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A Lille, Latitudes contemporaines nous fait voyager

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Lille. Le Grand Sud. 26-VI-2024. Dans le cadre du festival Latitudes contemporaines. No Drama / Pol Pi : La grotte. Un projet de et avec Pol Pi. En collaboration avec : Tamar Shelef, regard extérieur, Gilles Amalvi, création sonore, avec la collaboration de Diane Blondeau, Rima ben Brahim, création lumières, La Bourette, création costumes. Image : Toma Call. Recherche plastique : Alice Zaton. Conseil en ingénierie sonore : Baptiste Chatel.

Lille. Maison Folie Wazemmes. 28-VI-2024. Dans le cadre du festival Latitudes contemporaines. Samaa Wakim et Samar Haddad King : Losing it. Mise en scène : Samaa Wakim & Samar Haddad King. Chorégraphie et performance : Samaa Wakim. Musique : Turathy – Autostrad. Interprétation musicale : Samar Haddad King. Conception lumière : Cord Haldun.

Lille. L’Aéronef. 28-VI-2024. Dans le cadre du festival Latitudes contemporaines. Lisa Vereertbrugghen : While we are here. Concept et chorégraphie : Lisa Vereertbrugghen. Performance et co-création : Claire Godsmark, Dolores Hulan/Taka Shamoto, Eimi Leggett, Castélie Yalombo Lilonge & Lisa Vereertbrugghen. Dramaturgie : Simon Baetens & Sophie Guisset. Musique : Lisa Vereertbrugghen & Michaela Riener. Lumières : Vera Martins ; Costumes : Cee Fülleman

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Dans le cadre du à Lille, la danse contemporaine nous fait voyager. crée La grotte, expérience chorégraphique et sensorielle immersive, nous emmenant à la découverte de la grotte des Combarelles, en Dordogne. nous embarque dans un voyage bouleversant en Palestine, tandis que conclut le festival avec une transe hypnotique.

. La Grotte

En entrant dans la salle de spectacle, dûment équipés d'un audio-guide, nous sommes prévenus : la visite guidée a été préenregistrée par Monique Veyret, spécialiste de cette grotte, mais le guide va rester avec nous, tout au long de la visite pour nous montrer les gravures. Il distille quelques mesures de sécurité et nous conseille notamment de faire très attention à nos têtes, nos épaules et nos pieds. Il ne faut, en aucun cas, toucher les gravures, car il s'agit d'un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Dernier avertissement du guide, alias : Nous allons voir des gravures réalistes et d'autres moins, de l'ordinaire et du pas ordinaire, parfois du maladroit, et tout cela dans un bazar incroyable.

Nous ne sommes pas dans la grotte des Combarelles, quelque part en Dordogne, mais c'est tout comme… La voix de Monique s'élève dans l'oreillette et signale une figure féminine à 70 mètres de l'entrée. Pol Pi mime chaque figure et tente de l'incarner, comme le bison, forme incrustée dans la paroi dont le guide décrit les lignes, à la manière d'une échographie, qui montre les pieds, la tête et les mains d'un fœtus. De sa tenue de spéléologue, il fait une jupe aux pans asymétriques. Les mots se mélangent, se répètent, s'entremêlent, formant comme une créature fantastique à plusieurs pattes. Le danseur est le cheval, la croupe relevée et les naseaux fumant, dans un moment très fort.

Cependant, Pol Pi ne suit pas le concept de la visite guidée jusqu'au bout, puisqu'il bifurque à un moment donné vers un solo plus introspectif, plus personnel et torturé, où il chantonne une berceuse brésilienne, revenant à l'état de bébé en position fœtale ou esquissant un récit érotique. Pol Pi devient alors le spéléologue et part à la recherche des hommes grottes, inventant ce rituel de fertilité. Allongé dans la grotte, éclairé par des lampes frontales, il est cet hermaphrodite en marbre blanc exposé dans la galerie des sculptures du Musée des beaux-arts de Lille, à la fois homme et femme, faisant l'amour avec la glaise, devenant un homme enceint, un homme avec des seins, un homme avec un vagin modelant matériellement sa transidentité devant son public. A la toute fin du spectacle, comme un retour au projet originel, l'argile devient un écran incurvé sur laquelle Pol Pi projette les gravures de la grotte de Combarelles, celles-ci faisant entièrement corps avec lui.

