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La finale du Prix de Lausanne 2018

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Lausanne. Théâtre de Beaulieu. Du 29 janvier au 3 février 2018. Variations classiques et variations contemporaines de Louise Deleur, Richard Wherlock, Jorma Elo, Mauro Bigonzetti et Wayne McGregor. Avec les candidats sélectionnés au Prix de Lausanne

Cette finale du 46e , largement dominée par le prodige canadien , n'a pas laissé beaucoup de surprises sur le verdict final. La carrière de a été récompensée par le Life Time Achievement Award et, pour la première fois, un projet chorégraphique a été mené avec cinquante élèves issus d'écoles partenaires.

Pour cette 46e édition, soixante-quatorze danseurs issus de seize nationalités différentes ont été sélectionnés parmi trois cent quatre-vingts candidats pour participer aux quatre jours de cours et répétitions. À l'issue de cette semaine, vingt-et-un finalistes ont été retenus par le jury, présidé par Ted Brandsen, directeur artistique du Het National Ballet.

Deux nouveautés sont à mentionner pour cette édition 2018. L'âge des candidats a été abaissé à 14 ans et demi pour permettre à de jeunes talents de postuler dans de grandes écoles. Et un Choreographic Project a été instauré. Le projet donne l'opportunité à cinquante élèves issus des écoles partenaires du Prix de participer à une création, présentée le jour de la finale. Goyo Montero, directeur et chorégraphe principal du Nuremberg Ballet, a été chargé de la création.

Les vingt-et-un finalistes présentent deux variations, l'une classique et l'autre contemporaine, comptant chacune pour 50 pour cent de la note finale. Il est à noter qu'aucun candidat français ne fait partie des finalistes. Il faut dire que cette année la France a été particulièrement peu représentée, puisque seulement deux candidats ont été sélectionnés et un seul, Théodore Poubeau, du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, a participé à la compétition.

Pour les variations classiques, les choix des candidats et candidates se sont essentiellement portés sur Paquita, Don Quichotte, Le Lac des cygnes, La Bayadère et Raymonda. Chez les filles, le niveau était assez homogène, avec une technique soignée et de jolies lignes. Mais on constate, dans l'ensemble, une interprétation trop fade qui crée une impression d'uniformité. Seules quelques candidates parviennent à se démarquer. Notamment la Sud-Coréenne Hanna Park, à la technique subtile et mature malgré son jeune âge (15 ans), Minji Nam, Sud-Coréenne formée à l'Académie Princesse Grace, qui a dansé la variation de l'Acte II de Paquita avec une grande musicalité et de superbes équilibres, et Carolyne Galvao, Brésilienne pleine de piquant et qui montre une belle présence scénique. Chez les garçons, le Basilio de emporte l'adhésion immédiate et surpasse de loin tous les autres candidats. Son brio technique est saisissant, ses pirouettes dépassent les cinq tours et les réceptions sont maîtrisées, ses sauts sont amples et à l'écart. Surtout, le Canadien sait ajouter cette dose de fougue que l'on attend du personnage. Magistral, il a déjà toutes les qualités d'un grand soliste.
On peut souligner également la belle prestation d'Ervin Zagidullin, danseur russe de l'Académie de ballet Vaganova, et Miguel Angel Aranda Maidana, danseur paraguayen au physique robuste mais qui possède une belle énergie.

Pour le contemporain, les candidats avaient le choix parmi des variations de Jorma Elo, , , Louise Deleur ou . Chez les garçons, beaucoup ont choisi Out of Breath, variation de Louise Deleur, qui était certainement la plus intéressante techniquement et artistiquement. Les variations de McGregor – Chroma et Becomings -, également choisies par de nombreux candidats, passent mal en concours. Les candidats, dont certains sont âgés de seulement 15 ou 16 ans, sont encore trop jeunes pour donner vie à ces variations qui manquent de relief et que l'on regarde s'enchaîner avec un certain ennui. Difficile de se démarquer pour la plupart mais encore une fois, sort du lot. Interprétant Chroma, il est le seul à donner véritablement un sens à chaque geste et à proposer une interprétation personnelle qui retient l'attention du spectateur.


La proclamation des résultats ne laissait donc pas vraiment planer de doute sur la victoire de Shale Wagman. Le danseur a en effet remporté la première bourse, offerte par l'Oak Foundation, ainsi que le Prix de la Fondation Noureev. Les sept autres bourses décernées sont dans l'ensemble cohérentes avec les prestations des candidats (deuxième prix attribué à Hanna Park), à l'exception notable de l'absence de Minji Nam de l'Académie Princesse Grace et d'Ervin Zagidullin de l'Académie Vaganova dans le palmarès.

L'intermède a permis la présentation du projet chorégraphique de Goyo Montero, dont le résultat est toutefois un peu décevant. En guest stars, cette année, et Kristina Shapran, premiers solistes au Mariinsky, interprètent avec raffinement « Diamants », variation extraite de Joyaux de .

Enfin, pour la deuxième année consécutive, la carrière d'un chorégraphe est récompensée par le Life Time Achievement Award. Après , se voit décerner ce prix, qui récompense la longue carrière de chorégraphe international qu'on lui connaît. L'histoire personnelle de est profondément marquée par le qu'il a remporté en 1977. Il a ensuite été membre et président du jury à de nombreuses reprises et c'est à cette occasion qu'il a rencontré , alors candidate belge au Prix, qu'elle a d'ailleurs remporté. Une histoire qui les a amenés à se retrouver à Monaco où est devenue la muse de Jean-Christophe Maillot durant toute sa carrière.

Quelles sont les perspectives pour le 2019 ? Un changement de direction est prévu puisque , directrice artistique, ne souhaite pas renouveler son contrat et retourne aux États-Unis. Elle sera remplacée par , qui a été soliste au et membre du jury de présélection du Prix de Lausanne depuis dix ans. Celle-ci souhaite poursuivre l'expérience du projet chorégraphique avec des chorégraphes invités différents chaque année. Les dates du Prix 2019 sont légèrement décalées et la 47e édition aura lieu du 3 au 10 février 2019. À vos chaussons !

Crédits photographiques : Shale Wagman ; Hanna Park © Gregory Batardon

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