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Joseph Haydn est né le 31 mars 1732 à Rohrau (il passera, à l'exception de ses deux voyages à Londres, la quasi-totalité de sa vie). De souche paysanne et d'ascendance germanique, l'enracinement de sa famille aux limites orientales de l'Europe ne fut pas sans influence sur sa musique.
Matthias, père de Joseph, aimait la musique et jouait de la harpe sans connaître les notes. Son fils, Franz Joseph (qui, toute sa vie durant, devait se faire appeler Joseph), petit enfant de 4 ou 5 ans, l'accompagnait parfois en chantant. Deuxième enfant sur douze, Joseph avait un frère Johann Michael, sixième enfant (1737-1806), qui fut lui aussi, compositeur, ainsi qu'un autre frère, Johann Evangelist, onzième enfant (1743-1805) qui passa sa vie comme ténor chez les Esterházy.
Quitte Rohrau
A Hainbourg habitaient également plusieurs membres de la famille, et en particulier un certain Johann Matthias Franck, époux d'une demi-sœur de Matthias Haydn. Ayant admiré la voix du jeune Joseph, Franck, qui était à Hainbourg, à la fois, maître d'école et maître des chœurs, persuada les parents du futur musicien de lui confier leur fils, promettant en outre de veiller à son éducation générale.
A l'âge de six ans, Haydn quitta donc Rohrau, où il ne devait plus jamais retourner vivre. Haydn apprit à lire, à écrire, à chanter, à jouer tous les instruments à cordes sans oublier les timbales.
Deux ans plus tard, Karl Georg Reutter s'arrête à Hainbourg lors d'une tournée de recrutement pour sa maîtrise. Celui-ci était compositeur de musique religieuse et, depuis peu, maître de chapelle de la Cathédrale St Etienne de Vienne. L'exécution par Joseph d'un trille difficile emporta, paraît-il, la décision, et c'est probablement en avril-mai 1740 que Haydn, alors âgé de huit ans, fut engagé comme enfant de chœur par Karl Georg Reutter.
Arrive à Vienne
A Vienne, il devait passer les vingt années suivantes de son existence, d'abord comme petit chanteur à St-Etienne, puis comme compositeur.
L'éducation des nouveaux petits chanteurs était largement confiée aux anciens, et en 1745, Joseph eut la charge de son frère Michael, venu le rejoindre à St-Etienne. Mais la voix de Haydn muait : au cours d'un concert, l'Impératrice jugea qu'il « piaillait ». Dès lors, Reutter n'attendit qu'un prétexte pour se débarrasser de l'adolescent. « Un tour pendable de Haydn accéléra son renvoi » : le jeune homme essaya une nouvelle paire de ciseaux sur la perruque d'un camarade. Et c'est ainsi qu'un soir de l'hiver 1749-1750, Haydn se retrouva seul et sans argent dans les rues de Vienne.
Pour la première nuit de « liberté », il accepta l'hospitalité du ténor Johann Michael Spangler. Il reçut également un prêt du riche marchand Anton Buchholz, dont il se souviendra en couchant la petite- fille de ce dernier sur ses testaments de 1801 et de 1809. Il put finalement s'installer dans une mansarde et y faire monter un vieux clavecin. Pour gagner sa vie, il jouait de l'orgue ou du violon et donnait des leçons de clavecin. La nuit, il étudiait des ouvrages théoriques, et travaillait les sonates de Carl Philipp Emanuel Bach.
Élève de Métastase – engagé par le comte Morzin
Un heureux hasard voulut que Haydn attirât ainsi l'attention du célèbre poète et librettiste Pietro Metastasio – Métastase – (1698-1782), qui habitait au troisième étage de la même maison. Par son intermédiaire, il élargit le cercle de ses élèves et, surtout, put lui-même profiter des leçons du compositeur, Nicolas Porpora. (1686-1768 ). En fait, de 1753 à 1755 environ, Haydn servit en quelques sorte d'assistant à Porpora : « Les qualifications d'asino, de coglione, de birbante, ne manquaient pas, ni les bourrades non plus ; mais je supportais tout avec patience, car je fis chez Porpora de très grands progrès en chant, en composition et en langue italienne » (Griesinger).
