La Scène, Spectacles divers

À La Villette,  Bartabas rentre dans le Cadre

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Paris. Grande Halle de La Villette. 19-VI-2024. Mise en scène et chorégraphie : Bartabas, avec les écuyères et les chevaux de l’Académie Équestre de Versailles et le Cadre Noir de Saumur. Tableaux chorégraphiés sur des musiques d’Arandel, récréations autour de l’œuvre de Johann Sebastian Bach

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Pour ses Ecuyères de l'Académie Équestre de Versailles, a tenté une improbable rencontre avec le plus formel Cadre noir de Saumur. Des « Noces de crins » insolites mais passionnantes.

Et si l'art équestre était sexué ? Et s'il y avait une manière masculine et féminine  de monter, dresser et danser avec un cheval ? C'est ce qu'il ressort de ces « Noces de crins », titre de spectacle bien nommé pour dessiner la rencontre totalement improbable de la « bande à » et du Cadre noir de Saumur. À main gauche, des amazones épurées, cheveux au vent, tenue discrète, folle allure sur leurs chevaux de gabarit modeste, à la robe gris-blanc ou beige, sobrement préparés, mais qui logent quand même dans les grandes Ecuries du Chateau de Versailles depuis vingt ans. À main droite, des cavaliers militaires (quasi tous masculins), uniforme noir à boutons dorés, pantalon noir d'apparat, bicorne ou képi noir montés sur de grands chevaux à la robe brillante et au tapis très chic. Ils portent beau, le dos bien droit, impassibles. Ils sont militaires. En face d'eux, ils ont des artistes. Cette rencontre dont on voit bien que c'est un choc des cultures, s'avère passionnante.

Nul besoin d'être cavalier  ou écuyer pour comprendre qu'entre les deux,  les objectifs diffèrent. Chez , on « poétise ». À Saumur, on en impose. Ce sont les cavaliers du Cadre qui dressent fièrement leurs chevaux sur deux pattes ou les font ruer en arrière. Ce sont les Versaillaises qui dansent au galop, rennes lâchés et bras qui tournent, dans un « laisser-aller » sous contrôle. Mais lorsqu'ils marchent tous à côté de leur cheval, ou qu'ils évoluent en carrousel, se tournant autour, robe blanche contre robe noire, passant aussi en diagonale (dans un très beau tableau) ou s'alignant dans des constructions géométriques aussi rigoureuses qu'ennuyeuses parfois, on comprend que les fondamentaux sont les mêmes. Il y a toujours ce lien indéfectible et subtil entre le cheval et son cavalier, ce goût du beau, ce dressage aux codes identiques, ces marches sobres ou dansantes, le genou bien monté grâce à de petits sauts, ou bien ces marches sur le côté, les avant-bras passant l'un devant l'autre en latéral… Sans oublier ces galops majestueux tout autour de la carrière éphémère de la Grande Halle de La Villette… Ou bien encore, ces ballets d'escrimeuses, de derviches tourneuses et ces courses libres des chevaux versaillais, tableaux déjà vus dans le spectacle de l'Académie de Versailles donné la semaine précédente, et d'une très grande austérité.

On ne sait pas si le mariage entre Versailles et Saumur fut de raison ou de passion. On y a vu, en tout cas, deux manières très différentes de pratiquer un même art, comme deux compagnies de danse n'ayant pas le même chorégraphe. Qu'importe, la rencontre en valait la peine, malgré son côté très formel et malgré l'épouvantable musique de Bach réécrite en mode électro et devenue ici de la musique d'ascenseur. On ne sait si les chevaux ont goûté à la rencontre. Peut-être ont-il juste apprécié de croiser de nouveaux amis à quatre pattes, chevaux de bataille alter ego de deux très hautes écoles.

Crédits photographiques: : © Benoit Lemaire, La Chauvet, et Alain Lauriouxbien

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Paris. Grande Halle de La Villette. 19-VI-2024. Mise en scène et chorégraphie : Bartabas, avec les écuyères et les chevaux de l’Académie Équestre de Versailles et le Cadre Noir de Saumur. Tableaux chorégraphiés sur des musiques d’Arandel, récréations autour de l’œuvre de Johann Sebastian Bach

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