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Brûlon. Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul. 28-VIII-2009. Johann Rosenmüller (1619–1684) : Sonata Decima à 5 ; Sonata Settima à 4 ; Sonatta Ottava à 4 ; Cœlestes Spiritus ; Nisi Dominus ; Misericordias Domini. Raquel Andueza, soprano ; Gli Incogniti : Alba Roca, violon ; Marta Páramo, Yoko Kawakubo, alto ; Anna Fontana, clavecin ; Francesco Romano, théorbe ; Baldomero Barciela, viole de Gambe. Direction et violon : Amandine Beyer.

Festival de Sablé-sur-Sarthe 2009

Le festival de Sablé aime à suivre certains jeunes artistes ou ensembles en leur offrant non seulement de revenir régulièrement sur le festival, mais la possibilité d'enregistrer en partenariat avec le label Zig Zag Territoires des programmes originaux ou une interprétation totalement renouvelée d'œuvres archi-connues. C'est le cas d' et de son ensemble Gli Incognitti, qui après avoir donné l'année dernière une interprétation des Quatre Saisons incandescentes enregistrées sur CD, viennent de sortir des pièces brèves mais fulgurantes, sous le titre False consonances of Melancholy, de Matteis. C'est avec un nouveau programme de sonates et de motets de Rossenmüller, en compagnie d'une jeune et magnifique soprano espagnole que , s'est présenté au public du Festival de Sablé 2009.

Johann Rosenmüller originaire de Leipzig, dut quitter l'Allemagne précipitamment alors que sa jeune carrière s'annonçait prometteuse. Emprisonné pour homosexualité, il disparut quelques années avant de réapparaître en Italie pour finir sa vie dans son pays d'origine. Si les œuvres de sa première vie sont sous influence allemande, celle qu'il composa en Italie s'enrichissent de la palette de la musique italienne, et tout particulièrement de l'opéra naissant.

Le programme parfaitement équilibré de ce concert, intitulé les Deux vies de Rosenmüller, nous a présenté trois sonates et des motets, dont tout indique et en particulier le style, qu'ils furent composés durant cette période italienne. Dans les sonates, et ses compagnons rayonnent, faisant de la virtuosité non pas un acte de maîtrise technique, mais un partage du plaisir musical. L'archet implore, supplie, prie, s'élève, danse et chaque instrumentiste peut faire entendre cette joie extatique qui se libère dans l'interprétation de ses œuvres où à chaque instant de virtuosité répond la douleur bienheureuse de la fugacité.

Dans les motets, la surprise vient la jeune soprano . Les musiciens eux-mêmes semblent subjugués et les échanges de sourires éblouis en disent long sur cette joie flamboyante que fait naître cette voix si charnelle, si sensuelle, aux aigus si rayonnants. interprète, joue comme si sa vie en dépendait chacun de ces motets. Elle donne sens au texte, soulignent les mots et les articulations des poèmes. Son phrasé, sa diction sont d'une éloquence divine et pourtant si humaine dans leur supplique. Son timbre est idéal pour donner à l'extase les harmonies somptueuses du baroque. Elle offre à ces motets les couleurs et les nuances d'un tableau de Véronèse, les ombres d'un Caravage, le mouvement d'un Bernin, le parfum de l'encens et des roses. et font de la basse continue une offrande et un véritable partage d'émotions et de virtuosité. Aux vocalises et trilles de la chanteuse répondent les phrasés virevoltants ou implorants des violons et altos, la voix presque humaine de la viole de gambe, les sombres accords du théorbe, les ombres de l'âme et le son flûté de l'orgue positif. Tout cela est évocateur d'un monde bienheureux que personne ne voudrait jamais quitter.

Que dire de plus d'un tel concert, d'un tel programme ? La joie d'annoncer qu'il sera retransmis par France Musique le 25 septembre à 16 heures, puis qu'il sortira au disque. Ne le manquez pas, car Amandine Beyer, les musiciens de et sont des interprètes qui sauront vous toucher au cœur. Redécouvrir ce répertoire oublié à leur côté vous conduira à vous abandonner, tout comme le public du festival, sur le chemin des larmes de l'extase. Roses parmi les Roses Amandine et Raquel nous ont offert un moment inoubliable de bonheur.

Crédit photographique : Raquel Andueza © DR

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Brûlon. Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul. 28-VIII-2009. Johann Rosenmüller (1619–1684) : Sonata Decima à 5 ; Sonata Settima à 4 ; Sonatta Ottava à 4 ; Cœlestes Spiritus ; Nisi Dominus ; Misericordias Domini. Raquel Andueza, soprano ; Gli Incogniti : Alba Roca, violon ; Marta Páramo, Yoko Kawakubo, alto ; Anna Fontana, clavecin ; Francesco Romano, théorbe ; Baldomero Barciela, viole de Gambe. Direction et violon : Amandine Beyer.

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