Une rencontre importante fut pour lui celle du baron Karl Joseph von Fünberg (1720-1767). Le baron organisait régulièrement des concerts de musique de chambre dans sa résidence de Weinzierl en Basse-Autriche, à quelques kilomètres du Danube sur la rive droite. Invité à y participer, Haydn composa pour lui, ses premiers quatuors à cordes. Sur les conseils du baron, Haydn fut nommé maître de chapelle du comte Morzin. C'est pour lui que Haydn composa ses premières symphonies et une série de divertissements à six pour violon et instruments à vent.
Premier contrat chez le prince Esterházy
Des revers de fortune obligèrent le comte Morzin à se séparer de ses musiciens. Le jeune compositeur ne restera pas longtemps sans emploi. Le prince Paul Anton Esterházy (1711-1762) qui, comme hôte du comte Morzin, signa son contrat (peut- être après une période d'essai) le 1er mai 1761, se liant ainsi à la famille Esterházy pour le reste de ses jours. Cette dynastie d'aristocrates n'était pas une des famille les plus anciennes de Hongrie, mais une des plus riches, des plus puissantes et des plus cultivées. Elle s'était toujours distinguée au service des Habsbourg, ce qui lui avait valu les titres de baron en 1613, comte en 1626, et prince en 1687 (cette dernière dignité n'était devenue héréditaire qu'en 1712). Depuis 1622, la résidence principale de la famille était Eisenstadt (en hongrois Kismarton), à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Vienne.
Le contrat en quatorze articles signé par Haydn, le 1er mai 1761 est considéré, avec raison, comme reflétant typiquement la condition du musicien sous l'Ancien Régime. Haydn s'engageait à « se comporter comme il convient à un fonctionnaire honorable d'une maison princière » à « éviter tout excès » et « à veiller à ce que lui-même et ses subordonnés apparaissent en uniforme »…
Il eut comme successeur son frère Nicolas Joseph (1714-1790), bientôt surnommé Nicolas le Magnifique. Haydn devait le servir pendant 28 ans.
Au service des Esterházy
Durant ses premières années chez les Esterházy, Haydn écrivit surtout des symphonies et des concertos, ces derniers étant destinés à mettre en valeur les musiciens de son orchestre : parmi ceux-ci, des virtuoses de premier ordre, comme Joseph Weigl ou le corniste Johann Knoblauch. Haydn noua avec beaucoup d'entre eux des relations d'amitiés assez étroites, et fut même témoin à leur mariage ou parrain de leurs enfants. Mais la vie à Eisenstadt puis à Esterház n'était pas qu'idyllique. Pendant cinq ans, Haydn dut coexister avec Werner, qui conserva la charge de maître de chapelle jusqu'à sa mort (3 mars 1766). En réalité, Haydn ne lui était subordonné que pour la musique religieuse (Werner écrivit de nombreux motets et seize messes, uniquement entre 1761 et 1765). Il appréciait sincèrement Werner et procéda à divers changements de sa musique.
Haydn eut maints soucis à Eisenstadt et à Esterház à la suite de conflits qui ne manquaient pas de surgir entre musiciens, ou entre eux et l'administration du prince. Les artistes dont il avait la charge étaient turbulents : pétitions, requêtes, cas litigieux étaient monnaie courante et Haydn devait toujours s'en occuper. Dans cette perspective, la célèbre anecdote de la Symphonie des Adieux, N°45 (novembre 1772) n'apparaît pas comme un cas particulièrement singulier. Divers commentaires ont été faits à ce sujet et la version de Griesinger est sans doute la plus proche de la réalité : « Parmi les musiciens du prince Esterház, se trouvaient des jeunes mariés qui, l'été, tant que le prince séjournait à Esterház, étaient dans l'obligation de laisser leur femme à Eisenstadt. Contrairement à son habitude, le prince décida de prolonger son séjour à Esterház de plusieurs semaines. Les jeunes époux consternés, se tournèrent vers Haydn et lui demandèrent de leur venir en aide dans cette situation. Haydn eut l'idée de composer une symphonie dans le dernier mouvement de laquelle les instruments se taisaient les uns après les autres. Cette symphonie fut exécutée aussitôt que possible en présence du prince. Il avait été recommandé à chaque musicien, dès que sa partie serait terminée, d'éteindre sa chandelle et de s'en aller avec son instrument sous le bras. Le prince et tous ceux qui étaient présents saisirent immédiatement le sens concret de cette intention, et l'ordre du départ d'Esterház survint le lendemain même ». Haydn, lui aussi, se plaignit plus d'une fois de devoir rester isolé à Esterház et de ne pouvoir se rendre comme il l'entendait à Vienne.
