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Eugène Onéguine au Capitole : la sensibilité musicale en plein cœur

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Toulouse. Théâtre du Capitole. 23-VI-2024. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine, scènes lyriques en trois actes sur un livret du compositeur et de Constantin Chilovski d’après Alexandre Pouchkine. Mise en scène : Florent Siaud. Décors : Romain Fabre. Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz. Lumières : Nicolas Descôteaux. Vidéo : Gaspard Philippe. Chorégraphie : Natalie van Parys. Avec : Stéphane Degout, Eugène Onéguine ; Valentina Fedeneva, Tatiana ; Eva Zaïcik, Olga ; Bror Magnus Tødenes, Vladimir Lenski ; Andreas Bauer Kanabas, Le Prince Grémine ; Juliette Mars, Madame Larina ; Sophie Pondjiclis, Filipievna ; Carl Ghazarossian, Monsieur Triquet ; Yuri Kissin, un capitaine / Zaretski. Danseurs : François Auger, Jorge Calderon Arias, Florine Conti-Maraval, Laurine Gayrard, Xavier Gabriel Gocel, Nino Lacoste, Grégoire Lugue-Thebaud, Elodie Ménadier, Frida Alejandra Ocampo Cano, Léa Perat. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Orchestre national du Capitole, direction : Patrick Lange

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La qualité des spectacles lyriques toulousains est d'une constance appréciable à l'image de cette fine et sensible nouvelle production d'Eugène Onéguine qui clôture cette saison.

Le Théâtre du Capitole aurait dû créer l'évènement avec la prise de rôle de en Onéguine. Mais la crise sanitaire en a voulu autrement, et c'est à La Monnaie de Bruxelles que finalement le chanteur a débuté sous les traits du héros de Tchaïkovski. Péripétie supplémentaire pour cette production, le chef Gábor Káli s'étant désisté après la pré-générale, c'est l'Allemand qui fait sa première à Toulouse.

Dans cette nouvelle production signée , le décor de Romain Fabre est à deux niveaux : l'un représente la bibliothèque de la famille Larine puis les intérieurs cossus du prince Grémine, l'autre matérialise une forêt sombre dans un froid hivernal. Cette construction permet à de nombreuses scènes de s'exposer selon une double perspective, ou une double lecture comme la balle reçue par Lenski alors que Tatiana gît au pied des arbres, bien au-delà de l'exploitation intérieur-extérieur qui fluidifie les allers et venues des personnages. Même si les silhouettes en mouvement d'une dizaine de danseurs rehaussent souvent la scénographie, la gestion de la masse n'est pas toujours heureuse, un surplus de présence active ponctuant parfois la mise en scène.

La soprano est celle qui pâtit le plus d'une direction d'acteurs plus faible que les autres composantes de cette production : Tatiana affirme dès le premier acte un port de tête assuré et une distance froide propre à la princesse qu'elle deviendra, mais incohérente avec l'enfant timide qu'elle est à ce stade, et qui se différencie finalement peu de sa sœur Olga, aussi introvertie qu'elle face à de joyeux paysans. En Olga, mène pourtant bien sa barque, totalement à l'aise sur l'ensemble de la tessiture de son rôle, la mezzo-soprano se démarquant par une fraicheur réjouissante et une sensibilité manifeste.

impose un personnage vibrant face aux avances d'une jeune Tatiana amoureuse, alors que le héros pouchkinien est au départ indifférent à ces émois de jeune fille. Mais la maîtrise de jeu du baryton est solide pour traduire la complexité d'un personnage hautain, fourbe, mais finalement blessé, genoux à terre. Face à lui, la sincérité de sous les traits de Vladimir Lenski est enthousiasmante. Le ténor fait montre d'une ligne de chant fluide et des notes tenues maitrisées, la projection de sa voix appuie une interprétation franche et convaincante.

À la fin de la représentation, il est amusant de constater que les rôles s'inversent : troisième figure d'amour en la personne du prince Grémine, c'est pourtant bien la basse qui a les faveurs les plus enthousiastes du public. Il est vrai que c'est un air d'anthologie que nous délivre le chanteur, campé par une solidité vocale sans pareille et des graves caverneux impressionnants, exprimant les effusions d'un homme revivifié par l'amour, qui retrouve ses atouts de séducteur quelque peu oubliés. Son air bénéfice également d'une mise en scène judicieuse, les principaux protagonistes de l'heureuse jeunesse de sa femme réapparaissant lors du bal organisé dans l'un des salons du palais pétersbourgeois, afin de confronter Tatiana à son amour passé également présent à cette réception mondaine.

Dans la fosse, on admire la cohésion entre l'Orchestre national du Capitole et son chef du soir, , qui traduit toute l'ambigüité de la musique et de ses intentions, avec évidence et fluidité et dans un raffinement sensible et une finesse parfaitement juste. Le Chœur du Capitole s'inscrit dans la même dynamique, solide à chacune de ses interventions.

Crédits photographiques : © Mirco Magliocca

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Toulouse. Théâtre du Capitole. 23-VI-2024. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine, scènes lyriques en trois actes sur un livret du compositeur et de Constantin Chilovski d’après Alexandre Pouchkine. Mise en scène : Florent Siaud. Décors : Romain Fabre. Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz. Lumières : Nicolas Descôteaux. Vidéo : Gaspard Philippe. Chorégraphie : Natalie van Parys. Avec : Stéphane Degout, Eugène Onéguine ; Valentina Fedeneva, Tatiana ; Eva Zaïcik, Olga ; Bror Magnus Tødenes, Vladimir Lenski ; Andreas Bauer Kanabas, Le Prince Grémine ; Juliette Mars, Madame Larina ; Sophie Pondjiclis, Filipievna ; Carl Ghazarossian, Monsieur Triquet ; Yuri Kissin, un capitaine / Zaretski. Danseurs : François Auger, Jorge Calderon Arias, Florine Conti-Maraval, Laurine Gayrard, Xavier Gabriel Gocel, Nino Lacoste, Grégoire Lugue-Thebaud, Elodie Ménadier, Frida Alejandra Ocampo Cano, Léa Perat. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Orchestre national du Capitole, direction : Patrick Lange

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