âgé de 62 ans il commence à donner quelques signes de fatigue vocale avec une émission plus hétérogène largement compensée par un sens scénique et musical inouï récompensé par un triomphe au baisser du rideau. est un Billy Budd d'exception (son enregistrement avec Kent Nagano l'a déjà confirmé) mais il paraît plus dans cette production comme un mannequin de défilé de mode qu'un marin un peu benêt au grand cœur. La seule véritable « erreur de casting » a été de confier le rôle de basse de Claggart au baryton basse . Ce chanteur est un excellent acteur et musicien mais il ne possède pas la noirceur vocale voulue par Britten, ni la puissance requise dans les graves. L'ensemble des autres rôles qui serait trop long de citer sont tous excellemment tenus, en particulier Francis Egerton (Whiskers), (Squeak), Gabor Anrasy (Dansker) et , remarquable en Novice adolescent.

Dommage que tout ceci ait été gâché par la direction routinière et peu inspirée de  : peu de finesse, a plusieurs reprises l'orchestre couvre les chanteurs et l'ensemble, malgré la qualité des instrumentistes et de l'écriture de Britten, ne paraît pas toujours très propre.

Crédit photographique : © Opéra national de Paris / C. Leiber

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