Une notoriété grandissante
En fait, durant les dernières années à Esterház, Haydn n'écrivit presque plus rien directement pour le prince. La quasi-totalité de sa production fut alors destinée au monde extérieur : à Vienne, mais surtout à Paris et à Londres. Le compositeur avait en effet acquis une grande notoriété sur le plan européen. Dès 1764, à son insu, certaines de ses œuvres avaient été publiées à Paris, alors capitale européenne de l'édition musicale. Durant longtemps, des éditeurs peu scrupuleux s'enrichirent aux dépens de Haydn, à qui la diffusion de sa musique ne rapportait presque rien. Éditeurs et copistes étaient peu soucieux d'honnêteté non seulement sur le plan financier, mais également du point de vue artistique. Ils faisaient parfois paraître des œuvres sous un aspect tronqué, et surtout n'hésitaient pas, le cas échéant, à diffuser, sous le nom de Haydn des petites pièces écrites en réalité, par d'autres compositeurs.
Les commandes affluent de l'étranger
Dans les années 1780, la production de Haydn était donc publiée en diverses capitales et le compositeur recevait également des commandes de l'étranger. Deux d'entre elles furent particulièrement importantes : la première vint des « Concert de la Loge olympique » à Paris qui, fin 1784 ou début 1785, commanda à Haydn six symphonies parisiennes (N°s 82 à 87). Pour chacune de ces œuvres, écrites en 1785 et en 1786, Haydn toucha 25 louis d'or. La seconde commande vint d'Espagne. José Saluz de Santamaria, marquis de Valde-Iñigo et chanoine de Santa Cueva à Cadix, demanda à Haydn, par l'intermédiaire de leur ami commun le marquis Don Francesco Miron, une musique orchestrale sur le thème des Sept Paroles du Christ. Commencée en 1785, l'œuvre fut entendue à Vienne le 26 mars 1787 et à Cadix sans doute le vendredi saint de la même année. Par ces commandes qui l'amenaient à composer pour un public moins restreint que celui dont il avait l'habitude à Esterház, Haydn fut sauvé de l'étouffement local et d'une crise créatrice grave qui le menaçait. Son déplaisir était tant plus grand qu'à Vienne résidaient des personnes qui lui étaient chères. Parmi elles, W.A. Mozart, de 24 ans son cadet.
Mort de Nicolas le Magnifique
La mort de Nicolas le Magnifique (28/09/1790 ), protecteur dont Haydn n'avait en vérité pas eu trop à se plaindre, modifia la situation. Son fils et successeur Paul Anton (1738-1794) n'aimait pas la musique: il conserva à Haydn son titre de maître de chapelle et augmenta sa pension, mais sans manifester d'intérêt réel pour le compositeur. Il décida de licencier l'orchestre peu après la mort de son père. Devenu libre, Haydn se précipita à Vienne. Immédiatement, les propositions affluèrent. Il était sur le point d'accepter celle du roi de Naples, quand un étranger se présenta chez lui : « Je suis Salomon de Londres et je viens vous chercher. Demain, nous signerons un contrat. » Salomon, violoniste né à Bonn en 1745, s'était installé à Londres en 1781 et était devenu organisateur de concerts. Haydn avait déjà espéré aller à Londres en 1783. Cette fois-ci, il saisi l'occasion qui se présentait.
Départ pour Londres
Et c'est ainsi qu'à 58 ans, Haydn quitta pour la première fois son pays. Lors de son séjour à Londres, il sera nommé docteur honoris causa à l'université d'Oxford. Il s'y découvrira aussi une passion pour l'astronomie qui lui inspirera l'ouverture de La Création. Il connaît son apogée, dans le genre symphonique, avec sa période anglaise où il compose douze symphonies, les « Londoniennes » parmi lesquelles on pourra citer « La surprise » (n° 94) qu'il compose l'année de la mort de Mozart.
Retour à Vienne et dernières années
Puis il revient à Vienne sur ordre du prince Nicolas II Esterházy. Il y compose les six derniers Quatuors Op. 76, La Création (1798) et son grand oratorio, Les Saisons en 1801.
Les dernières années, Haydn qui se sent étranger au grand monde préfère rester dans l'ombre. Ces forces le quittent petit à petit et il décède le 31 mai 1809 alors que Napoléon assiège la capitale Autrichienne. L'Empereur Français se fera représenter à l'enterrement par quelques grenadiers qui pourront y entendre lors de funérailles modestes le Requiem de Mozart.