et . Losing it

Danseuse et chorégraphe basée à Haïfa mais familière des scènes européennes, a crée Losing it en 2021, dans le cadre du festival Theater Formen de Hanovre. Son premier spectacle en solo résonne aujourd'hui particulièrement et touche au cœur. Samaa Wakim accompagnée sur scène par la musicienne ausculte la condition palestinienne à travers les traces mémorielles laissées par les conflits. Au centre de la scène, un élastique tendu sépare l'espace en deux. Une ligne de crête sur laquelle la danseuse tente de garder l'équilibre pour ne pas sombrer dans le chaos qui l'entoure.

Seule, apeurée, la danseuse que l'on imagine enfant tente de se rassurer en chantonnant, en dansant au son d'une musique joyeuse, essaie de se cacher ou d'échapper au conflit que l'on devine grâce aux enregistrements de terrain réalisés en Palestine par . Accompagnés par la voix de Wakim, les sons qui ont suscité la peur et ceux qui ont apporté le réconfort sont tissés ensemble pour brouiller la ligne entre le réel et l'imaginaire, le passé et le présent.

La confusion règne et les tremblements qui secouent régulièrement la danseuse, parfois de manière à peine perceptible, sont là pour nous rappeler à quel point le mal est profond, ancré dans le corps, et pourrait bien lui faire perdre la tête (loosing it en anglais). Une expérience scénique intense, bouleversante et nécessaire pour ne jamais oublier que la guerre n'épargne personne et laisse toujours des traces.

. While we are here

Deux salles deux ambiances. À l'Aéronef pour conclure la soirée, explore le désir intemporel de danser fort, collectivement. Un thème qu'elle explore depuis 2014, entre performances et installations.

Dans While we are here, la chorégraphe d'abord seule en scène, est bientôt rejointe par quatre danseuses. Une par une, elles rejoignent la transe musicale, un bit ininterrompu et presque uniforme pendant 40 minutes. Les mouvements, assez minimalistes semblent improvisés mais, à y bien regarder transcrivent la personnalité de chaque danseuse par des traits particuliers : ici un bras ou une jambe qui se lève, là une posture particulière. Semblant danser chacune dans leur bulle, les interprètes se rejoignent régulièrement pour former des lignes droites ou des rondes, voir des ensembles.

Souhaitant célébrer la joie et la convivialité, Lisa Vereertbrugghen peine toutefois à embarquer les spectateurs – pourtant installés tout autour de la scène – dans son désir de partage.

Crédits photographiques : © Tomas Cali ; © Magdalena Bichler 

 

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Lille. Le Grand Sud. 26-VI-2024. Dans le cadre du festival Latitudes contemporaines. No Drama / Pol Pi : La grotte. Un projet de et avec Pol Pi. En collaboration avec : Tamar Shelef, regard extérieur, Gilles Amalvi, création sonore, avec la collaboration de Diane Blondeau, Rima ben Brahim, création lumières, La Bourette, création costumes. Image : Toma Call. Recherche plastique : Alice Zaton. Conseil en ingénierie sonore : Baptiste Chatel.

Lille. Maison Folie Wazemmes. 28-VI-2024. Dans le cadre du festival Latitudes contemporaines. Samaa Wakim et Samar Haddad King : Losing it. Mise en scène : Samaa Wakim & Samar Haddad King. Chorégraphie et performance : Samaa Wakim. Musique : Turathy – Autostrad. Interprétation musicale : Samar Haddad King. Conception lumière : Cord Haldun.

Lille. L’Aéronef. 28-VI-2024. Dans le cadre du festival Latitudes contemporaines. Lisa Vereertbrugghen : While we are here. Concept et chorégraphie : Lisa Vereertbrugghen. Performance et co-création : Claire Godsmark, Dolores Hulan/Taka Shamoto, Eimi Leggett, Castélie Yalombo Lilonge & Lisa Vereertbrugghen. Dramaturgie : Simon Baetens & Sophie Guisset. Musique : Lisa Vereertbrugghen & Michaela Riener. Lumières : Vera Martins ; Costumes : Cee Fülleman

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