Un article du quotidien Le Monde, nous apprend que la mairie de Paris envisage de «réformer les conservatoires municipaux ». L’idée émane du tandem Anne Hidalgo-Bruno Julliard, le même duo infernal qui cherche par tous les moyens à réduire sa participation financière au projet de la Philharmonie de Paris. Citée dans cet article, cette phrase lapidaire de Bruno Julliard nous interpelle « il n’est pas possible que la Ville de Paris investisse autant d’argent dans ses conservatoires et qu’ils ne bénéficient qu’aux familles aisées ». Le bilan est-il si négatif ? Non ! Les Conservatoires municipaux sont archipleins et refusent annuellement des dizaines d’inscriptions. Mais « cette composition n’est pas à l’image de la société parisienne, considère Bruno Julliard, il n’est pas suffisant que ces établissements soient pleins. Ils doivent aussi participer à la volonté municipale de démocratiser l’accès à la culture et de lutter contre les inégalités. » On retrouve ici l’éternel argument de l’élitisme social de la musique classique…usé jusqu’à la corde mais répété à l’infini. D’autant plus que seulement 1% des étudiants passés par les conservatoires passent professionnels. Il semble facile de déduire que pour les 99% d’entre eux, la pratique musicale est un échec. Serait-il venu à l’esprit de Bruno Julliard d’exporter ces chiffres au monde sportif ? Evidemment non ! Pourquoi ? Car le sport peut s’appuyer sur des clubs qui permettent, tout au long de sa vie, de poursuivre une pratique amateur ou de détente, à travers des réseaux très structurés. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, il existe des orchestres, des fanfares, des chœurs amateurs (souvent de très haut niveau) qui permettent de poursuivre une pratique musicale non professionnelle. Les orchestres symphoniques (et non des moindres) proposent même des semaines spécifiques de travail aux côtés d’amateurs ! Il est vrai qu’à l’inverse de ces pays, la musique en France n’est pas un ciment de l’identité et de la culture de la Nation. On ajoutera par ailleurs que cela fait des lustres que les programmes officiels de l’Education Nationale ne remplissent plus leur rôle dans l’éveil à la culture. Dès lors, difficile, sans un plan d’envergure et une prise de conscience collective de corriger le tir sans se limiter à une nouvelle et misérable attaque démagogique contre un secteur déjà très fragilisé.
Une autre triste nouvelle de ce mois est l’annonce de la restructuration qui touche l’une des deux principales agences artistiques françaises : l’agence Valmalète. En termes de structure à notoriété internationale, il ne reste plus en France que l’Agence Jacques Thélen suivie par une dizaine de petites structures volontaires mais difficilement audibles dans un business écrasé par les mastodontes anglo-saxons (dont certains exécutent sans le moindre cas de conscience déontologique des missions de consulting pour des institutions musicales). Les difficultés que traversent le milieu des agents artistiques est inquiétant car sans relais auprès des managers d’orchestres ou de festivals (aux profils désormais plus administratifs que foncièrement artistiques), c’est toute la scène musicale française qui va souffrir. Qui va défendre les artistes hexagonaux (issus des 1% sortis des Conservatoires pour se professionnaliser) face aux catalogues mondialisés, livrés clefs sur porte aux managers pressés des majors du secteur ? Certes, des artistes francophones réputés sont représentés par des agences londoniennes, mais beaucoup d’autres musiciens et musiciennes, et non des moindres, collaborent avec des structures françaises. Et beaucoup s’inquiètent.